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Bulletin de l' art pour tous — 1895

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No 120 (Décembre 1895)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19283#0046
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BULLETIN DE L'ART POUR TOUS

N° 120

l'acte de vandalisme dont se rendaient cou-
pables les fidèles de Notre-Dame-des-Victoires.
II nous signalait la destruction, dans un bref
délai, de deux magnifiques tableaux exposés à
la chaleur et à la fumée des cierges pendant la
journée tout entière. Une petite omission seule
s'est glissée dans son article : les deux tableaux
signalés ne sont pas de Vanloo. Mais la récla-
mation de notre confrère reste quand môme
très juste et il faudra obvier le plus tôt possible
à cet inconvénient, car il ne serait pas sup-
portable que ces deux très belles toiles se
voient détériorées pour le motif qu'elles ne
sont pas de Vanloo.

-O-

La gare des Invalides. — Jamais tant de
manque de goût artistique n'a présidé à l'élé-
vation d'une construction. Nous nous souvenons
de la réprobation générale, soulevée par l'aba-
tage des arbres de l'esplanade, qui enlevait une
partie du grandiose et de l'harmonie générale à
l'un des coins les plus charmants de Paris.
L'abatage fut arrêté; mais les iconoclastes n'en
continuent pas moins leur œuvre de destruc-
tion ; l'arrêté de la Préfecture est bien suivi à la
ligne. On n'abat plus; mais sournoisement on
enlève la vie aux arbres, en creusant à leur pied
de larges cuvettes de 1 mètre de diamètre et de
1 mètre de profondeur. Les racines ne trouvant
plus la nourriture suffisante, l'arbre meurt, et le
tour est joué. Et voilà comme quoi, malgré
Coppée et Bergerat, petit à petit, une grande
partie des arbres gênant les travaux de la Com-
pagnie auront disparu.

—O—

Au Salon des Champs-Elysées. — Il se

passe chaque année un fait inadmissible et que
nous ne pouvions éviter de signalera M. le Prési-
dent de la Société des Artistes français. La veille
du vernissage, les peintres et les sculpteurs sont
convoqués, par lettre spéciale, au « petit vernis-
sage » ou, pour mieux dire, premier jour d'entrée
au Salon pour les artistes, mais l'entrée en est
rigoureusement refusée aux architectes. Pour-
quoi? Cette catégorie d'exposants est-elle consi-
dérée comme nulle pour la négliger à ce point?
Espérons que l'on viendra nous démentir.

Y. Y.

Chronique artistique

Le théâtre moderne nous réservait bien des
surprises en s'inspirant des comédiesde Sedaine,
où l'action dramatique était un peu laissée de
côté; nous avons eu des embryons de chefs-
d'œuvre, comme Ma Cousine, de Henry Meilhac,
Amoureuse de Porto-Riche. Mais la pente était
bien glissante pour ne pas entraîner les jeunes
auteurs à des scénarios simplement intéressants
par la vue de décolletages frisant la pornogra-
phie. Nous voulions, disions-nous dans notre
dernière chronique, étudier simplement les dé-
cors et les costumes. Ah! notre tâche nous est
bien simplifiée, ne prenant qu'un exemple dans
la nouvelle pièce du Vaudeville, Viveurs, de
Henri de Lavedan, l'auteur du Prince d'Aurec.

Le Prince d'Aurec avait plu au public par sa
verve satirique, cinglant la noblesse, nous en
montrant les dessous; il y avait là un sujet
d'études, ou bien une simple constatation. Eh
bien, dans cette nouvelle pièce de Viveurs, rien,
pas même une trame légère, et le seul succès :
plusieurs déshabillages. Le café-concert nous
avait donné les Couchers d'Yvette, et du moins,
dans ces établissements, fréquentés par un pu-
blic restreint, il n'y avait que demi-mal. Mais au
Vaudeville, le troisième Théâtre-Français, cher- j

cher le succès, attirer le public par des dessous
plus ou moins élégants, c'est de la pornographie.
Où s'arrêteront-ils, nos directeurs? La lice est
largement ouverte, et le combat peut commen-
cer. Voilà le spectacle réconfortant que nous
offre cette fin de siècle. Nombre de personnes
qualifient ces exhibitions de littéraires, mais la
littérature, pas plus que l'art dramatique, n'a
jamais rien eu de commun avec ces scènes révol-
tantes. Ce genre de pièces n'est présenté au
public que pour faire renchérir les épaules ou
la gorge de Mme X..., pas de nom, la pièce leur
fait assez de réclame.

Tournons-nous d'un autre côté, aux Variétés.
Le Carnet du Diable, ne réalisant de gros béné-
fices que grâce à son sujet frisant l'inconvenance
et aux petites femmes exhibant des maillots bien
remplis. Ces pièces-là font de l'argent, beau-
coup d'argent. L'esprit du siècle n'est pourtant
pas tourné vers cette pente fatale. Ne voyons-
nous pas un autre genre réussir, moins grossier,
moins terre à terre,ne cherchantpas ses effets par
des plaisanteries dont rougirait une chambrée
d'artilleurs, si nous regardons, au Gymnase, les
Demi-Vierges de Marcel Prévost, pièce d'un
rare mérite, d'un style sobre et élégant. Mais,
avec cela, une scène révoltante de possession,
digne tout au moins d'un Théâtre-Libre. Ah ! nous
sommes loin, avec tout cela, des purs chefs-
d'œuvre, Yanthis, de Jean Lorrain, Gismonda,
de Sardou, Mariage blanc, de Jules Lemaitre.
Du moins le succès remporté là n'était pas adhé-
rent à une insanité révoltante. Maintenant, si
nous cherchons dans les pièces nouvelles une
description intéressante, une reconstitution jus te,
un décor effleurant l'archéologie, il nous faudrait
regarder longtemps.

LaBelleÉpicière, au théâtre des Bouffes, pièce,
dit le programme, se passant sous le Régent. Ne
cherchons pas à donner notre impression sur la
musique ou sur le livret, et de Conrart gardons
le silence prudent. Mais pour les costumes, qui
donc peut avoir tant d'intérêt à fagotter si mal
les acteurs? Pour ne donner qu'uneidéedu cos-
tume Louis XV de la principale interprète, —
d'un vert bien cru, tirant sur le noir, encadré
d'un rouge carmin, paniers à droite, paniers à
gauche, et voilà du Louis XV. On n'a même pas
cherché à harmoniser les tons des principaux
personnages, qui, dans la pièce, ont plusieurs
duos à chanter. De là, un coup d'œil disgracieux,
des notes criantes, un effet manqué, une harmo-
nie rompue, et, dans les décors, de grosses
fautes que le simple bon sens devrait faire éviter :
dans un intérieur d'épicerie, des produits accro-
chés au plafond ne mesurant pas moins d'une
quinzaine de mètres d'élévation. J'ose espérer
que, sous Louis XV, l'épicerie n'avait pas pris
tant d'importance pour être élevée à cette hau-
teur.

Peut-être, dans notre prochaine chronique,
aurons-nous quelque chose de plus intéressant
à signaler: Le Fils de l'Arétin, de M. de Bornier,
et Fan/an la Tulipe à la Porte-Saint-Martin. Mais
ce qui se dégage bien clairement des manifesta-
tions artistiques de celte période, c'est qu'une
telle fièvre de lucre s'est emparée des directeurs
de nos scènes, qu'il faudra, dans quelque temps,
avoir recours à une censure formidable pour évi-
ter — répétons-le — ces pornographies de café-
concert; laissons de temps en temps ces établis-
sements s'élever jusqu'au théâtre, mais n'ayons
jamais recours à ces moyens graveleux pour as-
surer le succès d'une pièce.

H. G.

Chronique des Livres

Mademoiselle de T***, par Dubut de La/orest.

L'auteur des Petites Rastas signale dans Made-
moiselle de T*** un caractère bien particulier qu'il a

su dépeindre avec tout le tact et le talent que nous
connaissons (1).

De Maupassant, auquel il dédie son livre, Dubut de
Laforest a le style clair, l'expression harmonieuse et
les trouvailles charmantes. Une description, entre
toutes, prise au hasard, dans son livre qui en
abonde : parlant de la famille, il s'exprime ainsi :
« Chez nous, la famille est une petite patrie; elle a ses
héros et ses martyrs, comme la science et la nation ;
elle a ses heures bénies et ses heures mauvaises, et
ceux qui l'abandonnent quand gronde la tempête,
n ont pas le droit de fêter l'arc-en-ciel. » Cette citation
que je prends entre cent autres rend son livre
aimable à lire, mais l'auteur estcoutumier du fait, et
ses précédents ouvrages : la Maison Collet-Migneau,
la Bonne à tout faire, représentée au théâtre des
Variétés, nous avaient fait espérer ce qu'il nous donne
aujourd'hui.

Mes Campagnes. Un bel album, en couleurs, 5 francs.

■— H. Simnnis Empis, éditeur, 21, rue des Petits-

Cliamps, Paris.

Est-ce le bastion de Châtillon ou dépassant, d'une
bonne coudée, les jeunes recrues, musette en ban-
doulière et la boule sous le bras; ou bien la longue
attente dans la cour du quartier à Babylone, qui vous
ont inspiré Mes Campagnes? Je ne sais, mais chacun
de vos dessins est tellement pris sur le vif, qu'il vous
serait difficile de nier d'avoir servi pendant un an au
230e! Oh, ce portrait du colonel! Vous avez tellement
frappé juste, aussi bien au 230" que dans les 163
autres, c'est partout la même chose.

Peut-être dans Mes Campagnes manque-t-il « la
décoration du réfectoire », « la pancarte du sergent,
major » et le « portrait du chien de votre lieutenant»;
mais « la première sortie » et « les pieds attendris »
les remplacent largement.

Chacun de vos bonhommes (pardon, de vos mili-
taires), puisque momentanément vous les abandonnez,
est génial d'observation. Dans l'exercice ou sur le
premier plan vous vous escrimez de la belle façon; le
lieutenant est tellement bien étudié qu'à lui seul il
personnifie tout le 4e corps. Pour chacun de vos
dessins j'aurais des citations du même genre à faire,
mais j'aime mieux renvoyer le lecteur à votre nouvel
album, comme l'a si bien dit Georges Courteline
dans sa spirituelle préface, « le plus définitif de vos
albums. »

Les Américaines ciiez elles, par Mû0 Th. Bent^on.

— C/ief Calmann-Lévy.

Cette nature si complexe des Américaines est
étudiée par M110 Th. Bentzon avec une étonnante
justesse, dans un style sobre et très élégant; ses
notes vécues ont beaucoup d'intérêt pour nous, car
elles nous montrent le peuple américain sous son
aspect véritable, débarrassé de tous ses dollars chers
aux feuilletonistes populaires. Une étude remarquable
de la moralité dans la grande République, ornée de des-
criptions comme celle des « poor houses » (dépôt de
mendicité), donne un caractère instructif à cet ouvrage
qu'il faut avoir parcouru pour bien comprendre le
tempérament américain.

Les Bains publics a Budapest, par H. Pucey.

M. H. Pucey nous montre dans une très brillante
étude l'histoire de l'hydrothérapie, et il choisit comme
lieu d'expérience la ville de Budapest, comme étant la
seule en Europe pouvant offrir à ses habitants un
nombre aussi considérable d'établissements de bains
publics.

Cette étude très consciencieuse, que l'auteur a ornée
de plans et de perspectives, en fait un ouvrage à con-
sulter avec profit pour les renseignements concernant
l'hydrothérapie.

L'admission a l'École centrale, par MM. Henry
Guédy et Maurice Brill.

Nous apprenons la prochaine apparition d'un
ouvrage dont l'utilité n'échappera pas à tous nos
futurs ingénieurs et dont le titre, l'Admission à
l'École Centrale, donne à peu près le résumé
des éléments dont se composera cet ouvrage ; les
auteurs sont MM. Henry Guédy, architecte, et
Maurice Brill, ingénieur des Arts et Manufac-
tures.

(1) Dentu, 3 et 5, place de Valois.
 
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