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SZCZgSNY SKIBINSKI
célibat et renoncent à toute propriété; ils représentent la sublimation du
spirituel et du masculin. Le principe de pauvreté c’est labandon du maté-
riel. Les dominicains et les franciscains subsistent grâce à l’aumône, les
bâtiments, les parcelles qu’ils occupent ne sont pas leur propriété, ils ne
font que les utiliser. Ce qui est nécessaire à l’existence est reçu comme
l’aumône de la part de ceux qui agissent dans le domaine matériel, pro-
ducteur, visant à la satisfaction des besoins corporels. Cette division en
oratores et laboratores qui possède une dimension universelle, ecclésiolo-
gique, prend de l’importance et de l’actualité dans les villes où agissent
les ordres mendiants. Ainsi la ville retrouve une structure qui est propre
à toute la société au sens ecclésiologique. La plupart de ses habitants est
constituée par ceux qui s’occupent de la production, qui agissent dans le
domaine matériel, qui sont l’estomac ou les entrailles de l’organisme; les
ordres mendiants sont la tête et incarnent l’aspect spirituel. Saint Bona-
venture, contrairement aux idées de saint François, soutenait que les
franciscains ne devraient pas s’occuper du travail physique même pour
satisfaire ses besoins vitaux; le spirituel ne devrait pas entrer en rapport
avec le matériel. Par l’union de l’élément spirituel qui ne pouvait aboutir
à une telle sublimation que dans les couvents citadins et de l’élément
matériel qui est le principe même du fonctionement d’une ville, une sorte
de plénitude se réalise. La ville sans ordre mendiant est incomplète, seu-
lement les villes les plus pauvres en étaient privées.
La symbiose du spirituel et du matériel pouvait donner la naissance à
une nouvelle conception architectonique de l’église où la relation entre le
choeur et les nefs correspond à la relation entre deux groupes des cita-
dins. Les oppositions spirituel/matériel, masculin/féminin permettent de
comprendre pourquoi ceux qui maintiennent les frères mendiants ne
s’opposent pas à leur présence dans le choeur isolé et d’une qualité bien
supérieure à celle de la nef. Les moines tiennent à l’église la place de la
tête, siège de l’âme; les fidèles se trouvent dans la nef, conçue comme le
corps. Bernard de Clairvaux désigne les fidèles comme populus carna-
lis27. La conscience de la plénitude, effectué après l’union de l’aspect spi-
rituel et corporel qui ne sont pas pour autant contaminés, permet aux ci-
tadins d’accepter l’élévation architectonique des moines qu’ils
entretiennent.
Au début du XIIIe siècle sont créées les premières universités dont les
plus importantes sont les universités de Paris et de Bologne. Les ordres
mendiants dont les dominicains prennent la responsabilité de la faculté
théologique, une des plus importantes. Les facultés théologiques étaient
souvent fondées à la base du collège général des mendiants. Ainsi les
2l Sancti Bernhardi Apologia ad Guillelmum sancti Theodorici abbatem, P.L., 182,
szp. 895-918.
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célibat et renoncent à toute propriété; ils représentent la sublimation du
spirituel et du masculin. Le principe de pauvreté c’est labandon du maté-
riel. Les dominicains et les franciscains subsistent grâce à l’aumône, les
bâtiments, les parcelles qu’ils occupent ne sont pas leur propriété, ils ne
font que les utiliser. Ce qui est nécessaire à l’existence est reçu comme
l’aumône de la part de ceux qui agissent dans le domaine matériel, pro-
ducteur, visant à la satisfaction des besoins corporels. Cette division en
oratores et laboratores qui possède une dimension universelle, ecclésiolo-
gique, prend de l’importance et de l’actualité dans les villes où agissent
les ordres mendiants. Ainsi la ville retrouve une structure qui est propre
à toute la société au sens ecclésiologique. La plupart de ses habitants est
constituée par ceux qui s’occupent de la production, qui agissent dans le
domaine matériel, qui sont l’estomac ou les entrailles de l’organisme; les
ordres mendiants sont la tête et incarnent l’aspect spirituel. Saint Bona-
venture, contrairement aux idées de saint François, soutenait que les
franciscains ne devraient pas s’occuper du travail physique même pour
satisfaire ses besoins vitaux; le spirituel ne devrait pas entrer en rapport
avec le matériel. Par l’union de l’élément spirituel qui ne pouvait aboutir
à une telle sublimation que dans les couvents citadins et de l’élément
matériel qui est le principe même du fonctionement d’une ville, une sorte
de plénitude se réalise. La ville sans ordre mendiant est incomplète, seu-
lement les villes les plus pauvres en étaient privées.
La symbiose du spirituel et du matériel pouvait donner la naissance à
une nouvelle conception architectonique de l’église où la relation entre le
choeur et les nefs correspond à la relation entre deux groupes des cita-
dins. Les oppositions spirituel/matériel, masculin/féminin permettent de
comprendre pourquoi ceux qui maintiennent les frères mendiants ne
s’opposent pas à leur présence dans le choeur isolé et d’une qualité bien
supérieure à celle de la nef. Les moines tiennent à l’église la place de la
tête, siège de l’âme; les fidèles se trouvent dans la nef, conçue comme le
corps. Bernard de Clairvaux désigne les fidèles comme populus carna-
lis27. La conscience de la plénitude, effectué après l’union de l’aspect spi-
rituel et corporel qui ne sont pas pour autant contaminés, permet aux ci-
tadins d’accepter l’élévation architectonique des moines qu’ils
entretiennent.
Au début du XIIIe siècle sont créées les premières universités dont les
plus importantes sont les universités de Paris et de Bologne. Les ordres
mendiants dont les dominicains prennent la responsabilité de la faculté
théologique, une des plus importantes. Les facultés théologiques étaient
souvent fondées à la base du collège général des mendiants. Ainsi les
2l Sancti Bernhardi Apologia ad Guillelmum sancti Theodorici abbatem, P.L., 182,
szp. 895-918.