9. Ambrosius Benson, Sainte Madeleine lisunt,
jadis Londres, gal. William Hallsborough
10. Ambrosius Benson, Sainte Madeleine,
New York, collection Richman Proskauer
qui cst mi peu mis a toutes les sauces, a quel point la peinture flamande de l'extreme fin du
gothicfue ćtait en train de s'engourdir et de se scleroser, et a quel point par conseąuent les ten-
tatives dc renouvellement des Flamands qui cherchaient a s'appuyer, parfois maladroitement,
surl'exemple des Italiens, etaient justifiees etnecessaires.
Ambrosius Benson s'y est essaye lui-meme dans cette autre Sainte Madeleine (Collection
Proskauer, New York) (fig. 10), ou il a au moins introduit un minimum d'action en represen-
tant la sainte au moment oii elle souleve le couverclc du vase de nard. Les rapports avec 1'Italic
et avec la peinture lombarde sont iei beaucoup plus marques.
La vogue des Madeleines a ete encore beaucoup plus grandę quo celle des sibylles, sans doute
parce qu'elles donnaient lieu a la fabrication tantót de portraits, tantót de cliarmants tableaux
de genre, dans lesquels les dames des classes cultivees se plaisaicnt a retrouvcr le reflet de leur
elegance et de leur raffinement. Ces Madeleines minaudieres, dont le Maitrc des Demi-Figures
est 1'intarissablc specialiste, etaient comme le pendant feminin de ces non moins nombreux
Saint Jeróme a l'etude, qui ornaient le cabinet de travail des gens d'eglise et des savants.
Que les dames se soient volontiers fait peindre sous 1'apparcnce de la pecheresse me parait
assez bien demontre par ce tableau de la National Gallery (fig. 11). Je pense bien qu'il s'agit
d'un portrait, mais je doute qu'il soit flamand. U pourrait etre anglais ou franęais, voire portu-
gais. Les ornements, en formę de noeud, du collier ont quelque chose de manuelin... Cette jcune
femme serre entre ses deux mains le vase d'orfevrerie. Mais celui-ci a ete une fois de plus ajoute
apres coup. Les rayons X ont revele que la jeune personne tenait d'abord un livre de prieres.
Seulemcnt le changement a ete apporte cette fois par Tauteur du portrait lui-meme, tres pro-
bablement a la demande du modele, qui aura trouve plus seant, plus convenablc d'etre repre-
sentćc en Madeleine.
58
jadis Londres, gal. William Hallsborough
10. Ambrosius Benson, Sainte Madeleine,
New York, collection Richman Proskauer
qui cst mi peu mis a toutes les sauces, a quel point la peinture flamande de l'extreme fin du
gothicfue ćtait en train de s'engourdir et de se scleroser, et a quel point par conseąuent les ten-
tatives dc renouvellement des Flamands qui cherchaient a s'appuyer, parfois maladroitement,
surl'exemple des Italiens, etaient justifiees etnecessaires.
Ambrosius Benson s'y est essaye lui-meme dans cette autre Sainte Madeleine (Collection
Proskauer, New York) (fig. 10), ou il a au moins introduit un minimum d'action en represen-
tant la sainte au moment oii elle souleve le couverclc du vase de nard. Les rapports avec 1'Italic
et avec la peinture lombarde sont iei beaucoup plus marques.
La vogue des Madeleines a ete encore beaucoup plus grandę quo celle des sibylles, sans doute
parce qu'elles donnaient lieu a la fabrication tantót de portraits, tantót de cliarmants tableaux
de genre, dans lesquels les dames des classes cultivees se plaisaicnt a retrouvcr le reflet de leur
elegance et de leur raffinement. Ces Madeleines minaudieres, dont le Maitrc des Demi-Figures
est 1'intarissablc specialiste, etaient comme le pendant feminin de ces non moins nombreux
Saint Jeróme a l'etude, qui ornaient le cabinet de travail des gens d'eglise et des savants.
Que les dames se soient volontiers fait peindre sous 1'apparcnce de la pecheresse me parait
assez bien demontre par ce tableau de la National Gallery (fig. 11). Je pense bien qu'il s'agit
d'un portrait, mais je doute qu'il soit flamand. U pourrait etre anglais ou franęais, voire portu-
gais. Les ornements, en formę de noeud, du collier ont quelque chose de manuelin... Cette jcune
femme serre entre ses deux mains le vase d'orfevrerie. Mais celui-ci a ete une fois de plus ajoute
apres coup. Les rayons X ont revele que la jeune personne tenait d'abord un livre de prieres.
Seulemcnt le changement a ete apporte cette fois par Tauteur du portrait lui-meme, tres pro-
bablement a la demande du modele, qui aura trouve plus seant, plus convenablc d'etre repre-
sentćc en Madeleine.
58