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ART-POUR-'

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43e Année

ENCYCLOPEDIE EE L'ARTINDUSTRIEL ET DECORA TIF
■joa-ra^5S a rit tours les m-ots

FONDÉ PAR ÉMILE REIBER
Directeur: Henry GUÉDY, architecte (S. A.

brairi&s-Imprimeries réunie

ATvcienae.Aiai.Son AA-OrcT
PARIS

7, rue Saint-Benoît

née Joaruù: 3Ojh TD
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A NOS LECTEURS

En prenant la direction de l’Art pour
Tous, cette belle publication si française,
mon intention était de la conserver pen-
dant trois ans, mais avant que ce terme
se soit écoulé, et malgré l’insistance de
mes éditeurs, je me décide à laisser ce
poste au numéro de décembre prochain ;
je le quitte non sans regret pour le côté
esthétique, mais avec plaisir pour le labeur
qu’entraîne le fonctionnement d’un journal
et qui m’a obligé à remettre la publication
de deux ouvrages en épreuves depuis un
an. A ce travail qui s’accumule vient s’ajou-
ter une mission archéologique à laquelle il
me faut apporter tous mes soins.

Pour être bien fait, l’Art pour Tous
demande du temps, et je ne voudrais pas
l’entreprendre sans lui donner toute mon
attention.

Au cours de ces deux années de direc-
tion, j’ai essayé de rendre notre journal le
plus intéressant possible, j’ai fait en sorte
de succéder à Reiber, à Sauvageot et à ce
parfait artiste, mon cher confrère Gélis-
Didot.

Je remercie les très nombreux abonnés
qui sont revenus à nous, je remercie ceux
qui ont bien voulu m’entretenir de leurs
impressions artistiques, mais tous ces
liens ne peuvent me faire revenir sur une
décision très arrêtée, car elle ne pourrait
que nuire à d’autres travaux que je crois
plus utiles.

Henry Guédy.

Ce 5 août 1904.

FRAGMENTS D’ART GREC

Tanagra et Myrina

Par J. Danielli
Suite (I)

Examinons maintenant quels sont les diffé-
rents caractères de ces terres cuites. Pour le
faire utilement, il convient tout d’abord de les
classer en quatre séries distinctes, dont les trois
premières correspondent, sauf quelques parti-
cularités qui leur sont spéciales, aux trois séries
que nous avons précédemment définies pour
celles de Tanagra.

La première comprend : de graves et élégan-
tes matrones, de coquettes et gracieuses jeunes
filles et des enfants mutins et joueurs, mais avec
cette restriction que les statuettes de femmes et
de jeunes filles y sont dans une proportion beau-
coup plus restreinte que dans la série corres-
pondante de Tanagra.

La deuxième série est composée de figurines
d’hommes dont la presque totalité est traitée en
charge ou poussée à la caricature. Devant des

(1) Voir l’Art pour tous, n»s d’avril, mai et juin 1904.

. originalités, le plus souvent rendues avec un
j accent de vérité digne des Dantan, des Gavarni
; et autres maîtres de la caricature, on se de-
j mande, de même d’ailleurs que pour les œuvres
! similaires de Tanagra, à quel mobile les coro-
! plases pouvaient bien obéir. Entendaient-ils rail-
i 1er les personnages qu’ils représentaient ou stig-
i matiser leurs actes dans la profession qu’ils
exerçaient? Dans ce cas, il faudrait admettre
que seuls ou à peu près, ceux-là étaient por-
traiturés. Ne conviendrait-il pas plutôt d’y voir
une intention d’accentuer le contraste, en le ren-
dant plus saillant par l’extrême de l’interpréta-
j tion, d’une opposition d’esthétique qu’ils se se-
raient plu à considérer entre les deux sexes de
î l’humanité?

La troisième série est formée de dieux et de

j déesses, dont le nombre est notablement plus
1 élevé que dans la série correspondante de Ta-
) nagra. Ici en effet, ces divinités représentent à
j elles seules plus de la moitié des figurines re-
j cueillies. Parmi elles, il en est quelques-unes
! qui, par la fréquence avec laquelle elles ont été
î reproduites, témoignent de la faveur toule spé-
J ciale dont elles jouirent : telles celles d’Aphro-
dite ou Vénus, d’Eros ou Amour et de Nikès
ou Victoire.

Or relativement atout ce monde de divinités
j il est certaines particularités qui paraissent dé-
; montrer qu’elles-mêmes, avant de devenir des
j statuettes funéraires et être ensevelies, elles ont
eu à remplir un autre rôle plus actif : celui de
j figures votives et d’idoles. Effectivement, beau-

coup sont construites de telle façon qu’elles ne
ne présentent aucun point de stabilité leur per-
mettant de se maintenir normalement dans l’atti-
tude qui leur a été donnée : soit qu’elles aient
celle de voler et alors elles sont pourvues d’ai-
les, cas dans lequel elles ne pouvaient être
maintenues que suspendues, ainsi que le con-
firme d’ailleurs certaines perforations pratiquées
dans le haut du dos et qui ne sont autres que
des trous de suspension; soit qu’elles aient les
jambes repliées de la position assise mais sans
comporter quoique ce fût qui pût leur servir de
siège, d’où, pour les maintenir stables, on devait
les asseoir les jambes pendantes, soit sur une
tablette, soit sur l’angle saillant d’un gradin,
comme celui d’un autel, par exemple.

Enfin, autre particularité à noter : au nombre
de ces dernières, il en est dont les bras sont
mobiles, fixés qu’ils ont élé simplement dans le
haut, près de l’épaule, au moyen de goupilles;
en sorte que l’on en peut à volonté modifier l'at-
titude mais nécessairement dans le sens vertical
seulement, ce qui d’ailleurs devait suffire si,
ainsi que cette particularité paraît le laisser
supposer, cette mobilité devait avoir pour
objet de permettre, dans certaines circonstan-
ces, de leur faire prendre l’attitude de l’invoca-
tion ou de l'offrande. Notons qu’aucune de ces
dispositions spéciales ne se rencontre à T anagra.

Enfin, la quatrième série se compose de re-
productions d’œuvres de la grande sculpture de
l’époque. Et là encore les productions myri-
néennes se distinguent des tanagréennes en ce
que chez ces dernières, nous avons eu l’occa-
sion de le dire, ces sortes d’interprétations n’in-
terviennent qu’à litre d’exception. Parmi ces
reproductions, les Aphrodite ou Vénus occu-
pent la plus grande place : Vénus accroupie,
Vénus au bain, Vénus sortant de fonde, Vénus
à la toilette, Vénus génitrix, eLc. De cette der-
nière, dont le musée du Louvre possède préci-
sément un marbre antique grandeur naturelle,
il existe, dans la collection Poltier et Reinach,
trois répliques de tailles différentes. Maintenant
que faut-il voir dans cesreproduclions? Elaient-
ce là des motifs à répétition d’un commerce
courant et que quiconque, moyennant quelques
drachmes, pouvait s’offrir? Il semble cpie
l’abondance n’en est pas telle qu’on doive
s’arrêter à celte hypothèse. Peut-être faudrait-il
y voir simplement des copies exécutées à la
demande d’amateurs plus raffinés, désireux de
posséder des images d’œuvres jouissant d’une
notoriété justifiée.

Une autre particularité à laquelle il convient
encore de s’arrêter consiste en ce que, si de même
que les terres cuites de Tanagra, beaucoup
de celles de Myzina tiennent dans les mains des
objets variés, la plupart semblables à ceux des
premières, il en est un, et non le moindre, qui
y parait totalement ignoré. Il s’agit de l’éventail,
cet accessoire que nous avons décris en môme
temps qu’indiqué les différentes causes appa-
rentés d’utilisation. EL son absence ici, si elle n’est
expliquée, démontre tout au moins que son usa-
ge à Tanagra y est resté d’autant plus exclusi-
vement localisé qu’on n’en retrouve de trace
nulle part ailleurs, aussi bien dans les œuvres
de la grande sculpture que dans celles aux pro-
portions restreintes, qu’elles soient antérieures,
contemporaines ou postérieures ; et le fait peut
paraître d’autant plus surprenant, que la situa-
tion topographique de Tanagra ne l’exposait pas
à des conditions climatériques différentes de
celles de nombre d’autres villes de la Grèce en
général et de Myrina en particulier. Aussi sem-
ble-t-il qu’on en doive conclure que c’était là un
objet beaucoup plus de fantaisie et de maintien
que d’indispensable milité, fantaisie issue d’un
de ces caprices de la mode qu’en toutes circon-

BULLETIN DE L’ART POUR TOUS. — N° 223.
 
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