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Bourgery, Jean Baptiste Marc; Jacob, Nicolas Henri [Hrsg.]
Traité complet de l'anatomie de l'homme: comprenant la médicine opératoire (Band 6, Text): Médecine opératoire — Paris, 1837

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https://doi.org/10.11588/diglit.18363#0014
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6

DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

on se convainc que, si les difficultés persistent, du moins
elles ne sont pas insolubles. Le tout dépend du principe
général de se voir opérer soi-même, autour duquel se grou-
pent toutes les dispositions secondaires. Ace point de vue,
en effet, la situation du lecteur-opérateur étant détermi-
née, la figure donne la position relative de la partie opérée,
et par conséquent celle du malade; la situation des aides
latéraux se déduit aussi facilement; enfin, le dessin lui-
même indique la meilleure direction de la lumière natu-
relle ou artificielle. Nous insistons sur ces dispositions
générales parce qu'elles sont d'une haute importance et
trop négligées dans les cours d'opérations. Au contraire,
dans un service chirurgical bien organisé, elles s'établissent
avec harmonie et sans confusion ; mais par cela même elles
n'attirent pas assez l'attention des élèves étrangers aux
hôpitaux. Il faut donc se les rendre familières, car c'est de
l'habitude acquise de tout prévoir que dépend la marche
régulière et jusqu'à un certain point le succès des opéra-
tions. Au reste, nous aurons soin, dans les explications des
planches, de faire ressortir les détails de cette nature.

Toutefois, la disposition générale étant connue, la figure
ne peut exprimer qu'un seul temps d'une opération, dont
pourtant il n'est pas moins essentiel de connaître tous les
autres. Cette objection est majeure, mais peut encore être
résolue dans la plupart des cas. Pour les opérations similaires,
qui se présentent en grand nombre, les ligatures, les ampu-
tations, les résections, etc., nous donnerons, dans une sorte
de manuel opératoire, tous les temps d'une même opération,
figurés dans un pareil nombre de petites plaies, sans dis-
tinction de lieu, ce qui nous permettra de varier sans in-
convéniens, suivant les exigences des figures, le temps
choisi pour chaque opération en particulier. Pour les opé-
rations spéciales mais régulières, telles que la cataracte, la
staphyloraphie, etc., nous en indiquerons, par de petites
figures isolées, les principales circonstances. Quant aux
opérations irrégulières, les ablations de tumeurs cancé-
reuses, les polypes, etc., où tout est soumis à l'éventualité,
l'expérience d'un fait ne pouvant rien conclure pour les
autres, nous ferons dessiner un cas modèle; mais quant
aux différences qu'elles présentent, on conçoit qu'elles ne
peuvent être soumises qu'à des préceptes,généraux.

Dans ce mode de représentation clinique, chaque opéra-
tion entraînant avec elle ses exigences, cette nécessité nous
forcera de changer, suivant le besoin, les schèmes, les
aspects et les attitudes, ce qui répandra beaucoup de variété
dans le mode de figuration.

Comme nous l'avons dit plus haut, c'est à Toccasion des
opérations régulières que nous donnerons sur la même
planche l'anatomie topographique des parties sur lesquelles
elle s'exerce, au point de vue spécial de l'opération elle-
même. L'énuinération des parties, et les diverses considé-
rations anatomiques seront exprimées sur l'explication de
planche, ce qui offre le double avantage de rendre l'étude
plus facile et d'éviter dans le texte des digressions hors de
propos. Il en sera de même des instrumens, qui ne seront
offerts en tête du manuel opératoire qu'au point de vue de

leur objet, mais dont la description sera renvoyée sur les
explications de planches en regard des dessins qui les re-
présentent.

A l'aide de ces divers moyens, et en nous ingéniant à
modifier les ressources dans tous les cas particuliers, nous
espérons pouvoir tirer de l'art de dessin un assez grand
parti pour faciliter beaucoup l'étude de la médecine opéra-
toire. Plus heureux que tant d'autres, auxquels a manqué
l'auxiliaire d'un artiste distingué, à bon droit confiant dans
le zèle et l'admirable talent de notre collaborateur M. Jacob,
nous sommes assuré que nos idées trouveront en lui un
interprète non moins dévoué qu'intelligent.

Cependant, nous ne pouvons nous dissimuler qu'il
restera une large part où échoueront tous nos efforts. L'im-
possibilité de représenter à chaque fois toutes les actions
du chirurgien est un obstacle tellement invincible que,
pour certains esprits, rebelles aux conceptions iconolo-
giques, il faut désespérer que l'art puisse offrir assez de
ressources pour en être suffisamment compris. A la vérité,
chez les personnes ainsi organisées, tous les moyens d'en-
seignement échouent, et même les études sur la nature,
incessamment recommencées, sont insuffisantes. A cela il
n'y a plus rien à dire, si ce n'est que ceux-là, et heureuse-
ment ils sont en petit nombre, se sont mis hors de leurs
voies en étudiant les sciences, et surtout n'auraient pas dû
se faire chirurgiens.

Tel est, en résumé, le cadre de la seconde partie de notre
ouvrage, la plus difficile peut-être, en ce double sens, que
c'est la partie d'application, où, sans aucune intention
malveillante, et naturellement excité dans un intérêt de
profession, chacun exerce sa critique, et que, généralement
privé d'antécédens, il faut marcher d'après ses inspirations
personnelles, ignorant si d'autres concevront les faits
comme vous, et ne penseront pas, pour chaque section, que
l'on pouvait faire ou plus, ou moins, ou autrement. Incer-
tain si l'on trouvera assez de ressources pour donner à un
sujet ingrat la lucidité convenable ; contraint de faire l'ex-
posé d'une histoire contemporaine sans blesser aucune
susceptibilité, l'auteur est placé dans la position la plus
fausse où puisse se trouver un écrivain. En présence de
difficultés si nombreuses l'esprit s'étonne, et l'on se de-
mande si l'on a bien calculé ses forces pour un pareil far-
deau. Quant à nous, il ne nous a pas fallu moins que l'en-
gagement pris pour ne pas reculer. Heureusement qu'une
semblable tâche ne serait facile pour personne ! Au reste,
résolu de faire un oeuvre de conscience et de probité
scientifiques, nous avons consacré à ce travail tous nos
soins,espérant que l'on nous pardonnera notre insuffisance
en considération des difficultés du su jet. Que si cet ouvrage
ne répondait pas à tout ce qu'on doit en attendre ; si, dans
certains cas, l'on juge que nous nous sommes trompé sur
les moyens, et qu'il y avait mieux à faire, nous nous con-
solerons en pensant que nos efforts pourront servir à d'au-
tres plus heureux, et, du moins, il nous restera la satisfac-
tion de leur avoir aplani les voies.
 
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