Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
naire. L'artiste tout comme les héios de ses diames et de ses romans, était poursuivi avant tout
par le désir de vivre intensément, véritablement, de trancher à son propre compte des problèmes
essentiels.

Les compositions "classiques" de Forme Pure étaient liées par un double lien avec la théorie,
co-créées avec elle. En écrivant, Witkacy profitait sans ambiguité dans une grande mesure,
de ses propres expériences picturales. Dans les schémas dessinés qui illustrent les démonstrations
sur les principes de composition des Nouvelles formes en peinture, on peut déchiffrer plus
d'une fois les systèmes de composition des tableaux de Witkacy lui-même ou de leurs fiagments.
En même temps, la peinture de Witkacy a mûri et précisé ses formes pour une bonne part en
conséquence de sa théorie. Les compositions dans lesquelles il a nettement développé et justifié
son programme esthétique, frappent avant tout par la violence toujours plus grande avec le
temps, du geste et l'éloquence tapageuse avec laquelle l'auteur démontrait ses raisons. Elles
obligent par le cri à ce qu'on leur porte attention, elles veulent à tout prix accrocher le regard
du spectateur blasé. Leur caractère dynamique qui vainc efficacement le calme de la tache
plate de couleur de rigueur dans le monde pictural de Witkacy, est souligné maintes fois par
les titres: "La Lutte", "La coupe des bois", "La lutte des éléments", "Perturbation générale".

La négation de l'illusion spatiale et le libre jeu de l'imagination qui nie la logique dans la
vie, que Witkacy hait tellement, doivent être ici une protestation contre la trivialité et le hasard
de la nature. Aussi les mots "Contes" et "Fantaisies" ne sont-ils pas rares non plus dans les
titres de ses tableaux. Le but est atteint par des moyens strictement appliqués selon sa propre
recette. Et par conséquent par des tensions orientées qui organisent la composition à travers
un fourré de figures de formes humaines et animales, de fleurs et de fruits fantastiques, de motifs
conférant de l'étrangeté au paysage de montagne et côtier, et enfin par la couleur — intense,
criarde même, à dessein non dépourvue de stridences aiguës, "perverses".

Le tableau le plus précoce du recueil, conçu déjà comme composition de Forme Pure, est
le Baiser duprince mongole dans le désert déglace (ill. 3), daté de 1915-1918, aquarelle avec gouache
et pastels11. C'est un exemple typique, bien qu'encore à système très simple, au coloris atténué,
de composition horizontale dans le paysage à division horizontale nettement accentuée et à
disposition triangulaire des figures. Cinq figures humaines et animales s'étagent calmement
en triangle à large base, répété dans le dessin des sommets de montagnes et accentuant en même
temps l'axe vertical. Dans le tableau à l'huile Le Conte (ill. 4) peint plus tard (années 1921-1922)12,
la composition sensiblement plus développée, opérant également avec la forme du triangle
et le principe de symétrie enrichit l'agencement d'une disposition presque en coulisses des fi-
gures dans un paysage diversifié et d'oppositions de tensions orientées qui se réduisent mutuel-
lement. On est frappé ici aussi par la richesse du coloris intense, par les juxtapositions méditées,
bien que pas encore perverses, de couleurs saturées, contrastantes, des verts et des rouges, du
bleu et du jaune, de l'orange et du violet. Le problème de la couleur avait particulièrement
retenu alors l'attention de l'artiste, comme en témoigne l'annotation à côté de la signature:
"P-j-NP (kolor) [couleur]" (P signifiant l'usage de tabac; NP—l'abstinence de tabac) ce qui
prouve que l'artiste a étudié l'influence de l'absence de la nicotine lorsqu'il a cessé de fumer
sur la pureté de la couleur du tableau. Ajoutons que c'est une des manifestations plus précoces
de ce genre d'auto-observation de l'artiste dans le processus créateur.

Il est bon de rappeler à cet endroit qu'il existait entre ces solutions assez éloignées des formes
intermédiaires de ce type de compositions. La couverture projetée en 1918 du livre de Kazi-

11. Exposé en 1919 sous ce titre: Katalog I-ej Wystawy Formistów Polskich, Hotel Polonia, "Warszawa, 1919, no 57.

12. Reproduit sous ce titre dans: K. Winkler, "Stanisław Ignacy Witkiewicz jako malarz i teoretyk sztuki", Przegląd Wie-
czorny, 1927, no 110, du 14 mai, p. 3.

36
 
Annotationen