Bulletin du Musée National de Varsovie (12.1971)

reprise, sans commentaire, par B. Filarska ainsi que par G.M. Richter" qui ne connait la gemmę
que par la publication de Furtwangler, croyant la gemmę perdue et ne sachant pas sa location
actuelle aii Musee National de Varsovie.

Le genre meme du verre, assez translucide, incline Filarska a attribuer cette oeuvre a un
atelier alexandrin du ler siecle qui devait produire cette glyptique ,,pour les masses". Elle
propose aussi d'y voir une repliąue (1'une gemmę en pierre du III siecle avant n.ć. Parmi les
deux techniques de reproduction (empreinte directe ou transposition par Fintermediaire d'un
moule en argile),' ćvidcmment cet exemplaire est un „double" en creux de 1'original.

Ainsi Forigine du produit met naturellement sur la tracę d'y voir un portrait d'un des Pto-
lemees. En effet le bandeau royal serrant scs cheveux ne laisse pas de doute. Par suitę du manque
de portraits siirs, toute notre connaissance des images de ces souverains est basee sur leurs
monnaies.8 Le fort menton proeminent, 1'oeil grand ouvert caracterisent deja les images du
fondateur de la dynastie, Ptolemee I Soter,9 et les portraits sculptes qui lui sont attribues.10
Mais le style en est dur, les muscles tendus, les cheveux ćbouriffes.11 Cela ne correspond pas
du tout au style de notre gemmę en verre ou la chair est molle, les muscles inexistants, les clieveux
souples. Or, deja dans les images monetaires du souverain suivant apparait un net changement
de style, manifestant plus de rondeur et de mollesse.12 II suffit de voir les monnaies de Ptolemee
II reprćsentant sur une face Ptolemee I et Berćnice, sur Pautre Ptolemee II et Arsinoe.13 Bien
que la puissance des portraits de Ptolemee I est affaiblie (absence de la musculature), les traits
restent marques et les cheveux en bataille (fig. 2).

Sur Fautre face de ces monnaies, Ptolemee II (fig. 3)14 lui ressemble beaucoup, mais le nez
est plus droit, moins prochu, la ligne du menton plus molle, la Ijouche moins avancee, les cheveux
plus applatis et, contrairement a son pere, il porte des fa-.oris (descendant meme sur les monnaies
au-dessous de 1'oreille). Tous ces traits s'adaptent parfaitement au personnage representć sur
notre gemmę en verre. Aussi Fattribution rapide de Furtwangler trouve sa justification com-
plete dans les documents archćologiques.

La gemmę et les monnaies possedent ćgalement un fort lien avec le fameux Camee Gonzague
de 1'Ermitage (fig. 4). Furtwangler15 avait propose de le lier a un camee du meme genre de \ienne
et d'interpreter le couple representć comme Alexandre le Grand et Olympias. Cette identifieation
est suivie j>ar Bernoulli,1" Bicber17 et Richter.18 Mais il semble exister d'importantes diffćrences
entre les deux tetes. Sur le camee de Leningrad le menton est plus proeminent, la bouche plus
molle, le nez a une pointę plus abaissće, l'oeil est immense (tandis que le personnage du camee
de Vienne Fa petit), enfin les poils rares des favoris lui descendent jusqu'au bas de la maehoire.

6. G.M.A. Richter, The Portraits nf the Grceks, London, 1965, p. 262, a.

7. Filarska, op.cil., II, p. 44.

8. J.N. Svoronos, Ta Nomismata tou Kralous ton Ptolemaion (Dii' Miinzen dur Ptolemaeer), Athencs, 1908.

9. Ibid., pis vn-xn.

10. Richter, op.cit., pp. 259—261, figs 1770—1774.

11. H.W. Smith, „Sculptural Stylo on Ptolcmaic Portrait Coins", Bcrylus, X, 1950—1951, pp. 26—29.

12. Ibid., p. 29.

13. Svoronos, op.cti., pl. XIV, 15-23, 25-31; Richter, op.ci!., fig. 1779.

14. Ibid., fig. 1781.

15. Furtwangler, op.cit.. pl. LIII, 1—2.

16. J.J. Bernoulli, Die erhaltenen Darstellungen Alexanders des Grossen, Miinchen, 1905, pp. 126—131.

17. M. Bicber, Alexander the Great in Greek and Roman Art, Chicago, 1964, p. 23, figs 3—4.

18. Richter, op.cit., p. 255; G.M.A. Richter, Engrated Gems oj the Greek and the Etruscans, London, 1968, p. 155, n° 611.

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