DOI Heft:
No. 30 (Mars 1901)
DOI Artikel:Germain, Alphonse: Quelques verriers
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.34205#0282
L'ART DECORATIF
LOUIS C. TIFFANY
derne le classique bocal de cornichons ou le
romantique oignon à cylindre dans lequel Jenny
l'ouvrière faisait mariner les tiges de ses giro-
flées. Avec quelques méandres ivres ou des
coulées amorphes jetés d'une main hardie, les
truqueurs feront longtemps encore prendre au
bon public des produits de bazar pour des spé-
cimens de style nouveau.
D'autres décorateurs disproportionnent de
parti-pris, soit pour allécher les snobs, soit pour
donner l'illusion de l'originalité. Il semble même
que ces derniers soient en majorité, ce que
nous regrettons fort, car la plupart pourraient
faire mieux, ils le prouvent par la manière dont
ils disposent leurs décors.
D'autres enfin, et non des moindres, par-
faitement en puissance de belles créations, se
laissent absorber par la technique de leur genre
et réservent leurs soins les plus diligents à
l'impeccable préparation des matières, à la re-
cherche des effets imprévus.
M. Ledru et M. Louis C. Tiffany nous pa-
raissent être de ces derniers. Certes, ils sont
loin de se désintéresser du dessin des galbes,
mais on ne voit pas qu'ils lui accordent la pré-
pondérance.
D'un travail fort curieux^ les cristaux exé-
cutés au Val Saint-Lambert, en Belgique, mé-
ritent tout l'intérêt. Quelques-uns des souples
linéaments qui les sillonnent font songer aux
ornementations découvertes à Tirynthe et à
Ialysos sur des parois et des vases. Et cela
n'est point banal de constater que les artistes
les plus épris de nouveau de notre XXe siècle
retrouvent dans leur esprit des thèmes sur les-
quels brodaient déjà, quelque douze cents ans
avant l'ère actuelle, leurs préhistoriques con-
frères, les Achéens « à la tête chevelue )). Voilà
pour nous rappeler à propos que le vrai neuf
est chose infiniment rare et que toute œuvre a
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LOUIS C. TIFFANY
LOUIS C. TIFFANY
derne le classique bocal de cornichons ou le
romantique oignon à cylindre dans lequel Jenny
l'ouvrière faisait mariner les tiges de ses giro-
flées. Avec quelques méandres ivres ou des
coulées amorphes jetés d'une main hardie, les
truqueurs feront longtemps encore prendre au
bon public des produits de bazar pour des spé-
cimens de style nouveau.
D'autres décorateurs disproportionnent de
parti-pris, soit pour allécher les snobs, soit pour
donner l'illusion de l'originalité. Il semble même
que ces derniers soient en majorité, ce que
nous regrettons fort, car la plupart pourraient
faire mieux, ils le prouvent par la manière dont
ils disposent leurs décors.
D'autres enfin, et non des moindres, par-
faitement en puissance de belles créations, se
laissent absorber par la technique de leur genre
et réservent leurs soins les plus diligents à
l'impeccable préparation des matières, à la re-
cherche des effets imprévus.
M. Ledru et M. Louis C. Tiffany nous pa-
raissent être de ces derniers. Certes, ils sont
loin de se désintéresser du dessin des galbes,
mais on ne voit pas qu'ils lui accordent la pré-
pondérance.
D'un travail fort curieux^ les cristaux exé-
cutés au Val Saint-Lambert, en Belgique, mé-
ritent tout l'intérêt. Quelques-uns des souples
linéaments qui les sillonnent font songer aux
ornementations découvertes à Tirynthe et à
Ialysos sur des parois et des vases. Et cela
n'est point banal de constater que les artistes
les plus épris de nouveau de notre XXe siècle
retrouvent dans leur esprit des thèmes sur les-
quels brodaient déjà, quelque douze cents ans
avant l'ère actuelle, leurs préhistoriques con-
frères, les Achéens « à la tête chevelue )). Voilà
pour nous rappeler à propos que le vrai neuf
est chose infiniment rare et que toute œuvre a
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LOUIS C. TIFFANY