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Société de l'Histoire de l'Art Français [Hrsg.]
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français — 2.1876

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Juillet
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Guiffrey, Jules: Notes sur la vie privée et les mœurs des artistes au XVIIe et au XVIIIe siècle, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.26386#0042
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— 38 —

III.

Marie-Magdeleine de Castille, veuve de Nicolas Fouquet.

Déclaration de ses meubles dorés.

Et ledit jour, 21 avril, est comparue dam & Marie-Magdeleine de Castille1,
veuve de messire Nicolas Fouquet, surintendant des finances, demeurante
dans l’un des pavillons du Val-de-Grâce, qui nous a déclaré qu’elle a un lit
de campagne découpée d’estoffe or et argent avec les chaises pareilles, une
tenture de tapisserie de damas à demi léz de brocart d’or, vingt chaises et
un bois de lit de bois doré, un sopha à six places de même, un lit de
tapisserie et les chaises garnis de franges d’or, six petites consoles, douze
petits pieds dorés, deux guéridons et deux tables et un bureau dorés en
partie, un petit lit tout garni d’une dentelle or et argent 2 et a signé : M. de
Castille.

(Arch. nat. Y. Liasse 106. Commre Regnard).

IV.

J.-B. Belin de Fontenay,
peintre de fleurs 3.

L’an 1706, le lundi 8 novembre, du matin, est comparue pardevant nous,
Jean Tourton, etc., demoiselle Marie Monnayer, femme du sieur de Fon-
tenay, peintre de l’académie du roi, qui nous a rendu plainte contre lui et
autres qu’elle nommera en tems et lieu, de ce que depuis quelque tems lui
Fontenay l’a chassée de chez lui, sans aucun sujet, par emportement. Une
personne de ses amis s’étant entremis en apparence pour les accommoder, lui
a fait entendre qu’il falloit laisser passer quelque tems, qu’il feroit si bien
qu’il les remettroit ensemble en tranquillité, qu’il la prioit de faire ce qu’il
désiroit; à quoi elle a obéi quoique fort avancée pour accoucher. Il l’a con-
duite à Valenton sous prétexte d’y être huit jours pour prendre l’air, lui
disant qu’il la viendroit voir ensuite et la raméneroit, avec sa famille, en

1. La veuve de Fouquet s’était retirée après la mort de son mari (1680)
dans les bâtiments extérieurs du Val-de-Grâce, où elle mena une vie pieuse
et solitaire jusqu’à sa mort, arrivéeen 1716 (voy. Mémoires de Saint-Simon,
éd. Hachette, in-8°, t. XIV, p. 112).

2. Et voilà tout ce qui restait des splendeurs de Vaux, de Saint-Mandé et
de Belle-Isle !

3. On n’a pas oublié la curieuse déposition de Belin de Fontenay devant le
commissaire Thiénot, publiée dans notre numéro de janvier. Aujourd’hui
c’est sa femme, la fille de Jean-Baptiste Monnoyer, qui vient devant un
autre commissaire faire l’étonnant récit d’une fugue de la maison conjugale.
D’après Jal, Marie Monnoyer, fille d’un premier lit, avait épousé l’élève de
son père le i5 juin 1687. Elle avait alors plus de vingt ans et par conséquent
quarante ans au moins quand elle se sauva avec un des amis de son mari,
soi-disant pour se soustraire aux brutalités de ce dernier. Si la réputation
de la dame de Fontenay ne sort pas bien nette de cette aventure, il semble
au moins que le mari eût une bonne partie des torts ; peut-être s’était-il
attiré par son caractère brutal et violent les coups qu’il reçut quelques années
plus tard dans la bagarre dont nous avons donné la relation.
 
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