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Biller, Thomas
Haut-Koenigsbourg — Paris, 1996

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https://doi.org/10.11588/diglit.4737#0004
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Préface

Par Maryvonne de Saint-Pulgent
Directeur du Patrimoine
Président de la Caisse
nationale des Monuments
historiques et des Sites

2. L'architecte Bodo Ebhardt
s'est fait figurer au sommet
de cette colonne du puits,
comme à de nombreux
autres endroits du château.

3. Le massif de la herse,
qui permet l'accès à la cour
intérieure, porte les armoiries
de l'empereur Guillaume II.

Dressé à plus de sept cent cinquante mètres
d'altitude, le château du Haut-Kœnigsbourg
domine la plaine d'Alsace à l'entrée de deux
vallées menant en Lorraine et vers le centre
de la France. A ses pieds passaient deux
axes routiers d'importance européenne; du
sud au nord, la route du blé et du vin menant
d'Italie aux Pays-Bas et d'est en ouest, celle
du sel et plus tard des minerais, traversant
les Vosges. Ces deux routes commerciales
justifièrent l'intérêt des Hohenstaufen, au XII"
siècle, pour ce promontoire facile à défendre
sur lequel ils édifièrent un de leurs nombreux
châteaux veillant à l'entrée
des vallées vosgiennes.
Ce carrefour, surveillé par
d'autres châteaux voisins
de moindre importance, fut
l'objet de conflits mineurs
et servit même de repaire
à des chevaliers brigands,
ce qui lui valut d'être ruiné
au milieu du XVe siècle.
Après 1479, les Habsbourg
en confièrent la recons-
truction et la garde à la
famille comtale suisse des
. jg Tierstein, puis aux Sickin-
gen et aux Bollwiller.
1 Gardien des marches du

Saint-Empire, le château du Haut-Kœnigs-
bourg fut agrandi, consolidé, son artillerie
modernisée; il fut épargné par les conflits
qui secouèrent l'Alsace du XVe au XVIIe siècle
jusqu'au siège de 1633 qui lui fut fatal. Avec
la fin de la guerre de Trente ans et le traité de
Westphalie, le château, pillé et abandonné,
intègre le royaume de France en même
temps que la majeure partie de l'Alsace. Les
frontières étant désormais repoussées au
Rhin, il perd alors son intérêt stratégique et
sombre dans l'oubli; les lierres et les pins l'en-
vahissent et seul le domaine forestier conser-
ve un intérêt économique.
Au XIX" siècle, les romantiques et les histo-
riens admirent la silhouette de cet imposant
château en grès qui s'élève encore jusqu'au
niveau des voûtes et dont les tours continuent
de toute leur épaisseur à dominer la crête. Le
restaurer? On en rêve mais on se contente
de consolider ce qui menace de s'écrouler,
jusqu'à l'arrivée de l'empereur Guillaume II.

L'Alsace devient terre d'Empire en 1871. Le
château du Haut-Kœnigsbourg, par la volon-
té du kaiser, symbolise alors le pouvoir alle-
mand en Alsace-Lorraine. Le choix de cette
ruine, majestueuse et remarquablement
conservée, n'est pas innocent. Elle permet
d'établir une filiation entre les deux grandes
dynasties impériales qui s'occupèrent de ce
château: les Hohenstaufen et les Habsbourg
d'une part, et les Hohenzollern d'autre part,
avec Guillaume II qui se veut l'héritier légitime
de ces prestigieux empereurs. La Première
Guerre mondiale et le Traité de Versailles
mettent fin au rêve du kaiser et la borne
ouest de son Empire devient un symbole
honni des Alsaciens. Emblème d'une poli-
tique, le château, qualifié de pastiche, est la
cible de toutes les critiques. Il sert plus tard
de décor à l'un des meilleurs films de Jean
Renoir: La Grande Illusion, qui se passe
précisément durant la Première Guerre mon-
diale. La perspective grandiose qui se dégage
du site, l'ambiance des pièces meublées, les
murs de grès font de la forteresse un lieu de
tournage recherché. Le public se presse à
ses portes pour goûter l'ambiance médiéva-
le et retrouver le mythe de la vie du seigneur
au Moyen Age, mais l'intelligentsia le boude
au nom d'un passé récent et amer.
La restauration du château, qui aura bientôt
un siècle d'existence, mérite de sortir d'un
contexte politique et historique trop étroit. Le
classement au titre des Monuments histo-
riques, en 1993, de la restitution réalisée par
Bodo Ebhardt confirme l'intérêt de celle-ci et
attire l'attention sur un autre architecte, Viollet-
le-Duc, à l'origine, lui aussi, de nombreuses
restaurations de châteaux en Europe.
Les nationalités des auteurs de ce numéro
spécial reflètent l'intérêt européen pour ce
palais national appartenant à l'Etat. Troisiè-
me en province par sa fréquentation, il est
l'un des fleurons de la Caisse nationale des
Monuments historiques et des Sites qui a
nommé, depuis 1990, un administrateur à la
tête d'une équipe dynamique, encourageant
ainsi le développement de nombreuses ani-
mations culturelles à la fois en direction du
grand public mais aussi des scolaires, tout
en contribuant, avec l'appui de la Direction
régionale des Affaires culturelles, au dévelop-
pement économique de l'Alsace centrale. □
 
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