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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 3,1.1900/​1901

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No. 30 (Mars 1901)
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Chronique
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https://doi.org/10.11588/diglit.34205#0302

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L'ART DECORATIF

Une exposition pubiique et gratuite, ayant pour
but de mettre ies artistes concourant à ia déco-
ration du mobilier en rapport avec les industriels
et les personnes qui s'intéressent au progrès de
l'art décoratif, sera organisée par les soins du
/'PZUMfsPrP.
Toute œuvres, profils, dessins, maquettes ou
objets terminés, concourant à la décoration du
mobilier, tels que : dessins d'ensemble, tentures
décoratives, motifs de sculpture, ferrures appa-
rentes, bronzes, galvanos, cuirs gaufrés et sculptés,
marqueteries, broderies et applications sur étoffes,
toiles et papiers peints céramiques, pyrogra-
vures, etc., etc., pourra être admise à l'exposition,
si elle possède une originalité et un caractère
artistique nouveau, et non connu déjà dans le
commerce.
Une commission nommée par le Conseil d'ad-
ministration du pourra éliminer tout
envoi ne répondant pas aux conditions indiquées
ci-dessus.
Les objets admis seront exposés avec le nom
et l'adresse des artistes qui les ont créés.
L'exposition durera quinze jours, du n au 25
mars prochain; des invitations seront envoyées
aux fabricants et commerçants appartenant aux
industriels du mobilier, ainsi qu'aux amateurs,
critiques d'art, journalistes, s'intéressant aux arts
décoratifs.
Les envois devront être parvenus le 3 mars, au
plus tard, 77, avenue Ledru-Rollin, au siège social
du P<2/7*07?%^.
Ils pourront être repris du 27 mars au 7 avril
suivant; passé ce délai, le déclinera
toute responsabilité envers les propriétaires.

Y ES MORTS. — Arnold Bœcklin, génie singulier,
; dont le nom restera celui d'un des plus grands
peintres du XIX^ siècle. Nous ne pouvons
mieux retracer sa carrière qu'en empruntant à
M. Thiebault-Sisson, du l'analyse qu'en a
fait cet écrivain distingué.
« Une attaque d'apoplexie vient d'enlever, à
Fiesole, où il s'était définitivement installé depuis
bon nombre d'années, le seul génie vraiment créa-
teur qui se soit produit au cours de ce siècle, en
peinture, parmi les races germaniques.
«Arnold Bœcklin était né à Bâle en 1827. Né
dans une famille aisée de commerçants, il avait
pu sans difficulté se livrer à ses penchants artis-
tiques. Après avoir passé quelque temps à Dus-
seldorf dans l'atelier de Schirmer, il avait voyagé,
séjourné quelques mois à Paris, puis à Rome. De
retour à Bâle, vers i8jg, il y avait peint des pay-
sages, des portraits. Mais sentant le besoin de
compléter son éducation technique, il était reparti
en 1856 pour Munich.
«Il y resta deux années, pendant lesquelles il se
lia étroitement avec Lenbach. Il y exécuta bon
nombre de portraits sous l'influence directe de

Ricard, dont un amateur munichois possédait une
riche collection, et il se prit de passion pour le
portraitiste français, à l'étude duquel il assouplit
sa facture et affina son sens de la couleur.
«En 1860, on lui offrit le poste de professeur de
paysage à l'École des beaux-arts qui venait de se
fonder à Weimar. Il accepta, mais ne resta que
deux ans en fonctions.
«L'Italie l'attirait encore: il y revint. Il vécut
quelques années à Rome, s'acharnant à la pour-
suite du beau tel que les Italiens de la Renaissance
l'avaient compris. On le vit alors pasticher succes-
sivement tous les maîtres, les Vénitiens en parti-
culier, dans des sujets mythologiques assez puis-
sants de facture, mais dépourvus d'accent et d'un
intérêt plutôt contestable.
« On le vit rentrer à Bâle vers 1866. Sa famille,
à nouveau, le réclamait. Ses compatriotes requé-
raient en lui le portraitiste qui avait fait ses
preuves de talent. On lui promettait en même
temps des travaux décoratifs qui le tentaient. Il
se laissa fléchir et s'installa, croyant y rester
toute sa vie, dans sa ville natale.
« Il n'y resta que dix années, mais ces dix
années furent fécondes. Soustrait aux modèles
italiens, aux maîtres chers à son cœur, placé
directement en face de la nature et de la vie,
Bœcklin laissa se développer en lui librement
l'âme de visionnaire et de poète qu'il avait jus-
que-là comprimée. Le paysage qu'il avait traité
jusqu'alors d'une façon tout analytique, devint
l'objet particulier de ses études et il y porta des
préoccupations synthétiques qui donnèrent une
physionomie vraiment neuve à ses études de na-
ture. Mais, là encore, la France intervint pour lui
fournir des modèles dont il tira de précieux avan-
tages.
« L'influence de Corot est, en effet, très sensible
dans les grandes décorations murales qu'il exé-
cuta, en 1869, chez un de ses compatriotes, M. Sa-
rasin-Thurneyssen II y inséra, dans des fonds de
paysage italiens traités dans les gris argentins
qui caractérisent le maître français, des scènes de
l'Évangile et de la Bible, mais les personnages y
jouent un rôle très secondaire et la nature, inter-
prétée avec autant d'émotion que de noblesse,
constitue le grand, sinon l'unique intérêt de ces
belles compositions.
«Bœcklin n'était pourtant pas dégagé complète-
ment de la hantise des maîtres italiens. Les pein-
tures murales qu'il exécuta, vers la même époque,
dans l'escalier du musée de Bâle ne sont plus, à
coup sûr, des pastiches, mais les souvenirs de la
Farnésine y sont visibles encore et la F enaissance
italienne en est l'inspiratrice. Bœcklin ne donnera
que plus tard les échantillons définitifs de cet art
si profondément germanique et si large qui l'a
classé au premier rang des artistes de son temps.
Et il les donnera, chose curieuse, non pas en terre
germanique, mais en terre italienne, le jour où,

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