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Bourgery, Jean Baptiste Marc; Jacob, Nicolas Henri [Editor]
Traité complet de l'anatomie de l'homme: comprenant la médicine opératoire (Band 8, Text): Embryogénie, anatomie philosophique et anatomie microscopique: Oeufs, développement du foetus, ensemble du système nerveux dans le règne animal, structure intime des tissus généraux, des appareils et des organes — Paris, 1854

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https://doi.org/10.11588/diglit.17187#0119
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DU SYSTEME NERVEUX.

compliqueraient inutilement sous prétexte d'une vaine précision,
nous ne devons pas nous attendre à voir les animaux inférieurs
de la série desannelés succéder, par une transition insensible,
dans Tordre de supériorité générale ou partielle, aux plus élevés
des mollusques. Pour nous qui cherchons à arriver par les de-
grés successifs du développement à la décomposition élémen-
taire d'un appareil encore si peu connu , pour en construire
abstraitement l'histoire , nous sommes en droit d'écarter pour le
moment les animaux qui nous embarrassent, peut-être parce que
les documens que nous avons sur eux sont encore insuffisans,
sauf à y revenir plus tard pour introduire dans nos détermina-
tions les corrections nécessaires. Ces considérations qui sont
applicables à tous les degrés de la série zoologique , doivent
trouver naturellement leur place dans la transition des deux
embranchemens principaux des invertébrés, afin que nous
n'ayons pas besoin d'y revenir par la suite.

Sans entrer dans les interminables discussions sur la question
de Yâme des bêtes suscitée surtout à propos de l'industrie de
certains articulés, et résolue le plus souvent dans le sens de
l'orgueil humain, secondé par les croyances théologiques et les
opinions métaphysiques, nous entrerons immédiatement, et res-
terons dans le domaine des faits, sans avoir besoin pour nous
guider d'autre principe que celui que nous avons énoncé plus
haut, et qui résume toutes les acquisitions à la science humaine,
à savoir : que nous ne connaissons point de phénomènes qu'on
ne doive rattacher à une substance, point de substance qui n'ait
ses propriétés.

Nous indiquerons pour mémoire la classe des helminthes, sur
laquelle nous n'avons encore que des données anatomiques et
physiologiques plus ou moins contestées.

Nous connaissons aussi assez peu les fonctions des annélides.
Ces animaux vivent dans l'eau et dans la terre, ils y trouvent,
presque sans les chercher, les substances dont ils se nourrissent.
La plupart sont dépourvus d'organes de la vision, cependant ils
paraissent sensibles à la lumière, car la sangsue s'agite quand on
approche une chandelle allumée du vase où elle est renfermée.
On a découvert, en effet, à la partie supérieure de la ventouse
orale, de petits tubercules plus ou moins saillans, d'une cou-
leur noirâtre ou brune plus ou moins foncée, dont le nombre et
la position varient dans les différens genres ; une dissection
délicate a fait voir que chacun de ces tubercules recevait un
filet nerveux, on a pensé que c'étaient des yeux ; ce sont proba-
blement des points un peu plus sensibles à la lumière , mais la
vision ne saurait être distincte avec de semblables appareils. Les
organes de l'audition, s'ils existent, sont au moins fort rudimen-
taires, mais le toucher est très délicat, surtout du côté de l'extré-
mité céphalique. Chacun sait avec quelle rapidité se retirent les
lombrics quand on approche de leur trou dont ils ne sont qu'à
demi sortis. Cependant ils savent se creuser un trou dans la
terre et y revenir quand ils s'en sont éloignés, d'autres demeu-
rent dans des tubes calcaires, et tels que la fripière, consolident
ces tubes par des fragmens de toute espèce agglutinés par une
exsudation superficielle. Les expériences prouvent aussi que l'ol-
faction est très développée chez les lombrics qui sont attirés de
fort loin par certaines pâtées animales. La sangsue ne pique pas
indifféremment le premier point venu de la peau, elle choisit la
place. En somme, les sens de ces animaux étant fort peu déve-
loppés , leurs rapports avec le monde extérieur sont fort res-
treints, et la part des fonctions purement réflexes doit être chez
eux très considérable. On sait d'ailleurs que le corps de ces

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êtres est composé de parties se répétant exactement dans toute
sa longueur, et qu'on a appelés des zooniîes, lesquels sont
pourvus chacun d'une vie propre et en quelque sorte indépen-
dante, à tel point que la segmentation artificielle reproduit des
animaux complets.

Il n'en est pas de même des crustacés, ceux-ci ont, comme les
insectes, une unité vitale bien constituée, et quoique certaines
parties puissent être séparées du corps et s'agiter encore de mou-
vemens réflexes ou manifester des déterminations volontaires
suivant qu'elle est caudale ou céphalique, cependant la vitalité
ne saurait s'y conserver long-temps. Presque tous carnassiers,
obligés par conséquent de chercher, de poursuivre et d'attaquer
une proie, ils ont les sens du toucher, du goût, de l'odorat, de
la vue, de l'ouïe, très développés et les facultés nécessaires pour
apprécier les circonstances extérieures et arriver à la satisfaction
de leurs instincts. Ils savent se défendre et se cacher devant un
ennemi supérieur, et nous remarquons chez eux, comme chez
tous les animaux , la conscience de leur faiblesse ou de leur
force relative, suivant les êtres dont ils veulent faire leur pâture.
Un instinct est par lui-même aveugle, son expression, c'est le
désir, mais il ne juge pas. Il suffit pour nous en convaincre de
réfléchir sur nous-mêmes, quand, dominés par une passion, ce
qui n'est en définitive qu'une forme de l'instinct, nous n'avons
plus conscience ni de nous-mêmes ni des objets qui nous envi-
ronnent, et agissons alors sans que la réflexion ait suffisamment
apprécié la convenance des mouvements.

Les écrevisses s'attaquent aux grenouilles, et on a vu, dit
Latreille, des langoustes d'un mètre de long saisir une chèvre
et lui faire perdre terre. Les carophies, au rapport de M. Dor-
bigny, remuent la vase en tous sens avec leurs grands bras, pour
tâcher d'y découvrir les annélides dont ils font leur proie, et
ne cessent leur carnage que quand ils ont fouillé partout. On
prétend même qu'ils coupent les soies des clayons renfermant
les moules , afin de faire tomber ces mollusques et de les
manger.

Les sexes sont dans ces animaux nettement séparés, et les
organes de génération sont doubles le plus souvent. L'instinct
sexuel est extrêmement développé, au point qu'il se trompe d'objet,
comme cela arrive chez les argules , qui prennent souvent un
sexe pour l'autre, ou s'adressent à des femelles mortes. Quelques
crustacés parasites sont toujours accouplés. On voit que les
influences viscérales sont très énergiques chez ces animaux, et
sollicitent puissamment leurs divers instincts.

L'instinct maternel paraît exister chez eux , les écrevisses
conservent leurs œufs entre leurs fausses pattes, et quand les
petits sont éclos, ils restent sous le ventre de la mère jusqu'à ce
que leur enveloppe ait acquis une solidité suffisante.

On trouve les crustacés en général rassemblés en troupes
nombreuses , ils vont ensemble dans les lieux où ils doivent
effectuer la ponte, ils se précipitent ensemble sur la proie et se
sauvent dès qu'ils entendent du bruit : y a-t-il là les germes
d'une société analogue à celle que nous rencontrerons plus tard
chez les insectes ?

D'autres vivent isolés, ce sont ceux qui, comme l'hermite
Bernard , n'ont pas le corps entièrement recouvert d'une en-
veloppe calcaire. Ils prennent domicile dans des coquilles de
mollusques qui leur servent d'abri.

Au point où nous en sommes, nous avons assisté déjà à la
naissance des principaux instincts et de quelques facultés fon-
damentales. Et d'abord l'instinct nutritif, universel et perma-

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