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Bulletin du Musée National de Varsovie — 16.1975

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Nr. 4
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Sandoz, Marc: Les peintures decoratives de la Chambre des Seigneurs du Château de Varsovie: "aujourd'hui au Musée National de Varsovie
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https://doi.org/10.11588/diglit.18860#0128
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la grandeur du sacrifice, d'autant mieux que ce serait pour moi le plus grand que je pourrais
faire ; mais il ne faut pas abuser de votre douceur pour moi : je vous porterai une petite esquisse
de Vien coloriée, et je tâcherai d'obtenir de Boucher un dessin. Voilà la consultation que j'ai
fait faire à l'Académie des Belles-Lettres sur le sujet destiné pour Vien : "César débarquant en
Espagne, étant à Cadix, entre dans le Temple d'Hercule ; il y trouva la statue d'Alexandre,
qui le fit gémir de n'être pas encore aussi grand que lui." Les temples font toujours un bel
effet dans les tableaux en les enrichissant, et, comme vos tableaux sont en hauteur, l'architecture
remplira bien l'espace. Tout ce que vous me dites là-dessus est très raisonnable, mais nos peintres
ne se gouvernent pas comme on voudrait ; je suis devenue leur amie parce que je les vois souvenet,
les fais beaucoup travailler, les caresse et les loue, et les paye très bien. Je vous promets de
faire l'impossible pour que votre confiance en moi ne soit pas tout à fait aveugle..."8.

Louis Réau a eu la bonne fortune d'être mis en présence de l'inventaire manuscrit, resté
inédit, des collections d'art français du roi Stanislas-Auguste, et il a publié ce précieux document9.
On y trouve mentionnées trois "esquisses" se rapportant à trois des tableaux de la décoration :
ceux de Vien, Halle et Lagrenée10. Nous avons vu que le roi avait accepté d'y renoncer, au
moins pour celles de Boucher et de Vien. Mme Geoffrin écrit qu'elle "portera une petite esquisse
coloriée de Vien", à une époque où il était question de son fameux voyage à Varsovie, qui eut
lieu, en effet, dans l'été de 1766. On pourrait donc supposer que Mme Geoffrin a fait rapidement
faire par ses "amis" peintres, avant de partir, trois esquisses, qu'elle aurait remises à Stanislas-
-Auguste. Ces esquisses, qui se trouvaient au château de Jabłonna, aux portes de Varsovie, ont
disparu au cours des hostilités de 1939 à 1945.

Nous apprenons ensuite qu'une des peintures sera consacrée à un sujet de Pompée. Quelque
difficulté s'est sans doute élevée entre le roi et Mme Geoffrin, car celui-ci, qui teint à ses idées,
lui écrit : "...Il me parait qu'à force de subtiliser, vos illustres se sont rendu le sujet de Pompée
plus difficile qu'il n'est. Pourquoi supposer la nécessité de deux barques où il n'en faut qu'une ?
Pourquoi ne pas mettre Théodotus avec sa suite, à terre, et César sur sa chaloupe, dont la
flotte remplirait le lointain ? Mon dessin et mon explication raisonnée rendaient tout cela, ce
me semble, assez clair et facile, Mais enfin si tent est qu'aucun habile peintre ne veuille pas
s'en charger à Paris, je tacherai de le faire ailleurs. Mandez-moi seulement laquelle des quatre
places on laisse à ce tableau pour que je sache dire au peintre dans quel jour il sera placé, de
même que la grandeur des figures employées dans les autres, et la mesure et la forme exactes
de la toile..."11. Nous verrons que Stanislas-Auguste ne mit pas sa menace à exécution.

S. Lettre du 13 mars 1766 {Correspondance..., op. cet. p. 218-219).

9. "Catalogue des oeuvres d'art français de la collectic-D du roi de Pologne Stanislas-Auguste", Archives de l'art français,
XII, 1932, p. 227-248. Catalogue de la collection de Stanislas-Auguste est publié en polonais par T. Mańkowski, Galeria
Stanisława Augusta. Lwów, 1932 ; les taleaux commandés en France y sont notés : Hallé no 867, Lagrenée no 870, Vien
no 868,869.

10. Nos 1019 (Vien, La continence de Scipion), 1016 (Hallé), 1023 (Lagrenée), Elles mesuves chacune 36x19 cm. Elles sont
indiqués comme se trouvant à Jabłonna. Aucun inventaire ni catalogue ne les mentionne. Elles ne paraissent pas avoir
été transporté à l'Ermitage, où ne les avons pas retrouvées dans les documents publiés. Si elles ont effectivement existé9
et si elles ont été effectivement déposées à Jabłonna, elles paraissent avoir été détruites au cours des hostilités de 1939-1945.
Outre ces 3 esquisses de lu collection royale, on a noté les esquisses suivantes : N. Hallé, Scîlurus : esquisse à l'Institut
Courtauld, Londres, reproduite Diderot, Salotis, III, 1767, Oxford 1963, fig. 11 ; un dessin de cette composition par Hallé
a été exposé au Salon 1769 (cf. Diderot, op. cit. IV, p. 74). Lagrenée, La tête de Pompée : une "esquisse d'un tableau fait
pour l'étranger" passe à la vente de Lemoyne (10 août 1778) no 31 ("toile 14 pouces de haut sur 10 pouces") ; elle semble
être une autre esquisse (pie celle que mentionne l'inventaire du roi Stanislas-Auguste (dont les dimensions ne concordent
pas avec celle-ci) et pourrait être l'ébauche de toute premiere pensée du tableau. Aeucune de ces esquisses n'est mentionnée
au catalogue manuscrit de Langrenée (voir plus loin). Vien, César devant la statue d'Alexandre : une esquisse au Musée
d'Arras, mesurant 44x 24,5 cm, reproduite: Supplément à la Gazette des Beaux-Arts, LXXIII, no 1201, février 1969
Chronique des Arts, p. 14, no 55.

11. Lettre du 6 juin 1767 (Correspondance... op. cit., p. 290).

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