DOI Heft:
No. 30 (Mars 1901)
DOI Artikel:Saunier, Charles: La reliure moderne
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.34205#0294
L'ART DECORATIF
symphonie d'art voulue par le relieur. Brefj
toute une série de problèmes que seul peut ré-
soudre un maître tel que M. Marius Michel, dont
la culture littéraire et artistique n'a d'égale que
le mérite technique. Par exemple, la reliure des
d'Alfred de Musset d'une dominante violet
foncé est motivée par des chèvrefeuilles; les
gardes sont faites de soie mauve; les
de Balzac sont symbolisés par le houx, comme
la CA d'André Theuriet, par la pomme
de terre en fleur; enfin, c'est la fleur du chardon
qui motive la reliure de François Villon que
nous reproduisons. On remarquera que ce
dernier travail, où le cuir ciselé et repoussé a
un rôle prépondérant, est comme encastré dans
un cadre en relief qui a mission de garantir les
saillies de la décoration des heurts auxquels est
exposée la reliure même la plus choyée.
M. Marius Michel, répétons-le, nous semble
résumer, grâce à un savoir, un goût et un métier
impeccables, toutes les qualités exigées chez
un maître relieur. Ce praticien exceptionnel a
pourtant des concurrents sérieux. Parallèlement,
M. Meunier a produit de nombreuses œuvres
où le sujet surgit précis, vigoureux et riche du
J. COBDEN SANDERSON
J. COBDEN SANDERSON
cuir incisé ou mosaïqué. Et pour maint amateur
ces qualités passent avant toute autre considéra-
tion. Il y a encore M. Petrus Ruban, un ouvrier
qui doit tout à lui-même et dont l'œuvre déjà
considérable se compose de reliures modernistes
d'une fraîcheur d'inspiration souvent exquise.
Cet artiste, comme M. Canapé avec lequel il a
quelque rapport, et qui lui aussi a de remar-
quables travaux à son actifj emploie le maroquin
incisé, repoussé et enjolivé de quelques légères
pièces rapportées. Son goût bien français lui
permet de distribuer avec un tact parfait, sur
les plats et le dos de ses volumes, un décor
floral du plus agréable effet. Les quatre bou-
quets de pâquerettes qui décorent le plat du
FbV&A/A? de Jean Lorrain, comme le
lys qui s'élance blafard sous le ciel lunaire, sur
la reliure des sont des trou-
vailles expressément décoratives. Parfois aussi
M. Ruban sait moderniser le classique. Par
exemple, le semis de roses répété dans des lo-
sanges, qui décore une reliure pour NyAA, de
Gérard de Nerval, ne serait pas désavoué par
un ouvrier de la Renaissance. Ça a été, du
reste, l'avis de l'Union Centrale des Arts Déco-
ratifs qui s'est empressée d'acquérir ce beau
spécimen de reliure d'art.
Aux gens de métier se joignirent très vite
des artistes séduits par les ressources offertes
par cette belle matière qu'est le cuir. Mais
258
symphonie d'art voulue par le relieur. Brefj
toute une série de problèmes que seul peut ré-
soudre un maître tel que M. Marius Michel, dont
la culture littéraire et artistique n'a d'égale que
le mérite technique. Par exemple, la reliure des
d'Alfred de Musset d'une dominante violet
foncé est motivée par des chèvrefeuilles; les
gardes sont faites de soie mauve; les
de Balzac sont symbolisés par le houx, comme
la CA d'André Theuriet, par la pomme
de terre en fleur; enfin, c'est la fleur du chardon
qui motive la reliure de François Villon que
nous reproduisons. On remarquera que ce
dernier travail, où le cuir ciselé et repoussé a
un rôle prépondérant, est comme encastré dans
un cadre en relief qui a mission de garantir les
saillies de la décoration des heurts auxquels est
exposée la reliure même la plus choyée.
M. Marius Michel, répétons-le, nous semble
résumer, grâce à un savoir, un goût et un métier
impeccables, toutes les qualités exigées chez
un maître relieur. Ce praticien exceptionnel a
pourtant des concurrents sérieux. Parallèlement,
M. Meunier a produit de nombreuses œuvres
où le sujet surgit précis, vigoureux et riche du
J. COBDEN SANDERSON
J. COBDEN SANDERSON
cuir incisé ou mosaïqué. Et pour maint amateur
ces qualités passent avant toute autre considéra-
tion. Il y a encore M. Petrus Ruban, un ouvrier
qui doit tout à lui-même et dont l'œuvre déjà
considérable se compose de reliures modernistes
d'une fraîcheur d'inspiration souvent exquise.
Cet artiste, comme M. Canapé avec lequel il a
quelque rapport, et qui lui aussi a de remar-
quables travaux à son actifj emploie le maroquin
incisé, repoussé et enjolivé de quelques légères
pièces rapportées. Son goût bien français lui
permet de distribuer avec un tact parfait, sur
les plats et le dos de ses volumes, un décor
floral du plus agréable effet. Les quatre bou-
quets de pâquerettes qui décorent le plat du
FbV&A/A? de Jean Lorrain, comme le
lys qui s'élance blafard sous le ciel lunaire, sur
la reliure des sont des trou-
vailles expressément décoratives. Parfois aussi
M. Ruban sait moderniser le classique. Par
exemple, le semis de roses répété dans des lo-
sanges, qui décore une reliure pour NyAA, de
Gérard de Nerval, ne serait pas désavoué par
un ouvrier de la Renaissance. Ça a été, du
reste, l'avis de l'Union Centrale des Arts Déco-
ratifs qui s'est empressée d'acquérir ce beau
spécimen de reliure d'art.
Aux gens de métier se joignirent très vite
des artistes séduits par les ressources offertes
par cette belle matière qu'est le cuir. Mais
258