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« — Entrez ! entrez ! s'coriait-il, ne vous laissez-
pas attendrir et apitoyer par les doléances menson-
gères de cette femme perfide ! Vous verrez, vous verrez
si j'ai tort de vouloir répudier cette femme éhontée !...
« Lorsque tout le monde fut dans la chambre, il
ouvrit la caisse !... Le petit ânon leva la tête et agita
les oreilles, respira bruyamment et commença à braire.
Tous les assistants partirent d'un immense éclat de rire!
Quant à mon mari, sa colère ne connut plus de bornes ;
il se précipita sur moi et m'aurait, par le Prophète,
étranglée,si je n'avais crié de toutes mes forces : arrêtez
ce fou ! au nom de Dieu, il va me tuer ! et si on n'était
réellement venu à mon secours pour m'arracher de ses
mains.
« Il paraissait pris d'un accès de folie furieuse; il
écumait de rage, et articulait des mots inintelligibles.
« On le garrotta solidement et on le déposa sur un
tapis.
« — Gardez-le ainsi, me dit le cheikh de la rue, et
s'il ne se calme pas d'ici à demain, nous le mènerons à
la maison des fous ! Que Dieu l'en préserve et nous
aussi !
« — Pauvre homme ! pauvre frère ! disaient ses
amis, quelle mauvaise maladie ! Dieu veuille qu'il en
guérisse ! — « Sa femme est si jolie », disaient d'autres,
« qu'il n'est pas étonnant qu'il soit jaloux même d'un
ânon !» — a Qui a pu mettre cet ânon dans cette
caisse ? » se demandaient les uns. — « Il devait avoir
la berlue, et il a pris Fanon pour un homme ! » répon-
daient les autres. — « Pauvre ami ! un si excellent
« — Entrez ! entrez ! s'coriait-il, ne vous laissez-
pas attendrir et apitoyer par les doléances menson-
gères de cette femme perfide ! Vous verrez, vous verrez
si j'ai tort de vouloir répudier cette femme éhontée !...
« Lorsque tout le monde fut dans la chambre, il
ouvrit la caisse !... Le petit ânon leva la tête et agita
les oreilles, respira bruyamment et commença à braire.
Tous les assistants partirent d'un immense éclat de rire!
Quant à mon mari, sa colère ne connut plus de bornes ;
il se précipita sur moi et m'aurait, par le Prophète,
étranglée,si je n'avais crié de toutes mes forces : arrêtez
ce fou ! au nom de Dieu, il va me tuer ! et si on n'était
réellement venu à mon secours pour m'arracher de ses
mains.
« Il paraissait pris d'un accès de folie furieuse; il
écumait de rage, et articulait des mots inintelligibles.
« On le garrotta solidement et on le déposa sur un
tapis.
« — Gardez-le ainsi, me dit le cheikh de la rue, et
s'il ne se calme pas d'ici à demain, nous le mènerons à
la maison des fous ! Que Dieu l'en préserve et nous
aussi !
« — Pauvre homme ! pauvre frère ! disaient ses
amis, quelle mauvaise maladie ! Dieu veuille qu'il en
guérisse ! — « Sa femme est si jolie », disaient d'autres,
« qu'il n'est pas étonnant qu'il soit jaloux même d'un
ânon !» — a Qui a pu mettre cet ânon dans cette
caisse ? » se demandaient les uns. — « Il devait avoir
la berlue, et il a pris Fanon pour un homme ! » répon-
daient les autres. — « Pauvre ami ! un si excellent