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Biller, Thomas
Haut-Koenigsbourg — Paris, 1996

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https://doi.org/10.11588/diglit.4737#0050
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Le symbole allemand

Classée monument historique en 1862, la ruine du Haut-Kœnigsbourg,
offerte à Guillaume II, devint un symbole de l'Empire allemand, dont on
retrouve quelques traces discrètes sur l'édifice. Par Monique Fuchs.

Bien que de nombreuses restaurations de
monuments du Moyen Age aient été entrepri-
ses en France au XIXe siècle, sous l'impulsion
de Mérimée et de Viollet-le-Duc, la nostalgie
de cette époque fut ressentie en Alsace
comme une tendance typiquement alleman-
de1. Déjà, dans les premières années du XIX
siècle, des édifices romans ou gothiques

57. La silhouette du Haut-
Kœnigsbourg est devenue,
après 1870, l'emblème du
pouvoir allemand en Alsace.

avaient été restaurés dans cette région ; néan-
moins, les projets vont se multiplier après
l'annexion en 1871 : étude d'une seconde
flèche pour la cathédrale de Strasbourg en
1880, restauration de l'église Sainte-Foy de
Sélestat par Charles Winkler en 1893, restau-
ration de l'église Saint-Pierre-le-Jeune de Stras-
bourg par Cari Schàfer après 1897, etc.
Quelques travaux de consolidation avaient été
effectués au Haut-Kœnigsbourg, dès 1860,

sous l'égide de la Société pour la conser-
vation des Monuments historiques d'Alsace
et du préfet Migneret. Souhaitée par les his-
toriens avant 1870, réclamée par Winkler
auprès des autorités municipales de Sélestat
avant la guerre franco-prussienne, cette res-
tauration n'avait donc a priori rien d'allemand.
Toutefois, cette ruine devint un symbole de
l'Empire allemand lorsque le 4 mai 1899, le
maire de Sélestat l'offrit, avec un terrain de
cinq hectares comprenant une seconde ruine,
à Guillaume II de passage en Alsace; celui-
ci accepta ce cadeau avec empressement.
Quoique propriété privée de l'empereur, les
journalistes y virent immédiatement un sym-
bole impérial2. La presse sélestadienne, quant
à elle, tenta de se persuader que les racines
des Hohenzollern se trouvaient dans le val
de Ville et à l'Ortenbourg3. Pour Guillaume II,
ce château fut l'occasion rêvée de marquer
d'une borne symbolique l'ouest de son Em-
pire, le château teutonique de Marienburg en
constituant la borne orientale.
Comme il n'était pas envisageable de deman-
der aux Alsaciens-Lorrains de financer la res-
tauration d'une propriété privée de l'empereur,
il fut décidé d'en faire un musée. Une étude
sur les retombées économiques démontra
que l'afflux des touristes serait bénéfique
pour la région et justifiait la construction d'un
hôtel à Thannenkirch.

Ces prévisions, confirmées depuis, incitèrent
l'empereur à solliciter, pour moitié, la partici-
pation financière des Alsaciens-Lorrains. En
1901, l'acceptation par le Landesausschuss
- sorte de parlement régional - d'un principe
de parité, sur la base d'une première estima-
tion de l'ordre de 1 400 000 marks, conduisit
Guillaume II à abolir le paragraphe dit de la
Dictature - hérité du code napoléonien -
autorisant le statthalter (représentant de
l'empereur dans la région) à recourir à des
mesures d'exception en Alsace-Lorraine; ces
mesures visaient plus particulièrement les
journalistes et les associations. En effet, cette
région ne bénéficiait pas, sur le plan consti-
tutionnel et économique, du même statut
que les autres provinces allemandes.

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