Bulletin de la Société pour la Conservation des Monuments Historiques d'Alsace (2.Sér. 11.1879-1880(1881))

LE

CIMETIÈRE GALLO-ROMAIN

DE STRASBOURG.

rES premières données sur l’antique cimetière romain
» de Strasbourg ne remontent qu’au seizième siècle,
jmais il n’est guère possible que son existence n’ait
été révélée plus tôt. Bien avant le quatrième agrandissement
de la ville de Strasbourg, les ingénieurs du moyen âge
avaient percé une trouée dans la voie romaine et ses abords
en élevant la tour Blanche pour la défense de la ville. Le
reliement de cette tour avec celle du même nom, près de
l’église de Sainte-Aurélie, et avec la tour de Cronenburg en
1374, puis l’établissement du moulin aux huit tournants en
1439, avaient entamé la nécropole des deux côtés de l’an-
tique route, appelée encore à cette époque «chaussée en
pierre». Dans toutes ces occasions des sépultures ont dû
être mises au jour, mais le fait n’a pas été noté, comme
bien d’autres détails, que dans leur laconisme les chroni-
queurs antérieurs à Speckel ont passés sous silence.

Il nous reste de cet ingénieur strasbourgeois un passage
très-intéressant publié par Silbermann dans son Histoire locale
et dont voici la traduction : «Lorsqu’en juillet 1568 le magis-
trat fit abaisser le terrain qui s’élevait immédiatement au sortir
de la ville par la porte Blanche, dans la direction de Saint-Gall,
et que le sol fut creusé jusqu’à une profondeur de huit à
douze pieds, on rencontra plus de cent urnes en grés, con-
tenant chacune des cendres et des ossements humains
calcinés. Parmi les vingt et quelques cercueils en pierre