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Société de l'Histoire de l'Art Français [Hrsg.]
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français — 2.1876

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Janvier
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Guiffrey, Jules: Notes sur la vie privée et les mœurs des artistes au XVIIIe siècle, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.26386#0008
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sont comparus pardevant nous, Nicolas Thienot, etc., Jean-Baptiste Belin
Fontenay1, peintre ordinaire du roi, demeurant aux galeries du Louvre,
ayant une plaie ouverte et à sang au haut du front, et nous a fait remarquer
son mouchoir à moucher de toile ensanglanté, et Vincent Duthé, employé
dans les affaires du roi, demeurant rue de Richelieu chez le sieur Bâillon,
horlogeur, près la fontaine ; lesquels nous ont fait plainte et dit qu’heure
présente, allant à leurs affaires, passant rue de l’Echelle, ils ont été surpris
qu’un particulier quidam sortant, à ce qu’ils ont appris, de chez la Bachelet,

fameuse m., est venu à eux les insulter sur ce que les plaignans l’avoient

regardé, et aussitôt cinq ou six autres particuliers, qu’ils ont appris être
fiacres et porteurs de chaises, dont aucuns sont soldats aux gardes, vêtus de
différentes manières et couleurs, sortant de ladite maison, sont venus se
joindre audit particulier et ont pareillement insulté lesdits plaignants d’in-
jures et invectives les plus atroces, les traitant de f. gueux et les poussant

en raillant, disant qu’il falloit leur casser les bras et les jambes avec leur
épée : el aussitôt tous lesdits particuliers, qui avoient bu et dont aucuns
etoient plus qu’à demi ivres, se sont saisi de chacun un manche à balais
qu’ils ont été prendre à une liasse étalée à la boutique du nommé le sieur
Hurpy, chandelier, et sont tous venus sur les plaignans les maltraiter des
coups desdits manches, tant sur les bras que sur le corps, dont ledit sieur
de Fontenay en a reçu un grand coup à la tête qui lui a fait la plaie qu’il
nous a fait apparoir; lesquels plaignans, pour se défendre contre lesdits par-
ticuliers qui les auroient sûrement assommé, ont été obligé de mettre leurs
épées à la main dont ils ont cassé celle dudit sieur Fontenay en plusieurs
morceaux. Ensuite de quoy plusieurs voisins sont accourus qui les ont
séparés. — Dont et de quoy ils ont été conseillés de nous rendre la présente
plainte.

Signé: Fontenay; Duthé; Thiénot.

(Liasse 416. Comm" Thiénot.)

1. M. Bellier de la Chavignerie, dans son Dictionnaire des artistes français,
si malheureusement interrompu par la mort de l’auteur, a prouvé que le
nom de cet artiste devait s’écrire Belin ou Blin, mais dans aucun cas Blain.
Le biographe incline pour l’orthographe Blin; mais l’autre nous paraît plus
rationnelle; seulement Ve muet de Belin ne se prononçait pas, ce qui fait
qu’en écrivant suivant la prononciation, on arrivait à supprimer Ve. Jean
Belin, qui prit de son autorité privée le surnom de Fontenay, naquit à Caen
le g novembre 1653; il se distingua par son talent à peindre les fleurs qui
lui valut, après son abjuration (3i octobre 1685), car il sortait d’une famille
protestante, l’honneur d’entrer à l’Académie de peinture (3o août 1687) et la
main de la fille de Jean-Baptiste Monnoyer, le célèbre peintre de fleurs.
Belin de Fontenay devint conseiller de l’Académie en 1699, prit part aux
Salons de la même année et de 1704, et mourut le 12 février 1715, moins de
dix-huit mois après l’aventure que nous rapportons ici. Il serait peut-être
téméraire d’attribuer une influence trop prolongée aux violences dont notre
artiste fut l’objet le 7 septembre 1713 et de rendre les mauvais garnements
responsables de la mort de leur victime; mais il n’est pas hors de propos
de constater que, quand Belin de Fontenay subit ces mauvais traitements, il
touchait à la soixantaine.
 
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