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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 3,1.1900/​1901

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No. 30 (Mars 1901)
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Jacques, G. M.: Tapis
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https://doi.org/10.11588/diglit.34205#0272

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L'ART DECORATIF

patrimoine les découvertes d'ailleurs: mais voyez
comme, dans certains de ces motifs, le paraphe
grimaçant que vous savez s'est changé en de
caressantes arabesques!
Je ne crois cependant pas que le motif uni-
taire, s'enlevant sur un grand nu, comme on le
voit dans cinq de ces compositions, soit la com-
binaison décorative la plus convenable pour le
cas du tapis. Pour les grandes carpettes, elle
serait abominable. Pour de petites pièces comme
celles - ci, qui ne forment sur le sol de la chambre
qu'un accident local, elle se comprend; néan-

moins, je préfère le sixième tapis (églantines),
où le dessin, s'éparpillant en petites masses sur
toute la surface, ne lancine pas l'œil et ne pré-
tend point s'imposer, quoique possédant son
existence propre.
Cette juste appréciation des droits du dessin
dans le tapis se retrouve dans celui deM. Lem-
men. La combinaison graphique est on ne peut
plus différente de celle du tapis d'Aubert cité
en dernier lieu, mais le mode d'action sur l'œil
est voisin. Dans cette école, par trop exclusive,
d'artistes qui veulent proscrire la flore de la


PROF. O. ECKMANN FABRIQUÉ PAR L'UNION DES FABRIQUES DE TAPIS DE SMYRNE (BERLIN)

décoration, M. Lemmen apporte des qualités de
jugement qui manquent à la plupart de ses cor-
religionnaires; en outre, ses habitudes gra-
phiques, qui procèdent plutôt par arrangements
de masses que par enchevêtrements de lignes,
se prêtent mieux au but décoratif dans la plu-
part des cas, et n'engendrent pas rapidement la
lassitude comme ces derniers.
Un grand tapis de M. Mucha, supé-
rieurement exécuté par M Ginzkey, le grand
fabricant de Bohême, est bien l'affaire la plus
étrangement compliquée qui se puisse voir.
De quel monde cette composition astronomico-
florale prétend-elle réjouir les habitants? Evi-

demment M. Mucha, poète anacréontique exquis
et dramaturge attachant, est l'homme le moins
fait qui soit pour l'art usuel. Vouloir transporter
dans la vie réelle de notre temps les accessoires
de théâtre dont sont peuplées ses délicieuses
estampes, c'est prétendre ressusciter Byzance
dans Paris. Aussi n'y aurait-il pas à s'arrêter
au tapis de M. Mucha, si ce n'était pour constater
comme est grande l'erreur — encouragée par
beaucoup d'hommes qui savent pourtant penser
— qui pousse une foule de peintres et de
sculpteurs à se faire artisans. Rien n'est plus
différent que les aptitudes réclamées par les
beaux-arts d'une part, la façon des objets de

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