DOI Heft:
No 7 (1907)
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.27144#0067
DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS
53
tible, était cer-
tes très utile,
et ies Ëgéens
étaient très désireux de le voir se perpétuer et
pulluler, ce pourquoi les représentations, selon la
croyance primitive, étaient très efficaces. A cela
s'ajoute peut-être l'étrangeté de l'animal et sa vie
obscure dans les profondeurs de la mer qui, avec
sa population grouillante et multiforme, a dû
agir fortement sur l'imagination primitive *.
Bien entendu, le potier qui, pour orner un vase,
puise dans la masse des représentations qui lui
sont familières, peut avoir parfaitement perdu de
vue la signification première de ces images et ne
plus songer qu'à faire œuvre de décorateur.
Nous ne voulons qu'indiquer en passant ce point
I. Nous sommes cependant loin de partager l'opinion
hasardeuse de M. Hounay, un naturaliste qui veut recon-
naître sur un vase mycénien oit l'on voit un poulpe et
divers animaux dont des canards, une représentation
d'une conception primitive de la génération spontanée.
(PERROT et CHEPIEZ, Æ'sAwt? & Ayi /'rrtt/z'yrtz'Ai,
t. VI, p. $24. et suiv.) Rappelons en passant qu'à
Trézène, à l'époque grecque, on rendait un culte au
poulpe (14^72^, VII, 103. Cf. DE VISSER, CM 7330^
A?* p t6i) et qu'il
apparaît au v" siècle sur les monnaies d'Eréthrie en
Eubée.
Fio. 3.
de vue pour bien marquer le caractère primitif de
l'art mycénien. Comparé à l'art grec classique, tl
semble bien plus avoir été créé par des sauvages
admirablement doués et devenus, par la pratique,
d'une habileté prodigieuse, que par des artistes
conscients des problèmes que pose la représentation
du monde extérieur. S'ils ont fait de l'art, c'est
sans le savoir, comme M. Jourdain faisait de la
prose. JEAN DE Moi*.
COLLECTIONS DOCUMENTAIRES
OUS avons reçu, dans ces derniers temps, plu-
L 1 sieurs intéressantes séries de cartes postales,
reproduisant des costumes nationaux.
Ce fut d'abord une suite de costumes roumains
rapportée par M. Louis De Pauw, au retour d'un
voyage à Bucarest, où l'avaient appelé d'importants
montages d'objets d'histoire naturelle pour le
Gouvernement.
M. Sainctelette, notre ministre à Athènes, qui
ne perd jamais l'occasion d'être utile à nos Musées
et de nous faire profiter des sympathies qu'il a le
le côté artisti-
que est origi-
nairement se-
condaire : c'est
un moyen, et
non un but, mis
au service de
certains usages
magiques et re-
ligieux. Ce ne
sont pas les
races animales
les plus élevées
qui ont seules
revêtu un ca-
ractère sacré ou
religieux. Par-
mi les raisons
confuses et
obscures qui
ont façonné les
croyances des
sauvages, l'uti-
lité a joué un
très grand rôle.
Or le poulpe,
animal cornes-
53
tible, était cer-
tes très utile,
et ies Ëgéens
étaient très désireux de le voir se perpétuer et
pulluler, ce pourquoi les représentations, selon la
croyance primitive, étaient très efficaces. A cela
s'ajoute peut-être l'étrangeté de l'animal et sa vie
obscure dans les profondeurs de la mer qui, avec
sa population grouillante et multiforme, a dû
agir fortement sur l'imagination primitive *.
Bien entendu, le potier qui, pour orner un vase,
puise dans la masse des représentations qui lui
sont familières, peut avoir parfaitement perdu de
vue la signification première de ces images et ne
plus songer qu'à faire œuvre de décorateur.
Nous ne voulons qu'indiquer en passant ce point
I. Nous sommes cependant loin de partager l'opinion
hasardeuse de M. Hounay, un naturaliste qui veut recon-
naître sur un vase mycénien oit l'on voit un poulpe et
divers animaux dont des canards, une représentation
d'une conception primitive de la génération spontanée.
(PERROT et CHEPIEZ, Æ'sAwt? & Ayi /'rrtt/z'yrtz'Ai,
t. VI, p. $24. et suiv.) Rappelons en passant qu'à
Trézène, à l'époque grecque, on rendait un culte au
poulpe (14^72^, VII, 103. Cf. DE VISSER, CM 7330^
A?* p t6i) et qu'il
apparaît au v" siècle sur les monnaies d'Eréthrie en
Eubée.
Fio. 3.
de vue pour bien marquer le caractère primitif de
l'art mycénien. Comparé à l'art grec classique, tl
semble bien plus avoir été créé par des sauvages
admirablement doués et devenus, par la pratique,
d'une habileté prodigieuse, que par des artistes
conscients des problèmes que pose la représentation
du monde extérieur. S'ils ont fait de l'art, c'est
sans le savoir, comme M. Jourdain faisait de la
prose. JEAN DE Moi*.
COLLECTIONS DOCUMENTAIRES
OUS avons reçu, dans ces derniers temps, plu-
L 1 sieurs intéressantes séries de cartes postales,
reproduisant des costumes nationaux.
Ce fut d'abord une suite de costumes roumains
rapportée par M. Louis De Pauw, au retour d'un
voyage à Bucarest, où l'avaient appelé d'importants
montages d'objets d'histoire naturelle pour le
Gouvernement.
M. Sainctelette, notre ministre à Athènes, qui
ne perd jamais l'occasion d'être utile à nos Musées
et de nous faire profiter des sympathies qu'il a le
le côté artisti-
que est origi-
nairement se-
condaire : c'est
un moyen, et
non un but, mis
au service de
certains usages
magiques et re-
ligieux. Ce ne
sont pas les
races animales
les plus élevées
qui ont seules
revêtu un ca-
ractère sacré ou
religieux. Par-
mi les raisons
confuses et
obscures qui
ont façonné les
croyances des
sauvages, l'uti-
lité a joué un
très grand rôle.
Or le poulpe,
animal cornes-