Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Bulletin du Musée National de Varsovie — 16.1975

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Jakimowicz, Irena: La collection de peintures de Stanisław Ignacy Witkiewicz (Witkacy): essai d'interpretation
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.18860#0060
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
Les années suivantes, et surtout en 1930 et 1931, la cocaïne appliquée en doses plus grandes
et à tour de rôle avec de l'alcool, apportait en même temps qu'une limitation du coloris, un
trait nerveux, fin, tremblant jusqu'à devenir un enchevêtrement inextricable comme dans le
Portrait de Kazimierz Wierzyński (ill. 15), et surtout dans celui d'un visage anonyme dessin
en janvier 1931 (ill. 16). L'observation des réactions automatiques survenant directement dans
les portraits dessinés le jour même de la même personne avant et après usage ou augmen-
tation de la dose de stupéfiant confirme ce phénomène. Toutes les réserves faites au sujet
de l'action destructrice de la cocaïne à plus longue échéance mises à part, Witkacy souligne
sa propriété dans sa phase positive à intensifier extraordinairement les impressions visuelles,
à éliminer tous freins psychiques, à influer enfin sur les changements définis du caractère du
dessin et à inciter à certaines déformations. Il écrit clairement: "[...] je dois constater que dans
les dessins faits sous l'effet de la cocaïne administrée en petites doses, carrément enfantines
du point de vue d'un drogué invétéré — et ceci toujours combiné avec des doses relativement
grandes d'alcool, j'ai accompli certaines choses que je n'aurais pas accomplies à l'état normal"20.
La cocaïne en tant qu'ingrédient complétant d'autres stupéfiants avait effets différents.

En été de 1928, grâce à ses contacts avec la Société Internationale pour les Recherches Méta-
psychiques, Witkacy connut l'effet du peyotl, substance hallucinogène qu'il qualifia de nar-
cotique métaphysique. Ayant fait venir le produit21 pour son propre usage de Paris, en novembre
de la même année, il l'appliqua en décembre, pour la première fois, semble-t-il, pour dessiner
des portraits. Rien des visions extraordinaires, fascinantes que Witkacy émerveillé a décrites
en détail, n'est passé dans le matériel de dessin. C'était plutôt, l'effet, ce que note également
Witkacy, d'une sorte d'effervescence de l'imagination et du caractère des images préliminaires
qui apparaissent avant les visions proprement dites comme tourbillons et enchevêtrements
de fils fins de couleur sur fond sombre, comme bordures lumineuses rouges et violettes sur les
objets, traces des mêmes couleurs apparaissant sporadiquement avec adjonction de bleu et
de jaune, déformations d'objets réels, et ce sentiment, le plus apprécié par Witkacy dans le
peyotl, unique stupéfiant ayant ces propriétés — d'étrangeté de l'existence, sentiment semblable
à celui que procure la réception intense de la Forme Pure dans l'oeuvre d'art. En dessinant
en état de transe, Witkacy remarqua que son trait était différent, que l'effet était incalculable
et qu'il avait conscience du mouvement automatique de sa main, propriété caractéristique
du seul peyotl ainsi que des stupéfiants synthétiques similaires tels que la mescaline et
l'harmine de Merck.

Witkacy isola les portraits et dessins exécutés sous l'effet du peyotl comme type à part. Ils
n'ont toutefois pas un caractère homogène. Chose curieuse, le peyotl qui provoquait d'ailleurs
de plus longues périodes de non usage d'alcool, ne créait visiblement pas lui-même de conditions
suffisantes de transposition sur le papier des sensations vécues, en dehors de l'introduction
dans la composition du portrait d'éléments parfois fantastiques. Pris avec une petite quantité
d'alcool, il augmentait la crudité du coloris et un certain rythme des traits du dessin comme
dans le portrait de son modèle préféré, Nena Stachurska, de janvier 1930 (ill. 17), qui se trouve
dans les collections du Musée.

Mais le peyotl appliqué avec une dose de cocaïne et d'alcool apportait, surtout au cours de
l'année 1930, les réalisations formelles les plus surprenantes. Un dessin à traits denses, éner-
giques, épais, et comme un peu raidis aux couleurs intenses, brillantes, exécuté le plus souvent
sur des fonds sombres — noirs, marrons, violets, rouges — le visage étant souvent fortement
déformé — est caractéristique de ce groupe de portraits bien représentés au Musée par celui
d'Edwarda Szmuglarowska (ill. 18), oeuvre provenant de la collection de Teodor Białynicki-

20. S.I. Witkiewiez, Nikotyna..., p. 88.

21. Cf. la lettre de S.I. Witkiewicz à Teodor Biatyuicki-Birula datée du 27 noverabro (1928) de Varsovie, Bibliothèque Na-
tionale de Varsovie, ras. III. 7963.

50
 
Annotationen