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Institut Egyptien <al-Qāhira> [Hrsg.]
Bulletin de l'Institut Egyptien — 3.Ser. 9.1898(1899)

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Nr. 4
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Herz, ...: La protection de l'architecture arabe
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https://doi.org/10.11588/diglit.12695#0148

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138

BULLETIN DE L'iNSTlTUT ÉGYPTIEN

l'empreinte d'un art si curieux — demain surgira peut-être un
nouvel édifice prétentieux, sans forme ni style.

Car c'est ainsi, Messieurs, qu'une à une disparaissent les maisons
de jadis qui faisaient du Caire l'enchanteresse cité des Khalifes.
Dans les livres, dans la tradition, nous en pouvons encore évoquer
l'exquise vision ; dans les expositions, des artistes essaient de les
reconstituer, d'en tirer d'éphémères copies en plein cœur de civi-
lisation occidentale; dans les musées enfin, quelques fragments
viennent chercher un suprême abri. Mais ici, en ce sol qui les vit
fleurir, nombreuses et vivantes, on les pille, on les détruit, on les
remplace par d'outrageuses laideurs.

Certes, ce n'est pas d'aujourd'hui que date ce vandalisme. Il y
a vingt ans déjà, M. Arthur Rhôné, enthousiaste de l'art musul-
man, qu'il connaissait à fond, s'élevait contre la destruction de
l'architecture locale au bénéfice de « cette forme banale qui se voit
partout et qui répond si mal aux exigences du climat1 ». Son indi-
gnation n'eut malheureusement pas d'écho. Depuis, le mal n'a fait
qu'empirer : on construit beaucoup au Caire, surtout dans les
quartiers arabes dont les anciennes maisonnettes étaient édifiées à
l'aide de matériaux peu résistants. Mais des constructions qu'on
élève actuellement, pas une ne s'inspire du style du pays; toutes
présentent la navrante caricature des formes européennes.

Sans parler des grandes artères, parcourez la longue route his-
torique d'ibn Toutoun à Bàb el Fetouh, remontez l'ancien Darb el
Ahmar qui débouche à la Citadelle; tout est ravagé, tout est
défiguré. Les lignes que tracent les rues sont ponctuées d'incom-
parables monuments de toutes les époques de la civilisation musul-
mane; le regard est arrêté et charmé par des ouvrages superbes,
mosquées, sébils ; mais ces richesses artistiques n'ont point le
cadre approprié. Autour d'elles, au contraire, c'est la discordance;
la promiscuité honteuse d'un faux modernisme horrible et barbare
qui ne les enchâsse pas, mais les étouffé, telles de précieuses
perles perdues dans un écrin affreux. Quant aux autres maisons
plus modestes qui n'ont pas la prétention de rivaliser avec les
édifices religieux ni en âge ni en valeur artistique, où sont-elles?

I Arthur Rhoné, L'Égypte à petites journées, Paris, 1877.
 
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