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Bulletin de l' art pour tous — 1904

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No 218 (Février1904)
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BULLETIN DE L’ART POUR TOUS

N° 218

savant. C’est la vie même que ces deux toiles ! Aussi
combien admirées !

Jolis, distingués, les envois de M. Humbert, mais
dans une tout autre note; mais quelle virtuosité, quelle
élégance !

M. Flameng nous ravit cetle fois dans le délicieux
petit portrait de Mlle Sorel dans Célimène. M. Bou-
guereau est plus pâle et plus tourmenté que de cou-
tume nous semble-t-il, et M. J. Lefebvre plus sec.
M. Henner, toujours attirant mais un peu trop pareil;
M. Bonnat, moins officiel, plus vivant et par cela
même plus séduisant. De plus en plus en progrès
M. Abel Faivre, qui devient un de nos plus élégants
portraitistes; de même aussi M. Paul Chabas.

Superbe le portrait de Militaire, par M. Léandre,
bien peint dans le caractère du personnage repré-
senté. M. Carolus Duran, de sa palette magique,
nous offre celte fois un nu se détachant sur un velours
comme lui seul sait les peindre: La femme aux fleurs,
gros succès ! Gros succès aussi pour l'Ouvrière de
M. Tony-Robert Fleury, le nouveau président de la
Société des Artistes français.

Il faut malheureusement nous contenter de citer
des noms, la place ici nous étant trop mesurée.

Citons donc les portraits de MM. Cormon, Blan-
chard, Laulh, Bordes, Renard, Saint-Pierre, Um-
bricht, Wauters, Vollon, Werts, Brisgand, etc., etc.

Comme tableaux de genre, nous remarquons par-
ticulièrement ceux de MM. Thomas, Un délicieux
intérieur; Brispot, toujours fin et spirituel; Le rude
marin, de M. Tattegrain; La lettre d’exil, de M. Swil-
ler; La répétition à la Comédie Française, de M. Mei-
gnan ; l'Intérieur tunisien, de M. de Saint-Germier,
bien d’autres encore ! et enfin, les deux envois saty-
riques et burlesques des peintres Weber et Devam-
bez.

Dans les paysages et marines, nous remarquons
particulièrement ceux de MM. Dameron, plus délicat
et lumineux que jamais, Demont, Damoye, Bompart,
Maurice Chabas, Guignard, Guinier, Invill, Koechlin,
F. Lamy, A. Laurens, Le Gout-Gérard, etc. N’ou-
blions pas les jolies natures mortes de MM. Bergeret
et Chrétien, ni les fleurs délicates de M. Cesbron.

En sculpture, les deux cires polychromées de
MM. Stanislas Lami, Franz Hais et Bollicelli sont
fort admirées. Les bustes ou statuettes de MM. Du-
bois, Chalon, Lenoir, Léonard, Levasseur, Puech et
Sicard sont des œuvres d’art qui arrêtent le visiteur
et le captivent. En somme, Exposition en tous points
réussie !

Exposition des Artistes décorateurs
au Petit Palais.

Nous ne pourrions en dire autant d’une autre exhi-
bition aussi inutile que dépourvue d'intérêt et qui a
succédé au Salon d’Aulomne au Petit Palais : Les
Artistes décorateurs. C’est la répétition d’une partie
de l’Exposition des Arts décoratifs de la nationale;
ce sont des meubles aux formes aussi bizarres que
peu attirantes par leur couleur et leurs dessins angu-
leux; des lits et des chaises longues dont le frôlement
seul aurait pour conséquence de déterminer d’hor-
ribles écorchures. Il y a bien quelques jolis bibelots
de Vallombreuse et de Massoul, quelques jolis
panneaux de peinture décorative signés Henri
Cesbron ou Smith et qui sont en somme des
tableaux. On aurait pu remettre l’exhibition de toutes
ces choses aux Salons prochains.

Le public est las des expositions, les multiplier
c’est leur retirer toute espèce d’intérêt; pour celle-ci
le portique d’entrée, d’un effet et d’un goût si désas-
treux, suffirait seul pour décourager et indisposer le
visiteur.

Cercle de V Union artistique.

L’Exposition du Cercle de l’Union artistique est
toujours attendue avec impatience par une foule
élégante, qu’elle attire dans ses somptueux salons, et
par des admirateurs des maîtres réputés, dont les
œuvres se trouvent ici réunies presque toutes, avant
les Salons annuels. C’est comme un vernissage anti-
cipé. Le public adore les indiscrétions ou les pri-
meurs 1

Le cadre déjà si joli du Cercle s’est encore agrandi
et embelli de trois jolis petits salons, qui forment
entrée au grand hall connu.

Nous retrouvons là beaucoup des artistes du cercle
Volney, et nous devons avouer que quelques-uns ont
été ici moins heureux dans leurs envois. Par exemple,
M. Gabriel Ferrier, dont les portraits nous avaient
absolument enchantés au cercle Volney, nous sem-
blent ici moins bien venus et moins heureux ; peut-être

sont-ce les modèles moins flatteurs ou l’éclairage
moins avantageux? Quant à M. Jules Lefebvre, son
envoi est d’une sécheresse et d’un fini déses-
pérants.

Ici, Carolus Duran remporte une grande victoire!
Les Portraits des Enfants du comte de C... sont traités
avec une virtuosité et une verve incomparables. Le
plus petit comme le plus grand des enfants est mêlé
à l’action, et, sur ce fond de paysage exquis, ces por-
traits deviennent une page de vie intime, où le
convenu est insoupçonné! C’est du plus grand art!

Dans cette même salle, presque en face, le portrait
du regretté maître Gérôme, par Aimé Morot, donne
unenole de tristesse, car c’est à lui que sont réservées
cette année les honneurs du deuil. Cet artiste illustre,
bon et galant homme, est représenté par deux ta-
bleaux orientaux, continuation d’une série de ce
genre, et aussi par une sculpture, un cheval pur sang,
Sainfoin, en bronze doré. Il serait puéril de rappeler
ou de louer le talent de ce maître si apprécié, si
admiré, dont les quatre-vingts ans n’avaient affaibli
aucune des facultés, et qui travaillait sans relâche au
moment même où la grande Faucheuse est venue
l’arracher à son rêve artistique.

Retournons aux vivants un peu au hasard : aux
portraits toujours si savants et si discrets de M. Da-
gnan-Bouveret ; à ceux de M. Blanche, si vrais, si
pénétrants; à ceux de MM. Bonnat, Cormon, Humbert,
Détaillé, Flameng, Chartran, maîtres toujours sûrs du
succès, puisque, chercheurs infatigables, ils restent
égaux ou plus forts qu’eux-mômes.

Bien joli de coloration le portrait de M. Courtois;
fort distingué celui de M. Paul Chabas.

La place nous est ici malheureusement trop mesurée
pour nous étendre et étudier toutes ces œuvres
comme elles le mériteraient. Il faut abréger et citer.
Avons-nous dit que M. Roybet avait un truculent
Doge de Venise : trop d’éclat et trop d’habileté
en font une œuvre d’un goût criard qui en diminue
la puissance. Comme antithèse, nous prendrons le
joli portrait de Mnle Suzanne Desprès, par Guirand
de Scévola. Dans une atmosphère de rêve et d’impré-
cision, ce portrait est une vivante image. C’est l’hé-
roïne douloureuse d’Ibsen, la blessée de la vie, tout
ce que Mmo Desprès excelle à représenter : la Femme,
avec ses tristesses et ses amertumes concentrées...
C’est plus que cela encore!... M. de Scévola a peint
Mmo Desprès en poète et il en a fait une Muse.

Citons l’étude de M. A. Mercié, le Repos de
M. Clairin, et les œuvres de MM. Franc Lamy,
Maxence, Werts, Aublet, Aviat, Benner, A. Vollon,
Bordes, Laulh, etc.; citons encore les paysages
de MM. Barillot, Cognet, Guignard, Harrisson, Saint-
Germier, Réalier-Dumas, Tenré, etc.; les Chiens, de
M. Hermann Léon, les Bœufs, de M. Vayson.

En sculpture, les œuvres de MM. Saint-Marceaux,
Puech, Cariés, A. Mercié et Crauk sont les plus
admirées et les plus admirables.

En somme, deux premières grandes manifestations
arlistiques nous promettent deux Salons excep-
tionnels. L’art n’est pas en décadence. On sent que la
volonté des artistes veille sans cesse et les pousse
vers le mieux et le plus beau.

*

* *

Une Exposition d’Art français du xviii° siècle a lieu
en ce moment à Bruxelles.

Inaugurée par le roi, la princesse Clémentine, ac-
compagnés des ministres, de la cour, d’une foule
officielle et mondaine, le directeur des Beaux-Arts et
l’ambassadeur de France, cette manifestation artis-
tique a été un triomphe pour les organisateurs et
pour l’art français.

C’est grâce à M. Lenain, de l’Académie royale de
Belgique, et à M. Arthur Bloche, expert près la Cour
d’appel de Paris, que ce tour de force a pu être
réalisé.

Il fallait la prodigieuse activité de M. Arthur
Bloche, son érudition incontestée et sa volonté abso-
lue de la réussite pour mener à bien une tentative qui
pouvait, mal conduite, aboutir à ce qu’on appelle un
four.

11 fallait son tact, et la confiance qu’il inspire aux
collectionneurs pour les décider à se dessaisir, même
momentanément, des merveilles qu’ils possèdent et
gardent avec un soin jaloux.

Voilà de la bonne décentralisation et de la belle
politique.

Nous donnerons dans notre prochain numéro une
étude des merveilles exposées qu’on n’avait jamais
vues à aucune exposition et qu’on ne retrouvera cer-
tainement jamais ainsi groupées.

M. Foyot-d’Alvar.

JURISPRUDENCE ARTISTIQUE

Prcccs d’artiste.

Un intéressant procès, en matière artistique, est en
instance entre M. Vierge, l’artiste bien connu — entre
i autres par ses illustrations du Pablo de Ségovie, de
Michel Quevedo,— et M. Georges Petit.

M. Vierge avait organisé, galerie Georges Petit, une
exposition de vingt aquarelles. Conformément aux

I conventions stipulées, M. Vierge acquitta le prix de
location, fixé à trois mille francs, en envoyant quatre
aquarelles à M. Georges Petit.

De cet envoi est né le procès. M. Georges Petit le
refuse, en effet, alléguant que ces aquarelles sont in-
dignes du talent du maître. M. Vierge, au conlraire,
les affirme de même valeur que les autres.

Telle est la délicate question sur laquelle est ap-
pelée à se prononcer la première chambre civile.

\ Mes Antoine Faure et Delamarre se présentent pour
les parties.

\ [Le Gaulois.)

*

Vieux tableaux.

Il a été, ces jours-ci, question, au Palais, de chefs-
d’œuvre signés par les plus grands maîtres des écoles
flamande et anglaise. On a plaidé— ce furent Mos Al-
bert Bureau et Barboux les avocats — autour de
deux Rembrandt, un Ruysdaël, deux Lawrence et un
Gansborough. Ces toiles sont échappées de la célèbre
galerie de Robert Peel, le fameux ministre de Geor-
j ges IV.

< Le petit-fils de Robert Peel dut, un jour, céder à
\ un marchand les dernières bribes de ta collection
1 grand-paternelle.

\ Mais ses compatriotes considérèrent cette vente
comme une sorte d’outrage, comme une perte pour
l’Angleterre. Le gouvernement tressaillit, l’ambassade
anglaise agit secrètement, à Paris, où le crime avait
été commis. Et voilà un procès entamé qui dure de-
puis tantôt quatre ans.

On s’est souvenu, pour la circonstance, qu’un trust
protégeait le patrimoine de Robert Peel, et, sans plus
hésiter, on a voulu traiter en voleur le marchand,
M. Kleinberger, qui avait acquis et payé les toiles.
M. Kleinberger se défendit énergiquement devant le
juge d’instruction, il triompha, et sortit libre de celle
mauvaise querelle d’Anglai-.

1 Mais la lutte n’est pas terminée ; elle a été reprise
devant les tribunaux civils.

M° Barboux, qui plaidait en cour d’appel pour
M. Kleinberger, a pu rappeler quelques acquisitions
célèbres faites par des particuliers ou par des musées
en dehors des règles prescrites par les Codes, tout
en soutenant que son client n’en a enfreint aucune,
Robert Peel fils étant libre de ses actes et maître de
vendre ce qui lui appartient en France.

Qui ne connaît, par exemple, le célèbre édit Pacca?
Grâce à lui, aucun tableau ancien appartenant à une
collection publique ou privée ne peut sortir du ro-
yaume d’Italie. Malgré cetle prohibition, le Louvre
a acheté du prince Schiarra un Bollicelli que tous les
procès intentés en France et en Italie n’ont pu l’obli-
ger à rendre.

Et le trésor de Bosco réale, dont on a parlé récem-
ment à propos de la tiaœ de Saïtapharnès — celle-ci
personne ne la revendique, et ceux qui l’ont vendue
en conservent le prix; — et les manuscrits volés à la
Bibliothèque nationale par I ibri et vendus par lui à
lord Ashburnam, comment M. Léopold Delisle a-t-il
pu les reconquérir? En les rachetant à lord Ashbur-
nam pour 650.000 francs, qui furent payés, partie en
argent, 150.000 francs, et partie au moyen d’autres
manuscrits que les soldats de Turenne avaient « pil-
lés » dans le Palatinat.

Mais d y a mieux encore : ces grands vols interna-
tionaux échappent aux lois écrites; ils sont consti-
tutifs de propriété. Mais ne connaît-on pas certaines
opérations nationales, c’est-à-dire effectuées à l’inté-
rieur des pays, qui ne sont pas plus recommandables
etque la loi protège cependant. Mc Barboux en citait
une, la plus piquante à rappeler devant la Cour de
Paris.

La Compagnie des avocats au Parlement possédait
une précieuse bibliothèque. Pendant la Révolution,
celle bibliothèque fut confisquée. L’Ordre des avo-
cats, successeur et continuateur de la corporation
des avocats au Parlement, l’a pendant longtemps re-
vendiquée, vainement toujours; elle a formé et forme
encore le fonds de la bibliothèque de la Gourde cas-
sation, qui fait ainsi métier de recéleuse aux yeux de
\ nos lois actuelles qui ont aboli la confiscation.

Celte anecdote a fait sourire les conseillers : les
! a-t-elle désarmés? Nous le saurons bientôt.

\ (Le Cri de Paris.)

— La première Chambre de la Cour, présidée par
M. le premier président Forichon, adoptant les con-
clusions de M° Barboux, a décidé :

« Considérant que dans notre droit la possession
de meubles vaut titre et que ce principe, conforme à
la règle de la libre circulation des biens, est d’un in-
térêt général et d’un ordre su éricur, qu’il régit en
l’espèce les biens cédés en France par des étrangers
aussi bien que par des nationaux, cl que la loi seule
détermine ce qui est sur le territoire, dans le com-
merce ou hors du commerce ;

« Considérant que Robert Peel a deux fois prêté
serment devant le consul d’Angleterre à Paris, qu’il
faisait une venle régulière de ces peintures, qu il
expliquait par quels motifs il se proposait de céder
ces tableaux en France, que ces raisons avaient pu
paraître plausibles à Kleinberger et à scs conseils;
I que des œuvres nombreuses et célèbres faisant partie
. de la collection Peel en avaient déjà été notoirement
 
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