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Bulletin du Musée National de Varsovie — 16.1975

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Jakimowicz, Irena: La collection de peintures de Stanisław Ignacy Witkiewicz (Witkacy): essai d'interpretation
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https://doi.org/10.11588/diglit.18860#0055
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Le type D — devait atteindre les mêmes traits sans moyens artificiels.

Le type E — donnait une interprétation psychologique libre selon l'intuition de l'artiste.
Il pouvait être uni avec les types précités et, comme E + d, il donnait une caractéristique plus
marquée. L'auteur souligne que ce type n'est pas toujours possible à exécuter. Cela dépend
certainement de la possibilité d'établissement d'un contact psychique avec le modèle.

Le type enfantin — toujours dans la combinaison B + E. En raison de la mobilité du modèle
il prévoit une plus grande possibilité de croquis. Le portrait de Karol Krystal, daté de 1925,
est dans la collection du Musée (n° d'inv. Rys. W. 5612), un exemple typique.

Alors que les deux premiers types et le dernier apportaient des résultats déterminés et ne
réservaient pas de surprises, les autres permettaient d'obtenir des résultats variés. Le type E
prévoyait, non seulement par principe, de nombreuses possibilités; dans sa sphère entrait un
type supplémentaire, distinct, non dépourvu d'une nuance particulièrement ironique, appelé
"Alcoforado" — ordinaire ou "sur pied" dans lequel la tête est placée sur un socle rond. Dans
les collections du Musée, le Portrait de Izabela Drobnikowa (ill. 11), daté de 1929, en est un bon
exemple. Cette catégorie ne concerne que les portraits de femmes; elle est caractérisée par une
tête énergiquement relevée, abrégée et exprime une forte passion. Les célèbres lettres d'amour
de Mariana Alcoforado, religieuse portugaise du XVIIe siècle, à son infidèle amant, traduites
par Stanisław Przybyszewski, suggérèrent à Witkacy cette dénomination.

Le type C, le plus riche en variantes (et dans une certaine mesure, le type D aussi, qui répète
ses résultats) était quelque chose de bien plus qu'une autre variante du genre. En pratique,
exclu des commandes payées, il était traité par Witkacy avec le plus de sérieux comme étant
attribué à un espace distinct de l'Art Pur, pour la réalisation duquel il appliqua cette fois une
tout autre méthode. Elle consistait maintenant avant tout en une tentative d'expulsion de la
conscience du processus créateur même. Il s'agissait de s'affranchir des liens de la théorie, des
habitudes enracinées de l'oeil et de la main, de faire confiance à l'instinct qui enregistrait les
états de la réalité intérieure — du modèle et de l'artiste.

A vrai dire, Witkacy considérait que le portrait, s'il n'était pas une composition de Forme
Pure, était tout au plus un "jeu psychologique à l'aide de moyens artistiques", mais les expé-
riences avec divers stupéfiants, et même au fond, avec tous les narcotiques connus alors, le
conduisirent à créer, sinon des oeuvres d'art achevées, tout au moins quelque chose de "tout
à fait à part en son genre"16. Les expériences avec les narcotiques, poursuivies sciemment, et
même scientifiquement, lui permirent de se rapprocher autrement de l'idéal de Forme Pure:
en se détachant précisément des règles et des formules de style élaborées, Witkacy réussissait
parfois non seulement à atteindre le noyau de la réalité sur un secteur déterminé de contact
avec un autre être humain, mais aussi à obtenir de nouvelles valeurs de la forme au moyen du
mécanisme libérateur, purificateur d'automatisme du dessin.

Witkacy a exécuté de nombreux portraits, et peut-être même la plupart des portraits de type
expérimental, en tous cas, ceux qui furent dessinés sous l'effet de narcotiques plus puissants,
chez un médecin de Zakopane avec lequel il était lié d'amitié, Teodor Bialynicki-Birula qui
lui-même, était intéressé aux recherches scientifiques de ce domaine et qui veillait en tant que
médecin sur le déroulement des expériences. La situation était facilitée par le fait que de 1924
à 1933, c'est-à-dire jusqu'au moment du départ des Bialynicki de Zakopane, Witkacy habitait
chez eux17. Le catalogue de la collection qui s'est créée à la suite de ces séances, organisées avec

16. S.I. Witkiewicz, Nikotyna—Alkohol — Kokaina — Peyotl Morfina — Eter + Appendix, Warszawa, 1932, p. 62.

17. J.Z. Brudnicki, "Nieznane listy Witkiewicza", Nowy Wyraz, II, 1973, no 12; cf. commentaire à la p. 131-133.

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