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Instytut Historii Sztuki <Posen> [Hrsg.]
Artium Quaestiones — 10.2000

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Rozprawy
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Skibiński, Szczęsny: L' église des dominicains de Colmar comme l'image de l'homme et de la société
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https://doi.org/10.11588/diglit.28185#0023
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L’ÉGLISE DES DOMINICAINS DE COLMAR COMME L’IMAGE DE L’HOMME ET DE LA SOCIÉTÉ

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combattent24. La division de la société à l’instar du corps s’est fort donc
compliquée par rapport aux propositions bipartites de Jean de Salisbury.
Mais le système triparti, plus approprié à la description de la situation
sociale, ne pouvait pas faire reculer le goût binaire bien enraciné dans la
tradition chrétienne. La façon binaire de voir la réalité est un procédé
universel grâce auquel il est possible de retrouver le principe universel
de coincidentio oppositorum. Ce principe c’est avant tout l’opposition en-
tre l’esprit et la matière, entre l’âme et le corps, entre masculin et fémi-
nin, seulement l’union de ces deux éléments peut donner la plénitude.
Chaque existence est une composition de l’élément actif spirituel et de
l’élément passif matériel ou corporel25.

La disposition spatiale de l’église des frères mendiants et en particu-
lier celle de Colmar résulte selon nous de la revalorisation de l’idée de l’é-
glise dans sa forme architectonique. Les interprétations symboliques de
l’église matérielle ont été bien développé par les exegètes du Moyen Age.
La plupart de ces interprétations reste actuelle pour chaque église indé-
pendamment de sa forme architectonique. Mais comme nous l’avons déjà
vu, la disposition de l’église avec de la nef de type «grange» et le choeur
voûté n’est pas l’effet de l’évolution stylistique naturelle, mais elle consti-
tue une conception artistique nouvelle de l’église ouvertement opposée au
type cathédral. A la cathédrale gothique, connue comme la Jérusalem
Céleste, s’oppose l’architecture qui exprime un sens anthropologique et
social de l’église. Le type de l’église, comme celle de Colmar, dans sa dif-
férenciation en deux parties principales: la nef et le choeur, correspond
dans le sens anthropologique à l’image de l’homme: «Ne savez-vous pas
que vou êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous»
(I Cor. 3,16). Chacun des fidèles, dans sa structure spirituelle et corpo-
relle, revit donc la relation qui existe entre le Christ et l’Eglise. Dans le
sens anthropologique le choeur à l’église correspond au côté spirituel,
voire masculin de l’homme, la nef de type «grange» correspondent au côté
corporel, voire féminin26. Ainsi, l’église reste une image de de l’homme et
de l’univers, de sa structure spirituelle et matérielle.

Si l’église matérielle reste une image de l’homme, elle est également
une image de la société, de sa division bipartite en oratores et labora-
tores. Les premiers agissent dans le domaine de l’esprit, vivent dans le

24 J. Le Goff, Saint Louis, Paris 1996, p. 642s.

25 K. Pomian, Przesztosc jakoprzedmiot wiary, Warszawa 1968.

26 La terminologie médiévale (et non seulement médiévale) concernant les parties de l’é-
glise le montre d’une façon représentative. Chez Pierre de Celles le choeur s’appelle caput,
les nefs: venter, P.L., 202, ch.160. Dans Gesta abbatum Trudonensium de XlVe siècle, le
choeur c’est de même: caput, mais les nefs: utérus, J. Sauer, op. cit., p. 111. Chez Hugues
de Saint Victor le passage des nefs vers le choeur et plus loin dans le sanctuaire signifie le dé-
pouillement de la corporalité dans son sens sexuel: «sacrariam significat ordinem virginum,
chorus ordinem continentium, navis ordinem conjugatorum», P.L.,177, ch. 902.
 
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