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Biller, Thomas
Haut-Koenigsbourg — Paris, 1996

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https://doi.org/10.11588/diglit.4737#0026
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Le destin d'une ruine

23. Cette photographie montre
l'état du donjon avant sa restau-
ration en 1902-1903.

24. Quelques points sont
communs entre le projet de
restitution de Charles Winkler
présenté ici et celui, postérieur,
de Bodo Ebhardt; des diffé-
rences existent toutefois en ce
qui concerne la pente et le
nombre de toits notamment.

25. Sur cette lithographie de
Meunier, datée de 1828, les
vestiges du logis et des enceintes
extérieures demeurent importants.

Au-delà du romantisme lié aux ruines, la question de leur conservation,
de leur restauration ou de leur reconstruction se posa aux historiens
comme aux architectes européens du XIXe siècle. Elisabeth Castellani
resitue la restitution du Haut-Kœnigsbourg dans ce contexte.

La peur du passé

Forteresse des Habsbourg au début du
XVIIe siècle, le Haut-Kœnigsbourg est détruit
en 1633 par les Suédois pendant la guerre
de Trente Ans. Louis XIV, en qualité de sou-
verain de la province d'Alsace, donne le châ-
teau, devenu français et ruiné pour la seconde

les premiers à étudier, à partir de 1750, les
murailles effondrées et les châteaux forts au
charme sinistre. Des femmes s'y intéressè-
rent aussi, dont Mlle de Mortemart qui écrivit
en 1769: «Il est tout en décombre, mais
encore très grand. On y distingue un péristyle
voûté, soutenu par deux piliers en colonnes

fois, aux comtes de Sickingen. Le XVII1' siècle
considérait les régions montagneuses, avec
leurs forêts sombres et leurs ruines, comme
un monde dangereux habité par des sauva-
ges et que l'on évitait. Au XVIIIe siècle, cette
crainte s'atténua et l'on raisonna d'une maniè-
re plus pragmatique: les ruines furent pillées
par ses différents propriétaires ainsi que par
les habitants des villages voisins, et exploitées
comme carrières de pierres. Puis, en 1865, elles
furent achetées par la commune de Sélestat.
Rêver du passé

Les romantiques alsaciens venus d'outre-
Rhin, influencés par Rousseau et sa philo-
sophie de la nature ou bien par les idéaux
égalitaires de la Révolution française, prônés
par Schœpflin ou le marquis de Pesay, furent

et deux autres étages aussi voûtés. On voit le
lavoir et les cheminées des cuisines.»1
La Révolution donna une nouvelle interpré-
tation des ruines - autrefois des éléments
de l'histoire locale - pour en faire des sym-
boles nationaux de la liberté et de la grandeur
du passé français. Mais, dans la première
moitié du XIXe siècle, les peintres et les poètes
s'emparèrent de ce sujet et imaginèrent les
ruines avec des chevaliers, des bandits ou
des animaux. Ainsi, le poète strasbourgeois
Chrétien Maurice Engelhardt écrivait en 1821 :
«Jadis y résonnaient les trompes des hé-
rauts/Gentes dames dansaient avec les
hobereaux/Mais aujourd'hui ce n'est que
désolation/Les murailles s'écroulent dans la
consternation.»2 Il publia en 1817, avec Daniel

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