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Bulletin de l' art pour tous — 1895

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No 112 (Avril 1895)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19283#0014
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BULLETIN DE L'ART POUR TOUS

N° 112

méthodes et inaugure une illustration nouvelle,
légère, élégante et qui s'inspire d'un naturalisme
de bon aloi. Sans doute, les graveurs de
Louis XIV, Pesne, les Audran, Edelinck ont
encore un genre bien solennel, mais François
Chauveau et surtout Sébastien Leclerc préparent
déjà le xvme siècle.

L'illustration du xvme siècle est le triomphe de
l'eau-forte; sous l'influence de Watteau et de
Boucher, les graveurs du temps de Louis XV et
de Louis XVI excellent à traiter librement les
sujets les plus libres, et les noms de Claude
Gillot, Laurent Cars, Eisen, Grave lot. Saint-Aubin
sont autant de preuves de l'élégance et de la
finesse de l'illustration d'alors. Avec eux, Moreau
le jeune personnifie bien la décoration légère de
celte littérature primesautière, la gravure élé-
gante et même coquette de cette période de
futilité et de nonchalance qui préparait la Révo-
lution.

La Révolution, période d'action, se prêtait
peu à l'exécution de ces oeuvres d'art ; et, au
moment où lasse de victoires, elle allait enfin
produire sans doute son effort artistique, elle
disparaît, brusquement escamotée pour ainsi
dire, et l'Empire ne nous donne que le style néo-
grec de Yécole de David.

Dès qu'il y eut un Livre, son possesseur se
préoccupa de le protéger contre les nombreux
dangers qui pouvaient le menacer, et, de celte
préoccupation naquit, assez tard il est vrai, l'art
de la Reliure.

Les rouleaux de papyrus ou de parchemin
s'enfermaient dans des sacs d'étoffes plus ou
moins riches et précieuses, ou dans des boîtes
rondes ou ovales. Les libri quadrati furent eux
aussi glissés dans des gaines d'étoffes, mais, au
préalable, leurs divers cahiers étaient liés en-
semble, et la première feuille du premier cahier,
finement polie à la pierre ponce, recevait le titre.
Voilà tout ce que la Rome républicaine connut
en fait de reliure.

L'empire romain, et surtout l'empire byzantin,
alla plus loin. Des bas-reliefs, des mosaïques,
nous montrent des personnages tenant en leurs
mains des livres dont l'extérieur est décoré, et
cette décoration semble bien comporter des
lames de métal.

C'est ce même aspect que présentent les plus
anciens livres reliés que nous possédions ; à
Florence, un manuscrit des Pandectes, remon-
tant au vie siècle, est garanti par deux planches
de bois recouvertes de velours rouge ; les angles
et le milieu des plats portent des ornements en
argent. La reliure consiste alors à assembler
solidement les cahiers du Livre, à les coudre sur
des bandelettes de parchemin ou de cuir, ou
mieux sur des nerfs; puis ces nerfs sont attachés
à deux volets de bois. Le tout se recouvre
d'étoffe ou de cuir ; des angles de métal, des
plaques ciselées, des ivoires sculptés ornent les
plats ; ajoutez un fermoir ou des lanières pour
fermer le volume. Voilà la reliure du moyen âge
à son début. Les perfectionnements ne se firent
pas attendre, mais ne portèrent que sur l'em-
bellissement de l'extérieur, surtout du plat que
l'on voyait lorsque le Livre reposait fermé sur
son pupitre.

Les orfèvres, les joailliers se mirent à l'œuvre ;
l'or estampé, gravé, repoussé, les nielles, les
pierres précieuses, les velours, les soies, les
ivoires, romains le plus souvent, s'accumulent
sur les lourds volets de bois. Pétrarque, copiant
les Épîtres de Cicéron, se blessa grièvement à
la jambe, ayant laissé tomber par mégarde le
volume qu'il tenait : ce volume est connu; il est
conservé à la Bibliothèque laurentienne : une
lourde reliure de bois cl de cuivre le prolège et
rend très admissible la blessure de Pétrarque.

En somme, étudier la reliure du moyen âge,
c'est étudier surtout l'orfèvrerie, la joaillerie, les
émau* et les ivoires.

Au xve siècle, la découverte de la xylographie,
puis de l'imprimerie, non seulement fit baisser
le prix des livres, mais encore en augmenta la
production dans une proportion considérable.

Or, au lendemain môme du règne exclusif du
manuscrit, toujours soigneusement protégé, on
ne pouvait concevoir le livre non relié. II fallut
donc habiller rapidement les livres, et le faire
dans des conditions de rapidité qu'il n'avait
pas encore été utile de rechercher.

De cette nécessité naquirent les premiers
essais de la reliure moderne, et c'est en Alle-
magne qu'ils furent tentés. Plus de métal ni
d'ivoire : les plats sont couverts d'une solide et
épaisse peau de truie, décorés d'une gaufrure
faite au balancier, ayant assez l'aspect de cise-
lures. De gros clous de cuivre empêchent le. con-
tact direct avec le pupitre; les nerfs du dos fonl
une saillie considérable.

{A suivre.) LEQUATRE,

professeur à l'école Estienne.

Beaux-Arts

Académie des inscriptions et belles-
lettres. — lia été récemment procédé à l'élec-
tion d'un académicien libre en remplacement de
M. Victor Duruy. Les candidats élaient MM. Dieu-
lafoy, Picot et de Ruble.

Au premier tour de scrutin, M. Marcel Dieu-
lafoy, l'auteur de Y Art antique de la Perse ', a
été élu par 23 voix contre 14 à M. de Ruble et
7 à M. Picot.

—o—

Congrès des Sociétés savantes. — Le

Congrès annuel des Sociétés savanles de Paris
et de la province s'est ouvert le 16 avril, dans le
grand amphithéâtre de la nouvelle Sorbonne.

Une foule nombreuse de délégués et d'invités,
parmi lesquels figurait l'élite des personnalités
littéraires, scientifiques et artistiques du pays,
envahissait dès deux heures le grand amphi-
théâtre de la Sorbonne.

La séance était présidée par M. Milne-Ed-
wards, membre de l'Institut et de l'Académie
des sciences, directeur du Muséum d'histoire
naturelle de Paris, assislé de MM. Léopold De-
lisle, Alexandre Bertrand, Berlhelol, Levasseur,
Schefer, membres de l'Institut, et de M. R. de
Saint-Arroman, représentant le ministre de l'In-
struction publique.

M. Milne-Edwards, après avoir souhaité la
bienvenue aux délégués de la province, a fait
ressortir les services nombreux rendus aux
lettres, aux sciences et aux arts par ces réunions
annuelles si ferliles en travaux originaux et si
utiles à la diffusion des idées.

Après la lecture de l'arrêté ministériel consti-
tuant les bureaux directeurs du Congrès, le pré-
sident a levé la séance en invitanl les membres
des différentes seclions à se rendre dans les
locaux mis à leur disposition à la Sorbonne et à
l'Ecole des beaux-arts.

Les délégués ont été, suivant l'ordre de leurs
travaux, répartis en diverses seclions, dont les
bureaux ont été constitués comme suit :

Section d'hisLoire et de philologie. — Prési-
dent, M. Léopold Delisle; secrétaire, M. Gazier;
présidents des séances, MM. de Barthélémy,
Servois, Gaston Boissier, Aulard.

Section d'archéologie.— Président, M. Alexan-
dre Bertrand; secrétaire, M. R. de Lasteyrie;
présidents des séances, MM. Ed. Le Blant, Cha-
bouillet, Alex. Bertrand, A. Iléron de Villel'osse,
A. de Barthélémy.

Section des sciences économiques et sociales.
— Président, M. E. Levasseur; secrétaire,
M. Ch. Lyon-Caen; secrétaire adjoint, M. Bonnas-

1. L'Art antique de la Perse, Achéménides, Perses, Sassanides,
par Marcel Dieulafoy. 5 volumes contenant 598 pages de texte,
428 figures intercalées et 101 planches en héliogravure. Prix en
carton : 175 francs. — Ancienne maison Morel, 2, rue Mignon,
Paris.

sieux ; présidents des séances, MM. Levasseur,
de Foville, Frédéric Passy, des Cilleuls, Tran-
chant, Aulard, Bufnoir.

Seclion des sciences. — Président, M. Ber-
thelot ; secrétaires, MM. Angot et L. Vaillant ; pré-
sidents des séances, MM. Davanne, Darboux,
Appel, Troost, le docleurLe Roy de Méricourt,
Fouqué, Chatin, Masquart, Malhias Duval.

Section de géographie historique et des-
criptive. — Président, M. Schefer ; secrétaire,
M. Hamy ; présidents des séances, MM. Bou-
quet de la Grye, Himly, général de la Noë.

-O-

Musée de Cluny. — On vient de placer,
dans une des vitrines de la salle des ivoires
de Cluny, la célèbre plaque consulaire du ve siè-
cle, récemment acquise par M. Saglio, et qui
était la pièce capitale de la collection Henri
Baudot.

Cet important monument, dit le Temps, bien
connu des archéologues, mesure environ ^centi-
mètres de hauteur sur 10centimètres de largeur.
Au centre est sculpté un consul aux cheveux
arrondis sur le front, suivant la mode de l'époque,
et vêtu d'une de ces riches et lourdes tuniques à
palmettes brodées d'or et chargées de pierreries
dont Sidoine Apollinaire a vanté le somptueux
bruissement; il est assis dans la chaise curule
aux pieds terminés en griffes et aux poignées
figurées par des têtes de lion portant un anneau
dans la gueule ; de la main gauche il lient l'insigne
de ses hautes fonctions, le sceptre d'ivoire sur-
monté d'une figure impériale dont le socle est un
aigle encadré dans une couronne ; de la main
droite il brandil la mappa, servielle blanche de
lin avec laquelle était donné le signal des jeux.
A ses pieds, dans une perspective naïve, sont
représentés des spectateurs contemplant dans
l'amphilhéâlre des scènes variées : là c'est un
ours se précipitant sur un homme enfermé dans
une sorte de grand panier en osier ; plus loin
c'est un lion qui, excité par un figurant au visage
couvert d'un casque grillagé, dévore un taureau;
à côté, c'esl une lulle entre un ours et un cheval.

Ces scènes si curieuses rappelaient les jeux
donnés par le nouveau consul au moment de
son investiture. Le diptyque qui entre dans les
collections de Cluny est l'un des trente-huit
actuellement connus. La Bibliothèque natio-
nale en possède sept, le musée du Louvre un
seul.

Le nom du consul représenté sur l'ivoire de la
collection Baudot a été, de la part des archéo-
logues, l'objet de beaucoup de controverses. Sur
la plaque unique qui subsiste du diptyque ne se
trouve que l'énumération des titres de ce haut
personnage : Ex sacri stabuli et magister mili-
tum perorientem ex consul consul ordinarius. Ils
peuvent s'appliquer au consul Aerobindus ; ils
s'appliquenlencore mieux, semble-t-il, à Stilicon,
neveu du grand Théodose, beau-père d'IIonorius
et vainqueur des deux plus redoutables ennemis
de l'empire, Alaric, roi des Golhs, et Ilagadaise,
roi des Huns.

-O-

Musée du Luxembourg. — Les œuvres
suivantes viennent d'être attribuées au musée
du Luxembourg :

Peinture. — Paysage, par M. Cazin ; Débarque-
ment, par M. Tattegrain; la Forge, par M. Cor-
mon ; le Vieux Conquérant, par M. Agache ;
Troupeau à l'abreuvoir, par M. Guignard; Saison
dorée, par M. Boudot ; Campagne au Fouta, par
M. Marius Perret; Crépuscule, par M. Gœneutle;
Vieux canal flamand, par M. Baertsoen ; Béné-
dicité, par M. Lormier; les Cigarreras, par
M. Walter Gay ; Paysage, par M. Lund.

Sculpture. — La Seine, bas-relief en marbre par
M. Puech; Loin du monde, par M. Allouard;
Petite Fille pleurant, par M. Barlholomé; Ultimus
feriens (Salammbô), groupe en bronze et en
marbre par M. Rivière ; la Mer, vase en bronze
par M. Thiébaut; Orphée, marbre par M. llan-
 
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