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Bulletin de l' art pour tous — 1896

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No 126(Juin 1896)
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https://doi.org/10.11588/diglit.16820#0022
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BULLETIN DR L'ART POUR TOUS

N° 126

Pourquoi, penserons-nous alors, si M"e Ma-
guèra n'attend pas la reconnaissance de ses
auteurs, joue-t-elle des pièces inconnues? Nou-
velle Mécène, elle agit dans le seul but de
rendre service à l'art et à la littérature. C'est
peut-être drôle, à notre fin du xixe siècle, de
trouver des âmes assez grandes pour consacrer
leur talent et leur fortune dans l'unique but
d'être utiles à l'art; cela est rare, je n'en discon-
viens pas, mais au moins, quand le fait se pré-
sente, il est juste que nous le signalions.

Dans tous les théâtres dénommés théâtres à
coté, les pièces choisies ne doivenl, pour la plu-
part du temps, leur succès qu'à des sujets ris-
qués ou traitant des causes naturalistes, genre
de spectacle agréable seulement à quelques-
uns; M"e Maguèra, en créant son théâtre, s'est
tracé une voie très droite, qui n'accepte aucune
compromission avec des pièces soutenant des
thèses immorales, car, à côté de ce genre de
pièces, il reste encore des œuvres très éclec-
tiques, ce sont celles-là que MlleMaguèra a choi-
sies, et qui l'aident à prendre un rang important
dans le mouvement artistique qui caractérisera la
fin du siècle.

Au Salon des Champs-Élysées

Nous sommes heureux de pouvoir féliciter ici
deux de nos collaborateurs, MM. de Laubadère
et Chauvet, qui viennent de remporter une men-
tion honorable au Salon des Champs-Elysées.
M. de Laubadère exposait l'Arène, s'inspirant
de ces quatre vers de Victor Hugo :

... Captifs, gladiateurs, chrétiens étaient jetés
Aux bêtes ; et sanglants, blêmes, épouvantés
Fuyaient; et l'agonie effarée et vivante
Se tordait dans le cirque, abîme d'épouvante.

Il a rendu son œuvre avec une grande inten-
sité d'émotion ; un coloris très brillant donne
à ce tableau, d'un dessin impeccable, une note
très personnelle, qui, à notre avis, méritait plus
qu'une mention honorable. Mais M. de Laubadère
est un des jeunes récompensés, et il nous est
permis d'espérer beaucoup de son talent.

M. Chauvet expose à l'architecture.

Maquettes exécutées en faïence, vitraux et
broderies, les œuvres de notre collaborateur
sont empreintes d'une grâce toute parisienne.
M. Chauvet a un coup de crayon très élégant, que
les lecteurs de /'Art pour Tous ont pu souvent
apprécier. Les petits amours qu'il nous donne
dans sa maquette sont charmants de mièvrerie
délicate et d'imprévu.

I Ienry Cukdy.

Musées de Province

Notre éminent confrère Arsène Alexandre
avait signalé, avec juste raison, les massacres de
tableaux au musée du Louvre, sous la haute
direction de poètes, musiciens ou épaves poli-
tiques formant la Commission. Paris ne souffre
pas seul; en province, le mal est aussi grand, et
le nom pompeux de directeur du musée n'abrite,
le plus souvent, qu'une nullité d'ordre secon-
daire. Quant aux Commissions départementales,
elles touchent au délire; y ont voix consulta-
tives tous les Mécènes de la ville, pharmaciens,
libraires, épiciers qui appellent un tableau un
cadre, et entre une chromo et un tableau ont
quelques hésitations; de là des musées absolu-
ment terrifiants, où la meilleure place est don-
née au peintre de la ville, gloire locale, dont
le nom ne dépasse pas les murs du faubourg et
qui, en récompense, comme professeur au lycée,
couvre de lauriers, aux distributions de prix, les
rejetons de ces messieurs de la Commission.

C'est surtout cette gloire locale qui frappe les
yeux, il a tout fait : à la sculpture, il est repré-

senté par au moins deux ensembles et trois
bustes ; à la peinture, des tableaux sans nombre,
les salles de dessins et d'aquarelles sont toujours
honorées de quelques œuvres, au détriment des
peintres de talent. Bien souvent, nous avons vu
! des envois de l'État placés dans des salles abso-
! lument noires et accrochés presque au plafond
ou pas accrochés du tout, comme dans un musée
très important de Bretagne, où les tableaux sont
posés les uns derrière les autres, sous le pré-
texte que le conservateur est malade depuis
trois ans et n'a pu leur assigner une place. Il y a
aussi les villes fantaisistes, piquant des feuilles
de vigne sur les statues pour cacher leur nudité;
qui n'a vu, au musée de Bennes, la Diane de
Falguière avec cet emblème? A ce point de vue,
la Bretagne a la palme.

Quant aux conservateurs, pour la plupart du
temps nommés par protection, ils passent leur
temps à chercher les antiquités locales, n'ayant
aucun caractère artistique. Dans un musée de
province assez important, nous avons trouvé
une collection de crânes et de tibias étiquetés
et numérotés au catalogue : débris de squelettes
des gloires de la ville.

On nous objectera les inspecteurs des musées
départementaux, qui déambulent de ville en
ville, par la belle saison, choisissant de préfé-
rence les villes situées sur le bord de la mer ou
proches d'une station thermale, et dont l'inspec-
tion se résume en un grand dîner offert par la
Commission.

Le jour de l'inspection prévu six mois à
l'avance, tous les tableaux sont revernis et
brillent d'un éclat incomparable, en province le
vernis jouant un grand rôle pour les badauds et
les amateurs; et devant ces glaces reflétant son
portrait, M, l'inspecteur passe calme et froid.

A quoi servent les inspecteurs ? Que l'on nous
montre un rapport se plaignant d'une installa-
tion ou du mauvais état des collections! Il est
encore à faire. Pourtant les réclamations
abondent : ici, un barbouilleur de quatrième
ordre a perdu complètement un tableau en le
restaurant; là, le conservateur a fait couper les
marges de ses gravures sous le prétexte qu'elles
étaient maculées, et a placé les grandes décora-
tions à la cimaise et les miniatures au plafond;
mais le rapport de Conrart garde toujours le
silence prudent.

Lorsque, en 1848, M. de Chenevières avait pris
\ l'initiative de créer des inspecteurs départemen-
! taux, avec le concours de Ledru-Bollin, alors
ministre de l'Intérieur, son intention était de
voir ces fonctionnaires choisis parmi les per-
sonnalités artistiques de haute valeur, à qui le
ministère des Beaux-Arts aurait confié tel ou
tel musée à aller inspecter. Si les événements
politiques d'alors ne permirent pas cette réali-
sation, il est digne d'un gouvernement, jaloux de
donner à l'art une impulsion sérieuse, de
prendre non seulement l'idée de M. de Chene-
vières, comme il a été fait, mais de suivre exac-
tement ses données, c'est-à-dire de confier
l'inspection des musées départementaux à des
artistes et non à des agents électoraux.

H. d'H.

Parmi les villes qui se distinguent par le mau-
vais entretien de leurs tableaux, nous signalerons
les musées de Bourges, Cambrai, Laval, Mar-
seille, Reims, Abbeville et Beauvais; au contraire,
les musées de Narbonne, Grenoble, Montpellier
et Nancy ne méritent que des encouragements et
des fél ic ita tions.

IL d'H.

Échos

Les achats de l'État aux deux Salons

La direction des beaux-arts vient d'acquérir
aux deux Salons, pour le compte de l'État, les
œuvres suivantes.

architecture

Salon des Champs-Elysées

MM. Henri Cuédy. — Relevé des peintures dé-
coratives exécutées sur bois dans la cha-
pelle du Viaulnay, Château-Gontier.
Vasnier. — Unepeinture murale dansl'église
Saint-Sauveur, à Caen; relevé.

peinture

Salon des Champs-Elysées

MM. Auburtin. — Effet déneige, matinée de no-
vembre en Engadine.

Besson. — Devant Saint-Sulpice.

Ernest Bordes. — Le Laboureur et ses
enfants.

Albert Braut. — Tète de femme.
Pierre Bourgogne. — Fleurs de printemps.
Georges Burdy. — Un Graveur en pierres
fines.

Achille Cesbron. — Un Mercredi che\ le
\ peintre Français.

Dameron. — La Vallée et le Château d'An-
gles-sur-Anglus.

Duvent. — Le Seigneur soit avec vous !

Enders. — Pendant la lessive.

Gagliardini. — Le Village de Roussillon,
! Provence.

Guillemet. — Vue de Paris.

Alfred Guillou. — Les Sardinières à Concar-
neau.

• Hareux. — L'Alpe du Villard-d'Arène au

1 coucher du soleil.

Joy. — Jeanne d'Arc.

Albert Laurens. — L'Automne; hymne à
Cérès.

\ MUe Laura Le Boux. — L'Heure de l'attente.
Mme Lucas-Bobiquet. — La Route de Témacine
(Algérie).

MM. Victor Marec. — Les Céramistes, scène

d'intérieur.
Eugène Martel. — Paysans au coin du feu.
Morisset. — Des Amis.
Bigolot. —Au pays du M\ab.
Saubès. — L'Enfant endormi.
Simonnet. — Matinée blanche.
\ Paul Steck. — Tendre Automne.

Surand. — Massacre des Barbares par Ha-

milcar.

Victor Tarciieu. — Souvenirs.
Thivier. — Les Mercenaires au défilé de la
Hache.

Taupin.—Derniers Rayons du soir, sou-
venir de Bou-Saada.
Paul Thomas. — La Leçon de mandoline.
Lionel Walden. — Les Docks de Cardiff.

Salon du Champ de Mars

MM. Lunois. —Danseuses espagnoles; pastel.
Henri Matisse. — Liseuse.
Milcendeau.—Paysans vendéens; dessin.
Bussinol. — Jardins arabes de Grenade.

sculpture et gravure en médailles

Salon des Champs-Elysées

MM. Captier. — La Désespérance ; statue plâtre.

Gasq. —Médée ; groupe marbre.

Émile Gaulard. —Léda; camée.

Greber. —Le Coup de grisou ; statue marbre.
Mlle Basse. — Bacchante; statue plâtre.
MM. Gustave Michel. — L'Inspiration; statue
marbre.

Pech. — Mon grand secret; groupe en
plâtre.

Salon du Champ de Mars

MM. Desbois. — La Mort ; groupe en bronze.
Fagel. — Le Greffeur; statue plâtre.
Pierre Boche. —L'Effort; projet de fontaine
plâtre.

Schnegg. — Buste d'homme.
 
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