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Instytut Historii Sztuki <Posen> [Hrsg.]
Artium Quaestiones — 10.2000

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Rozprawy
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Skibiński, Szczęsny: L' église des dominicains de Colmar comme l'image de l'homme et de la société
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https://doi.org/10.11588/diglit.28185#0016
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SZCZÇSNY SKIBINSKI

Le bois et la pierre sont deux éléments principaux de construction, qui
- au-delà de leurs valeurs usuelles évidentes - sont à la source d’une pro-
fonde et large symbolique. Elle n’atteignait sa plénitude que si les deux
matériaux étaient présents dans une construction ou dans un ensemble
de construction. Selon Rykwert «la forme la plus primitive qu’on connaît
d’un endroit sacré est le bois sacré et la pierre sacré réunis dans un seul
endroit, l’univers en miniature: ce qui pousse et meurt réuni avec ce qui
est permanent et indestructible»8. Cette plénitude qui est réalisée par la
jonction du bois avec la pierre révèle la plus ancienne architecture
égéenne. Même si elle est en principe faite de pierre, elle admet aussi
d’importants éléments en bois: au-dessus des piliers de l’étage le plus bas
on dressait des colonnes en bois dont l’usage ne s’explique pas seulement
par les valeurs usuelles* 9. Dans la colonne elle-même, même si elle était
seulement en pierre, son caractère organique primitif persistait toujours
à travers les décorations végétales ou dans un sens anthropologique que
nous retrouvons chez Vitruve.

Dans la tradition judaïque la réunion de la pierre et du bois apparaît
dans une image profondément symbolique de l’arche, coffre en bois pré-
parée par de pieux juifs selon les consignes divines de la conservation des
tables de pierre avec les dix commandements. L’opposition bois/pierre dé-
signe d’abord une opposition: divin/humain, fait par la main divine/ fait
par la main humaine. La valeur sacrée de la pierre est soulignée de façon
particulière dans YExode (20,24): «Mais si tu me fais un autel de pierres,
tu ne bâtiras pas en pierres de taille, car en y passant ton ciseau, tu les
profanerais»10. La pierre par la solidité du matériau et la permanence de
sa forme primitive révèle quelque chose qui dépasse la fragilité de l’être
humain: la façon absolue d’exister11. Tailler, transformer sa forme ce se-
rait de la traiter comme un simple matériau. Ce n’est pas la pierre qui
est l’objet du culte, le culte se réfère à ce que la pierre exprime et in-
carne12. Les relations entre le bois et la pierre qui se montrent dans l’i-
mage de l’arche sont tout de même plus compliquées qu’un simple rap-
port d’opposition. Pierre de Celles, abbé de l’abbaye de saint Rémy à
Reims, initiateur de la reconstruction gothique de cette fameuse église,

J. Rykwert, Ornament ist kein Verbrechen. Architektur als Kunst, Koln 1983, p. 51.

9 T. Wujewski, Symbolika architekturygreckiej, Poznan 1995, p. 45.

10 Toutes les citations de la Bible d’après la Traduction oecuménique de la Bible, Al-
liance Biblique - Le Cerf, Paris 1982.

11 M. Eliade, Traktat o historii religii, Warszawa 1966, p. 215 (Traité d’histoire des
religions, Paris 1949).

12 L’histoire de Jacob de la Genèse (28, 11-19) en est une exemplification parfaite:
«Il fut surpris par le coucher du soleil en un lieu où il passa la nuit. Il prit une des pierres
de l’endroit, en fit son chevet et coucha en ce lieu. Il eut un songe: voici qu’était dressée
sur terre une échelle dont le sommet touchait le ciel; des anges de Dieu y montaient et y
 
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