L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (3,1.1900/1901)

MARS 1901

regarder attentivement les diverses œuvres
créées à travers ies âges, en Orient comme en
Occident, pour se convaincre qu'aucun déco-
rateur ne doit tendre à donner l'illusion parfaite
des réalités sensibles. Jamais un trompe-l'œil
n'a constitué un décor ; les tableaux de fleurs,
pour ne citer que ceux-là, le démontrent chaque
année, avec une abondance d'arguments plutôt
fatigante, dans nos multiples expositions. Jamais
une végétation trop habilement imitée n'a

dégagé quelque charme. Ils gaspillent leurs
dons, ces décorateurs qui se veulent les émules
de Saint-Jean, de Berjon et de Rivoire. Sur les
meilleures de leurs reproductions littérales, de
leurs
H Le Printemps adorable a perdu son odeur ! a
L'une des lois fondamentales des arts déco-
ratifs, c'est l'obligation d'interpréter les éléments
dont on se sert. Nul ne le conteste, d'ailleurs,
en principe; mais, quand il s'agit de passer à


DAUM FRÈRES

VASES EN CRISTAL

l'application, chacun procède à sa manière.
Interpréter, cela peut se comprendre de façons
très différentes. Et, tandis que certains croient
remplir une mission en réduisant tout en lignes
inexpressives, en sinuosités inexplicables,
d'autres considèrent leur rôle accompli lorsqu'ils
ont évité des traductions par trop photogra-
phiques.
La bonne interprétation est à égale distance
de ces deux extrêmes. Des lignes géométriques

et des éléments naturels, il ne faut user qu'avec
tact.
La flore, par exemple, la flore, si merveil-
leusement riche en formes délectables, est une
source d'inspirations, non pas un répertoire de
modèles à reproduire tels quels. Délicieuses
dans le plein air, des plantes, des branches
étoilées de pétales deviennent fastidieuses dès
que portraiturées méticuleusement sur quelque
objet. Il conviendrait de ne pas l'oublier. On

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