Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Bulletin du Musée National de Varsovie — 6.1965

DOI Heft:
No. 1
DOI Artikel:
Secomska, Krystyna: "Martyrium SS. Crispini et Crispiniani MM" et un tableau néerlandais du début de XVI e siècle
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.17160#0013
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
Dans le present article je voudrais donner une analyse de certains problemes iconographiques
et historiques concernant le sujet de cette peinture.

L'interpretation traditionnelle du sujet (le „Martyre de la Legion Thćbeenne") parait insuffi-
sante pour expliquer toute la serie de scenes que ce tableau contient; pas plus que 1'autre version
suggeree par M. Białostocki qui y voyait le „Martyre de 10.000" (de St. Acace et de ses com-
pagnons)14.

La legendę de St. Maurice et des soldats de la Legion Thebeenne qui ayant refuse de rendre
bommage aux dieux palens, furent massacres par 1'ordre de 1'Empereur Maximien a Agaunum
(Agaune-en-VaIais en Suisse), etait celebrę au Moyen-Age15. St. Maurice, le patron des cheva-
liers, est souvent represente dans la peinture et la sculpture medievalelc. Toutefois le sujet
du martyre de la Legion est assez rare dans l'art de cette epoque17.

En ce qui concerne la legendę de St. Acace et d'autres legionnaires romains martyrises sur
le Mont Ararat18, ce sont les tableaux fameux de Diirer19 et de Carpaccio20 qui font entrer cette
scenę dans le repertoire iconographique de 1'art europeen (bien que St. Acace lui-meme figurę
souvent dans les peintures mćdievales)21.

Mais, la peinture de Varsovie represente-t-elle vraiment le martyre de 10.000 Chretiens?
Certainement pas.

A present, grace a l'observation de Mile Nicole Verhaegen du Centrę des Recherches „Pri-
mitifs Flamands" (Bruxelles), nous sayons que c'est le cas de la „mise-en-scene" simultanee
frequemment appliquee dans l'art medieval et surtout dans la peinture neerlandaise22. Or,
nous avons a faire a la representation des scenes successives de la legendę de deux saints martyrs.

Qui peuvent-ils etre? Dans la bagiographie medievale on rencontre souvent tels ,,saints
jumeles" qui ont rendu mćmorables leurs noms par 1'apostolat et par leur mort heroique: St.
Cóme et St. Damien, St. Gervais et St. Protais, St. Nazaire et St. Celse etc.23

Cependant la comparaison de notre tableau avec les textes de ces legendes prouve qu'il illustre
les scenes de la vie de St. Crepin et St. Crepinien.

Ces deux martyrs, aujourd'hui presque completement oublies, jouissaient au declin du
Moyen-Age d'une enorme popularite24. Ils vecurent au Ule siccle25. Cetaient deux freres, de-
scendant d'une noble familie romaine. Ils se firent chretiens et partirent en Gaule pour con-
vertir les paiens. Ils ont habite a Soissons (S u-.essio) et ,,de gentilshommes ils se font cordonniers"26.
Pour gagner de nouveaux coreligionnaires ils faisaient des chaussures aux pauvres gens gratui-
tement, ce qui rappelle le motif de la legendę de St. Cóme et St. Damien, deux medecins mag-
nanimes, surnommes „Anargyres" (ceux qui n'acceptent pas d'argent) — contrairement aux

14. J. Białostocki, M. Walicki, op. cit.

15. Acta SanctoTum Septembris VI (22.IX); Cf. L. Reau, Iconographie de Fart chrttien, III/II, Paris, 1958, pp. 935-939,
Cf. aussi: Bibliolheca Hagiografica Latina, pp. 841 — 844.

16. K. Kunstle, Ikonographie der christlichen Kunst, II, Freiburg im Br., 1926, pp. 448—449; L. Reau, op. cit., pp. 937—938.

17. K. Kunstle, op. cit., L. Reau, op. cit.

18. Acta Sanctorum Iunii III (22.IV); Cf. K. Kunstle, op.cit., pp. 25 — 27; L. Reau, op.cit., III/I, pp. 13 — 15.

19. Martyre des 10.000 Chretiens peint en 1508 (Kunsthistorisches Museum, Vienrie); Cf. F. Abbad ,,Carpaccio, Diirer et le
Greco" dans Yenezia e FEuropa. Atti del XVIII Congrcsso Internationale di Storia deWArte. Venezia, 1956, pp. 214 — 219.

20. Martyre des 10.000 Chretiens (Galleria dell'Aceademia, Venise). Le tableau de Carpaccio fut probablement inspire par
celui de Diirer; Cf. F. Abbad, op. cit.

21. Son culte special en Allemagne, ou il fut rangć parmi les Quatorze Intercesscurs, ćtait un pbćnomene isolć. Kunstle et
Rćau citent des exemples de representations des scenes de sa Ićgende dans la peinture allemande du XIIIe et du XVe s.

22. Opinion orale de Mile Verhaegcn, exprimće pendant son sejour a Varsovie en mai 1964.

23. L. Reau, op.cit., III/I, pp. 332-334; III/II, pp. 588-589.

24. E. Małe, L'art religieux de la fin du Moyen-Age en France, Paris, 1925, pp. 158, 171, 172, 180-182; K. Kunstle,
op. cit., pp. 171 — 173; Cl. H. Jumon, ,,Le Mystcre des Saints Crepin et Crepinien sur un tableau du XVIe s., a la ca-
thćdrale de Clermont-Ferrand", Revue d'Auvergne, XLII, 2, 1928, pp. 99 — 103; J. Braun, Tracht u. AUribute der Heiligen
in der Deutschen Kunst, Stuttgart, 1943, col. 442 — 446; L. Reau, op.cit., pp. 350 — 353.

25. Acta Sanctorum Octobris XI (25.X). Les bollandistes ont publie le texte de cette legendę nui se repetę dans beaucoup
de manuscrits lutins du Moyen-Age. Dans mon bref resume je me base sur ce texte.

26. Cf. Cl. H. Jumon, op. ci!., p. 99.

7
 
Annotationen