DOI Heft:
No. 30 (Mars 1901)
DOI Artikel:Saunier, Charles: La reliure moderne
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.34205#0296
L'ART DECORATIF
G. AURIOL CARTONNAGE POUR L'IMAGE «
(H. FLOURY, ËD.) o n n n rs n n
l'Angleterre qui offre, dans la reliure d'art, un
mouvement dont l'importance égaie celui d'ici.
L'esthétique, certes, n'est plus la même. Le tra-
ditionnisme préraphaélite dirige les recherches
des artistes relieurs d'outre-Manche. C'est dire
que la fleur, la figure humaine, les arabesques
sont traités à la façon des maîtres des époques
médiévales, mais modernisées avec cette dis-
tinction, cette élégance qui caractérisent l'art
anglais contemporain. La matière employée
elle aussi évoque les lointaines années où !es
relieurs allemands et hollandais recouvraient
de peau de truie le décor en creux et en relief
taillé dans les ais de bois qui garantissaient les
manuscrits et les incunables. La peau de porc,
cette belle et douce matière, sert, en effet, à
nouveau, de base aux travaux des relieurs
anglais. C'est elle qui a les préférences du plus
illustre d'entre eux: M. J. CobdenSanderson,
l'auteur des trois spécimens que nous repro-
duisons. Le premier, ALshTn? <rL /g
Lo/gMMg*, est en cuir de porc vert foncé, avec
pièces de couleur qui font valoir les fleurettes
épanouies à l'intersection des filets d'or dont
la sinueuse géométrie est d'un effet si délicat ;
le second, A LArg M JM, est couvert d'une
peau de porc blanche sur laquelle courent les
ornements en or qui encadrent avec légèreté
l'inscription centrale; avec le troisième,
M sf?* /WAp .SYTzgy, nous revenons au ma-
roquin plein dont le grain magnifique apparaît
dans toute sa splendeur grâce à la sobriété de
l'ornementation aussi distinguée que discrète.
A côté de ces œuvres aussi parfaites en
leur genre que celles dues aux maîtres relieurs
français contemporains et qui ont pour base,
ici comme là, la stylisation de l'ornementation
moderne, il est intéressant de mettre les combi-
naisons très simples de M. Sandford B. Po-
meroy. Celui-ci, d'origine américaine, n'est pas
un relieur, mais un artiste qui s'est plu à tailler
dans le bois de noyer une suite de courbes et
de lignes harmonieuses qui, légèrement teintées
ou maquillées de poudre d'or, forment de
délicats emboîtages pour tels livres ou manus-
crits. C'est à la fois archaïque et moderne,
comme il sied à toute œuvre anglo-saxonne. —
Mais que ces essais curieux ne nous fassent
jamais oublier que le bois est la nourriture
préférée du ver destructeur de livres!
La distinction que l'Angleterre a su mettre
dans ses reliures de luxe est conservée dans
le cartonnage courant. Les estampages rapides
qui sont à la mode de l'autre côté de la Manche
ont le plus souvent une valeur décorative cer-
taine. Telles couvertures des ouvrages esthé-
tiques de Walter Crâne ou simplement de romans
ou livres enfantins comme AhAy et
ACMrPArÿ? montrent qu'avec des procédés fort
simples on obtient des résultats très supérieurs
aux chromo-lithographies sur toile qui sont en
260
G. AURIOL CARTONNAGE POUR L'IMAGE «
(H. FLOURY, ËD.) o n n n rs n n
l'Angleterre qui offre, dans la reliure d'art, un
mouvement dont l'importance égaie celui d'ici.
L'esthétique, certes, n'est plus la même. Le tra-
ditionnisme préraphaélite dirige les recherches
des artistes relieurs d'outre-Manche. C'est dire
que la fleur, la figure humaine, les arabesques
sont traités à la façon des maîtres des époques
médiévales, mais modernisées avec cette dis-
tinction, cette élégance qui caractérisent l'art
anglais contemporain. La matière employée
elle aussi évoque les lointaines années où !es
relieurs allemands et hollandais recouvraient
de peau de truie le décor en creux et en relief
taillé dans les ais de bois qui garantissaient les
manuscrits et les incunables. La peau de porc,
cette belle et douce matière, sert, en effet, à
nouveau, de base aux travaux des relieurs
anglais. C'est elle qui a les préférences du plus
illustre d'entre eux: M. J. CobdenSanderson,
l'auteur des trois spécimens que nous repro-
duisons. Le premier, ALshTn? <rL /g
Lo/gMMg*, est en cuir de porc vert foncé, avec
pièces de couleur qui font valoir les fleurettes
épanouies à l'intersection des filets d'or dont
la sinueuse géométrie est d'un effet si délicat ;
le second, A LArg M JM, est couvert d'une
peau de porc blanche sur laquelle courent les
ornements en or qui encadrent avec légèreté
l'inscription centrale; avec le troisième,
M sf?* /WAp .SYTzgy, nous revenons au ma-
roquin plein dont le grain magnifique apparaît
dans toute sa splendeur grâce à la sobriété de
l'ornementation aussi distinguée que discrète.
A côté de ces œuvres aussi parfaites en
leur genre que celles dues aux maîtres relieurs
français contemporains et qui ont pour base,
ici comme là, la stylisation de l'ornementation
moderne, il est intéressant de mettre les combi-
naisons très simples de M. Sandford B. Po-
meroy. Celui-ci, d'origine américaine, n'est pas
un relieur, mais un artiste qui s'est plu à tailler
dans le bois de noyer une suite de courbes et
de lignes harmonieuses qui, légèrement teintées
ou maquillées de poudre d'or, forment de
délicats emboîtages pour tels livres ou manus-
crits. C'est à la fois archaïque et moderne,
comme il sied à toute œuvre anglo-saxonne. —
Mais que ces essais curieux ne nous fassent
jamais oublier que le bois est la nourriture
préférée du ver destructeur de livres!
La distinction que l'Angleterre a su mettre
dans ses reliures de luxe est conservée dans
le cartonnage courant. Les estampages rapides
qui sont à la mode de l'autre côté de la Manche
ont le plus souvent une valeur décorative cer-
taine. Telles couvertures des ouvrages esthé-
tiques de Walter Crâne ou simplement de romans
ou livres enfantins comme AhAy et
ACMrPArÿ? montrent qu'avec des procédés fort
simples on obtient des résultats très supérieurs
aux chromo-lithographies sur toile qui sont en
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