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TjULLETIN DE L'INSTITUT EGYPTIKN
tre côté, devant l'ouverture que j'avais remarquée de loin une
heure auparavant. Le Raïs monte avec une bougie; je monte der-
rière lui. En haut de l'échelle, nous constatons que la porte n'a pas
été démurée en entier et qu'il reste les deux ou trois assises infé-
rieures des moellons qui bouchaient l'ouverture. Une forte branche
d'arbre, solidement prise entre les deux montants, avait dû, autre-
fois, servir aux violateurs pour y attacher une corde.
Arrivé au niveau inférieur de la porte, je distingua dans l'ombre
deux piliers quadrangulaires. Plus près, sur le sol, vivement éclairé
par la lumière, un grand serpent roulé sur lui-même semble repré-
senter le génie du lieu. Il est en bois, peint en blanc, et il lui man-
que la tète. A côté, un rouleau de corde; puis, une autre corde
terminée par une sorte de filet enfermant une lourde pierre. Ce
sont là encore des engins laissés par les violateurs. Nous entrons
La salle présente la même disposition que la première salle du
tombeau de Thoutmès III; deux piliers au milieu, une cage d'esca-
lier à gauche. Les murs, les colonnes sont nus ; aucun enduit n'a
mime été appliqué sur la pierre. Çà et là, sur les piliers, sur les
parois, sur le plafond, de petites taches de couleur rouge tracées
par le contre-maître servaient à prévenir les ouvriers que la roche
avait été convenablement équarrie et qu'il n'y avait plus à y tra-
vailler.
Partout, le sol est criblé d'objets cassés: moellons tombés de la
porte murée, jarres brisées, fragments de bois et d'albâtre. Une jolie
petite tète en bïis sculpté se distingue surtout, non loin du serpent.
Enfin, entre le pilier et le mur de droite, je vois, l'une debout,
l'autre couchée sur le flanc, deux grandes barques, mesurant au
moins deux mètres, peintes de vives couleurs. A côté, sur la couche
de décombres, des fieurs de lotus et des ombelles de papyrus en
bois peint; ce sont les proues et les poupes de ces barques, déta-
chées par le temps. Entre les deux colonnes, une nouvelle barque.
Une quatrième enore, contre le mur du fond. Je m'avance avec
une bjugie et, spectacle effroyable, un cadavre est là, couché sur
le bateau, tout noir, hideux, sa face grimaçante tournée vers moi
et me regardant, sa longue chevelure brune éparse en boucles
(1) Voir pl. 8, salle 1.
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tre côté, devant l'ouverture que j'avais remarquée de loin une
heure auparavant. Le Raïs monte avec une bougie; je monte der-
rière lui. En haut de l'échelle, nous constatons que la porte n'a pas
été démurée en entier et qu'il reste les deux ou trois assises infé-
rieures des moellons qui bouchaient l'ouverture. Une forte branche
d'arbre, solidement prise entre les deux montants, avait dû, autre-
fois, servir aux violateurs pour y attacher une corde.
Arrivé au niveau inférieur de la porte, je distingua dans l'ombre
deux piliers quadrangulaires. Plus près, sur le sol, vivement éclairé
par la lumière, un grand serpent roulé sur lui-même semble repré-
senter le génie du lieu. Il est en bois, peint en blanc, et il lui man-
que la tète. A côté, un rouleau de corde; puis, une autre corde
terminée par une sorte de filet enfermant une lourde pierre. Ce
sont là encore des engins laissés par les violateurs. Nous entrons
La salle présente la même disposition que la première salle du
tombeau de Thoutmès III; deux piliers au milieu, une cage d'esca-
lier à gauche. Les murs, les colonnes sont nus ; aucun enduit n'a
mime été appliqué sur la pierre. Çà et là, sur les piliers, sur les
parois, sur le plafond, de petites taches de couleur rouge tracées
par le contre-maître servaient à prévenir les ouvriers que la roche
avait été convenablement équarrie et qu'il n'y avait plus à y tra-
vailler.
Partout, le sol est criblé d'objets cassés: moellons tombés de la
porte murée, jarres brisées, fragments de bois et d'albâtre. Une jolie
petite tète en bïis sculpté se distingue surtout, non loin du serpent.
Enfin, entre le pilier et le mur de droite, je vois, l'une debout,
l'autre couchée sur le flanc, deux grandes barques, mesurant au
moins deux mètres, peintes de vives couleurs. A côté, sur la couche
de décombres, des fieurs de lotus et des ombelles de papyrus en
bois peint; ce sont les proues et les poupes de ces barques, déta-
chées par le temps. Entre les deux colonnes, une nouvelle barque.
Une quatrième enore, contre le mur du fond. Je m'avance avec
une bjugie et, spectacle effroyable, un cadavre est là, couché sur
le bateau, tout noir, hideux, sa face grimaçante tournée vers moi
et me regardant, sa longue chevelure brune éparse en boucles
(1) Voir pl. 8, salle 1.