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DES POUMONS.
bre tic petits conduits. Ainsi donc, quel que soit le point que
l'on observe, partout des canaux; des vésicules, nulle part.
Tels sont, dans leurs généralités , les véritables capillaires
aériens des poumons, non seulement dans l'homme, mais dans
les mammifères. Ces canaux contournés sous toutes les inclinai-
sons, circonscrivant entre leurs anses des trajets sinueux que
parcourent les vaisseaux, et s'abouebant tous les uns dans les
autres, donnent l'idée d'un espace très divisé à milliers d'em-
branebemens tortueux, incessamment continu avec lui-même,
et où il n'y a rien de terminal que l'orifice d'entrée où se
trouve également ramenée la sortie ; c'est en un mot l'image
d'un véritable labyrinthe à trois dimensions, ce qui m'a engagé
à nommer ces conduits canaux labyrintliiques aérifères, pour les
distinguer des canaux ramifiés, qui forment la terminaison de
l'arbre bronchique. D'après cette définition, il est clair que le
lobule, avec son unique orifice aérien, ne fait que reproduire
en petit les poumons eux-mêmes, dont la trachée est également
le canal d'entrée et de sortie.
Mais alors comment la forme vésiculaire a-t-elle donc été si
nettement spécifiée et si absolument admise? Pour se rendre
raison de ce fait, il suffit de remonter aux premières observa-
tions de Malpighi, point de dépari de tous les travaux ulté-
rieurs. «Les vésicules, dit ce grand anatomiste, se montrent
remplies d'air à la surface des poumons. » A la vérité, il ajoute
qu'elles se voient même dans leur profondeur, le tissu privé
d'air; mais il est évident que l'image des premières, une fois
perçue, il n'a pas supposé que la forme intérieure pût être
différente. Toutefois, d'après ce qu'il a dit de prolongemens
sinueux, il est probable que la forme réelle ne lui aurait point
éebappé, et qu'il aurait complété sa découverte, dans les dé-
tails, s'il n'avait été préoccupé de prouver le fait principal de
la texture membraneuse. Quoi qu'il en soit, l'existence de la vé-
sicule ayant été posée par lui, l'aspect extérieur qui l'avait séduit
a également induit en erreur les anatomistes qui lui ont succédé1.
J'ajouterai que le même aspect, sensible 'sous les plèvres, se
présente également sur les parois des plus minces tuyaux bron-
ebiques et sur celles des ramuscules sanguins observés par leur
intérieur. Ces vésicules apparentes ne sont que des sommets de
coudures et les adossemens de canaux flexueux dont le micros-
cope fait voir les profondeurs et les aboucheniens. Néanmoins
sur les surfaces terminales sous-pleurétiques et vasculaires, ces
diverticules sont généralement plus prononcés que dans la pro-
fondeur du poumon. Maintenant nous savons que répondre à
cette question : Existe-t-il des ccecums suivant l'opinion deReis-
seisen? Oui sans doute, sous le poids du mercure, encore aidé
par une pression qui exagère et distend les flexuosités j usqu'à pro-
duire des ruptures, comme cela paraît être arrivé à l'auteur al-
lemand 1 ; mais ces ccecums artificiels, identiques avec ceux des
ganglions lymphatiques remplis de mercure, ne sont nullement
des extrémités terminales. Sur un lobe de poumon frais injecté
de cette manière, on peut faire glisser le métal d'une cavité dans
1 Hoc démontrât sensus in pulmonibus 'mox ab animalibus erutis, in
quibus aëre turgentibus perspicillis observanlur in extima superficie infi-
ni tae penè vesiculae aère turgidœ; easdem etiam in eodem secto per médium
pulmone, et aëreexinanito observare est, licet minores et minus conspi-
cuas ; clarius et felicius in pulmone inflato, et mox exsiccato reperiuntur,
quia in extima superficie protubérantes emergunt orbiculi , et in secta
qualibct parte foverc, et sinuosœ pvopcujines levi extensa membrana effor-
matae videntur. Op. cit., e.p. i.
2 Hydrargyrum in pressu ad?vesiculas usque propulsum, in reticulum
capillare continuo pénétrât, indeque profusum, vesiculas explet.
Reisseisen, Op. cit., p. 16.
l'autre; mais à l'état sec, si on enlève la paroi de revêtement,
en secouant un peu, le mercure s'écoule, et l'on voit les commu-
nications canaliculaircs qu'il cachait. Au reste, ce dernier in-
convénient est commun à toutes les injections de matières so-
lides dans les canaux aériens. Le vice du procédé est le même;
toujours l'opacité du premier plan, qui empêche de rien voir
au-delà , et annule le bénéfice du grossissement.
11 ne me reste plus qu'à tracer les caractères anatomiques des
capillaires aériens.
i0 Canaux capillaires ramifiés ou bronchiques.
Je renferme sous cette dénomination les derniers ramus-
cules aériens qui forment la terminaison de l'arbre bronchique
dans les canaux labyrintliiques. Le nombre de leurs subdivi-
sions dépend du lieu de leur origine, et n'est jamais considé-
rable. Mais, pour comprendre ce mode de ramification , il faut
remonter au rameau central lobulaire. (Pl.^fig. i.)
En rappelant ce qui a été dit plus haut, chaque lobule reçoit
ordinairement un seul rameau bronchique central, qui forme
l'arbre commun de ses divisions aériennes. Si le lobule est d'un
grand volume, il peut y entrer deux ou même trois de ces ra-
meaux, de longueur inégale; les plus faibles se perdent latérale-
ment; un seul, qui est le principal, atteint la base périphérique
du lobule, et la contourne en se ramifiant jusque vers l'un de
ses angles qui forme le sommet terminal. A partir de cet arbre
central décroissant, naissent en succession alterne, dans toutes
les directions, des ramuscules secondaires, d'abord assez volu-
mineux, et graduellement de plus en plus faibles comme l'arbre
central lui-même. Les plus grands forment trois subdivisions,
et les moyens, deux, avant de se jeter dans les canaux labyrin-
thiques ; les plus petits s'y jettent immédiatement après un
court trajet. On voit déjà que le nombre des subdivisions est
bien plus limité que ne le croit Reisseisen 3.
Caractères anatomiques. D'abord rectilignes ou légèrement
sinueux dans leur tige ; flexueux dans les seconde et troisième
divisions; flanqués par les ramuscules de l'artère pulmonaire;
un demi à un quart de millimétré de diamètre, sur une lon-
gueur de trois millimètres à un seul ; cylindriques; la paroi cir-
culaire épaisse, lisse, paraissant formée de deux feuillets, rem-
plie de capillaires sanguins des vaisseaux bronchiques et des
artères pulmonaires; laissant voir en demi-transparence les cou-
dures adossées des canaux labyrintliiques.
Mode de terminaison. La forme la plus ordinaire est celle-ci :
Le capillaire bronchique, dans son trajet, ouvre d'abord sur
ses parois dans un ou plusieurs canaux labyrintliiques, dont les
orifices sont perpendiculaires à sa direction. Au-delà, il se
termine par un petit renflement irrégulicr, sinueux, alongé,
unique, bifide ou trifide, criblé, dans chaque compartiment,
par un ou plusieurs orifices labyrintliiques, et s'abouebant au
fond avec l'un d'eux qui fait suite au canal d'origine. Ce sont
bien là les ampoules sinueuses, indiquées par Malpighi comme
intermédiaires entre la trachée et les vésicules 4. Ce sont elles
aussi que Reisseisen a dessinées à un grossissement de trois dia-
mètres (Tab. 2,fig. i, 2), et qu'il donne à tort comme termi-
nales, sans rendre raison des grands espaces vides qui les sépa-
3 Voyez la citation, p. 56, factâ deinum partitione multiplici, etc.
4 Id., In ampullosos sinus facessens, etc.
DES POUMONS.
bre tic petits conduits. Ainsi donc, quel que soit le point que
l'on observe, partout des canaux; des vésicules, nulle part.
Tels sont, dans leurs généralités , les véritables capillaires
aériens des poumons, non seulement dans l'homme, mais dans
les mammifères. Ces canaux contournés sous toutes les inclinai-
sons, circonscrivant entre leurs anses des trajets sinueux que
parcourent les vaisseaux, et s'abouebant tous les uns dans les
autres, donnent l'idée d'un espace très divisé à milliers d'em-
branebemens tortueux, incessamment continu avec lui-même,
et où il n'y a rien de terminal que l'orifice d'entrée où se
trouve également ramenée la sortie ; c'est en un mot l'image
d'un véritable labyrinthe à trois dimensions, ce qui m'a engagé
à nommer ces conduits canaux labyrintliiques aérifères, pour les
distinguer des canaux ramifiés, qui forment la terminaison de
l'arbre bronchique. D'après cette définition, il est clair que le
lobule, avec son unique orifice aérien, ne fait que reproduire
en petit les poumons eux-mêmes, dont la trachée est également
le canal d'entrée et de sortie.
Mais alors comment la forme vésiculaire a-t-elle donc été si
nettement spécifiée et si absolument admise? Pour se rendre
raison de ce fait, il suffit de remonter aux premières observa-
tions de Malpighi, point de dépari de tous les travaux ulté-
rieurs. «Les vésicules, dit ce grand anatomiste, se montrent
remplies d'air à la surface des poumons. » A la vérité, il ajoute
qu'elles se voient même dans leur profondeur, le tissu privé
d'air; mais il est évident que l'image des premières, une fois
perçue, il n'a pas supposé que la forme intérieure pût être
différente. Toutefois, d'après ce qu'il a dit de prolongemens
sinueux, il est probable que la forme réelle ne lui aurait point
éebappé, et qu'il aurait complété sa découverte, dans les dé-
tails, s'il n'avait été préoccupé de prouver le fait principal de
la texture membraneuse. Quoi qu'il en soit, l'existence de la vé-
sicule ayant été posée par lui, l'aspect extérieur qui l'avait séduit
a également induit en erreur les anatomistes qui lui ont succédé1.
J'ajouterai que le même aspect, sensible 'sous les plèvres, se
présente également sur les parois des plus minces tuyaux bron-
ebiques et sur celles des ramuscules sanguins observés par leur
intérieur. Ces vésicules apparentes ne sont que des sommets de
coudures et les adossemens de canaux flexueux dont le micros-
cope fait voir les profondeurs et les aboucheniens. Néanmoins
sur les surfaces terminales sous-pleurétiques et vasculaires, ces
diverticules sont généralement plus prononcés que dans la pro-
fondeur du poumon. Maintenant nous savons que répondre à
cette question : Existe-t-il des ccecums suivant l'opinion deReis-
seisen? Oui sans doute, sous le poids du mercure, encore aidé
par une pression qui exagère et distend les flexuosités j usqu'à pro-
duire des ruptures, comme cela paraît être arrivé à l'auteur al-
lemand 1 ; mais ces ccecums artificiels, identiques avec ceux des
ganglions lymphatiques remplis de mercure, ne sont nullement
des extrémités terminales. Sur un lobe de poumon frais injecté
de cette manière, on peut faire glisser le métal d'une cavité dans
1 Hoc démontrât sensus in pulmonibus 'mox ab animalibus erutis, in
quibus aëre turgentibus perspicillis observanlur in extima superficie infi-
ni tae penè vesiculae aère turgidœ; easdem etiam in eodem secto per médium
pulmone, et aëreexinanito observare est, licet minores et minus conspi-
cuas ; clarius et felicius in pulmone inflato, et mox exsiccato reperiuntur,
quia in extima superficie protubérantes emergunt orbiculi , et in secta
qualibct parte foverc, et sinuosœ pvopcujines levi extensa membrana effor-
matae videntur. Op. cit., e.p. i.
2 Hydrargyrum in pressu ad?vesiculas usque propulsum, in reticulum
capillare continuo pénétrât, indeque profusum, vesiculas explet.
Reisseisen, Op. cit., p. 16.
l'autre; mais à l'état sec, si on enlève la paroi de revêtement,
en secouant un peu, le mercure s'écoule, et l'on voit les commu-
nications canaliculaircs qu'il cachait. Au reste, ce dernier in-
convénient est commun à toutes les injections de matières so-
lides dans les canaux aériens. Le vice du procédé est le même;
toujours l'opacité du premier plan, qui empêche de rien voir
au-delà , et annule le bénéfice du grossissement.
11 ne me reste plus qu'à tracer les caractères anatomiques des
capillaires aériens.
i0 Canaux capillaires ramifiés ou bronchiques.
Je renferme sous cette dénomination les derniers ramus-
cules aériens qui forment la terminaison de l'arbre bronchique
dans les canaux labyrintliiques. Le nombre de leurs subdivi-
sions dépend du lieu de leur origine, et n'est jamais considé-
rable. Mais, pour comprendre ce mode de ramification , il faut
remonter au rameau central lobulaire. (Pl.^fig. i.)
En rappelant ce qui a été dit plus haut, chaque lobule reçoit
ordinairement un seul rameau bronchique central, qui forme
l'arbre commun de ses divisions aériennes. Si le lobule est d'un
grand volume, il peut y entrer deux ou même trois de ces ra-
meaux, de longueur inégale; les plus faibles se perdent latérale-
ment; un seul, qui est le principal, atteint la base périphérique
du lobule, et la contourne en se ramifiant jusque vers l'un de
ses angles qui forme le sommet terminal. A partir de cet arbre
central décroissant, naissent en succession alterne, dans toutes
les directions, des ramuscules secondaires, d'abord assez volu-
mineux, et graduellement de plus en plus faibles comme l'arbre
central lui-même. Les plus grands forment trois subdivisions,
et les moyens, deux, avant de se jeter dans les canaux labyrin-
thiques ; les plus petits s'y jettent immédiatement après un
court trajet. On voit déjà que le nombre des subdivisions est
bien plus limité que ne le croit Reisseisen 3.
Caractères anatomiques. D'abord rectilignes ou légèrement
sinueux dans leur tige ; flexueux dans les seconde et troisième
divisions; flanqués par les ramuscules de l'artère pulmonaire;
un demi à un quart de millimétré de diamètre, sur une lon-
gueur de trois millimètres à un seul ; cylindriques; la paroi cir-
culaire épaisse, lisse, paraissant formée de deux feuillets, rem-
plie de capillaires sanguins des vaisseaux bronchiques et des
artères pulmonaires; laissant voir en demi-transparence les cou-
dures adossées des canaux labyrintliiques.
Mode de terminaison. La forme la plus ordinaire est celle-ci :
Le capillaire bronchique, dans son trajet, ouvre d'abord sur
ses parois dans un ou plusieurs canaux labyrintliiques, dont les
orifices sont perpendiculaires à sa direction. Au-delà, il se
termine par un petit renflement irrégulicr, sinueux, alongé,
unique, bifide ou trifide, criblé, dans chaque compartiment,
par un ou plusieurs orifices labyrintliiques, et s'abouebant au
fond avec l'un d'eux qui fait suite au canal d'origine. Ce sont
bien là les ampoules sinueuses, indiquées par Malpighi comme
intermédiaires entre la trachée et les vésicules 4. Ce sont elles
aussi que Reisseisen a dessinées à un grossissement de trois dia-
mètres (Tab. 2,fig. i, 2), et qu'il donne à tort comme termi-
nales, sans rendre raison des grands espaces vides qui les sépa-
3 Voyez la citation, p. 56, factâ deinum partitione multiplici, etc.
4 Id., In ampullosos sinus facessens, etc.