DONATELLO
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Les marbriers florentins ne faisaient que revenir
à l’art roman d’Italie en sculptant des bas-reliefs
romains : ils ont fait œuvre plus nouvelle et plus
forte, quand ils ont taillé des statues.
Au quatorzième siècle, la draperie avait été, en
Toscane aussi bien qu’en France, l’essentiel d’une
œuvre de sculpture. L’attitude fortement infléchie,
le « hanchement », servait avant tout de prétexte
aux longs plis sinueux et de thème à leurs varia-
tions. Les arêtes saillantes du bloc étaient déter-
minées, moins par les mouvements du corps que
par les lignes directrices de la draperie, elle-
même chose vivante et mouvante. Ainsi le sculp-
teur s’intéressait aux lignes qu’il faisait serpenter
à la surface du marbre plutôt qu’au solide qu’il
devait en dégager; à la décoration, plutôt qu’à la
construction. Un maître comme Ghiberti, lorsqu’il
modèle, en 1414, une statue de saint Jean-Baptiste
pour un pilier d’Or San Michèle, renchérit encore
sur le goût du quatorzième siècle : il noie la
silhouette humaine sous une cascade de plis trans-
versaux, en forme de poches, que domine une tête
longue et hirsute. Ce patriarche de métal vert a
l’aspect d’un grand bronze japonais.
L’étrange statue était un ouvrage d’orfèvre. A la
la date où elle fut mise en place, elle semble
archaïque au milieu des statues taillées par les mar-
briers florentins. Ceux-ci s’étaient remis une fois
de plus à l’école des marbres antiques, que les
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Les marbriers florentins ne faisaient que revenir
à l’art roman d’Italie en sculptant des bas-reliefs
romains : ils ont fait œuvre plus nouvelle et plus
forte, quand ils ont taillé des statues.
Au quatorzième siècle, la draperie avait été, en
Toscane aussi bien qu’en France, l’essentiel d’une
œuvre de sculpture. L’attitude fortement infléchie,
le « hanchement », servait avant tout de prétexte
aux longs plis sinueux et de thème à leurs varia-
tions. Les arêtes saillantes du bloc étaient déter-
minées, moins par les mouvements du corps que
par les lignes directrices de la draperie, elle-
même chose vivante et mouvante. Ainsi le sculp-
teur s’intéressait aux lignes qu’il faisait serpenter
à la surface du marbre plutôt qu’au solide qu’il
devait en dégager; à la décoration, plutôt qu’à la
construction. Un maître comme Ghiberti, lorsqu’il
modèle, en 1414, une statue de saint Jean-Baptiste
pour un pilier d’Or San Michèle, renchérit encore
sur le goût du quatorzième siècle : il noie la
silhouette humaine sous une cascade de plis trans-
versaux, en forme de poches, que domine une tête
longue et hirsute. Ce patriarche de métal vert a
l’aspect d’un grand bronze japonais.
L’étrange statue était un ouvrage d’orfèvre. A la
la date où elle fut mise en place, elle semble
archaïque au milieu des statues taillées par les mar-
briers florentins. Ceux-ci s’étaient remis une fois
de plus à l’école des marbres antiques, que les