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BULLETIN dk l'JNSTITUT EGYPTIEN

ignorance, une syllabe avail été supprimée, autant de moins à
prononcer, et le nom du fleuve de la Plata presqu'inconnu avait
été remplacé par celui du pays du Para, bien connu aux Antilles
qui sont voisines de cette région brésilienne.

L'histoire de l'introduction du Panicum molle aux Antilles
mérite d'être rapportée. Ce fut en 1842. Un bateau parti dé
Buenos-Aires avec un chargement de mulets à destination des
Antilles, — et sans doute aussi du fourrage'sec nécessaire à la nour-
riture des mulets pendant une navigation à voiles d'au moins deux
mois,— en arrivant dans la terrible Mer des Caraïbes, avait essuyé
une tempête qui l'obligea de se réfugier dans une baie de l'île de
Porto-Rico, connue sur le nom de Humacao. La tempête apaisée
et le bateau reparti, les débris de fourrages, les balayures de pont
tombés à la mer, ayant été poussés par le flot sur le rivage, les
pluies venues, s'y étaient bouturés d'eux-mêmes et s'étaient pro-
pagés de proche en proche. Le? habitants s'élant aperçus que tous
les animaux en étaient très friands el s'en trouvaient Irès bien, se
mirent à cultiver cette herbe qui fut bientôt introduite dans toutes
les Antilles dont elle est devenue la richesse.

Cette histoire fut un des motifs de mon choix : voilà une gail-
larde, me dis-je, qui craint peu le sel. De plus tous les botanistes
s'accordaient à dire qu'elle exhausse graduellement le niveau du
sol, par ses rejets qui courrent à la surface et au-dessus du sol ;
les poussières apportées par le vent et les débris de feuilles et de
tiges, accumulés dans le lacis serré de ces stolons, produisent
continuellement une nouvelle couche d'humus. Je pouvais donc
espérer que le niveau de notre cuvette serait avec le temps amené
à une hauteur normale et désormais drainable. Enfin tous les
auteurs attribuaient au Panicum molle, une vigueur et une rapidité
de végétation phénoménales et une valeur nutritive exceptionnelle.
Mon choix fut donc, pour ces causes, définitivement arrêté il y a
trois ans, au printemps de 1896. Mais avant de passer à l'étude
expérimentale, je désirai voir un planteur qui connût réellement et
pratiquement mon herbe. Un de mes amis de Paris put me mettre
en relations avec le régisseur de la plus grande exploitation su-
crière de la Guadeloupe, l'usine Blanchct, M. de la Clémendière
qui se trouvait en France à cette époque. J'eus de lui les renseigne-
 
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