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Bulletin du Musée National de Varsovie — 16.1975

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Jakimowicz, Irena: La collection de peintures de Stanisław Ignacy Witkiewicz (Witkacy): essai d'interpretation
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https://doi.org/10.11588/diglit.18860#0053
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sentiment de la dissonance intérieure de son art, auquel manquait dans une certaine mesure —
bien qu'il ait été fidèle aux principes théoriques — la spontanéité indispensable. A part cela,
le maintien dans le tableau, pour des raisons formelles, de l'objet auquel ont été, en même temps,
enlevées ses valeurs sémantiques, devait conduire à des malentendus. L'échec des principes
théoriques se rattachait en ce point à une autre erreur qui consistait à ne pas tenir compte du
mécanisme de réception de l'oeuvre d'art. Les oeuvres de Witkacy, à première vue, assez em-
brouillées, ne pouvaient en effet — en dépit de ses recommandations — donner directement
au spectateur une impression pure d'unité dans la multiplicité ; polarisant dans son imagination
les objets extraordinaires composés sur la toile dans des situations extraordinaires, le spectateur
cherchait la solution des signes cachés, ressentant en même temps, l'inassourisemeut précisément
de la forme, dominée par le grotesque. Ces sensations n'étaient pas dénuées de fondement.
Etant donné les penchants expressifs propres à Witkacy, l'objet dans le tableau était une trop
forte tentation à frauder des contenus cachés, de multiples obsessions. La peinture du propaga-
teur de la Forme Pure commençait à donner des manifestations de lutte contre la forme que
devaient pulvériser les contenus accumulés. Comme l'a déjà remarqué Stefan Szuman, la per-
sonnalité de Witkacy dépassait bien trop le cadre de la peinture et ne pouvait s'enfermer dans
]es catégories de la forme et du style14.

La renonciation à la peinture de Forme Pure expliquait la situation, laissant des contenus
indispensables à transmettre dans le domaine qu'il fallait: le drame, le roman, la critique, la
philosophie. Cette renonciation ne signifiait toutefois pas un abandon total de la peinture qui
fut ramenée au système quelque peu ironique et mystificateur de la Firme de portrait "S. I.
Witkiewicz", traitée avant tout comme source principale de revenus d'un peintre révolté. Son
règlement imprimé, édité à deux reprises par l'auteur — en 1928 et en 1932 — avait pour but
notamment de faciliter ses relations avec ses clients. Tout en définissant les conditions d'exécu-
tion et de paiement des portraits, il codifiait et précisait la division de ce genre utilitaire en
types, division qu'il avait d'ailleurs appliquée plus tôt déjà. Il en énumérait sept.

Le type A — convenant surtout aux visages de femmes, prévoit une exécution soigneuse,
avec tendance à accentuer la beauté du modèle, à l'embellir. Chose surprenante, on dût en com-
mander peu car les exemples rencontrés actuellement sont très rares.

Le type B — tout en observant une attitude objective à l'égard du modèle, permet un dessin
tant soit peu plus libre et une révélation très modérée des traits caractéristiques, sans préjudice
pour la "joliesse" dans les portraits de femmes. Un tel portrait est habituellement enrichi d'un
fond fantastique dans lequel les formes abstraites peuvent s'associer à des éléments de paysage
et même à des animaux. Ce type est, dans les collections du Musée, bien représenté notamment
par le Portrait de Madame Szarota, daté de 1924 (ill. 10). Tout comme le type suivant, il fait
partie de ceux qui sont le plus souvent rencontrés.

Le type B+d prévoit un renforcement de la caractéristique frôlant la caricature et un agrandis-
sement de la tête au-dessus de la grandeur nature. Dans les portraits de femmes, l'artiste admet
la conservation de la beauté et même son renforcement dans le sens du "démoniaque".

Le type C — en tant que "à la limite, composition abstraite, c'est-à-dire ce que l'on appelle
"Forme Pure"15 — était exécuté après usage d'alcool et de stupéfiants, donnant comme effet
une caractéristique subjective du modèle, intensifiée sur le plan psychologique et formel jusqu'aux
limites de la caricature.

14. S. Szuman (introduction dans le catalogue) Wystawa obrazów Stanisława Ignacego Witkiewicza oraz fiTmy portretowej "S.J,
Witkiewicz", Poznań, 1929; du même auteur, "Rzecz o zjawisku śmierci w sztuce i twórczości Stanisława Ignacego Wit-
kiewicza", Przegląd Współczesny, X, 1931.

15. Regulamin firmy portretowej "S.I. Witkiewicz", Warszawa, 1932, p. 5.

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