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BULLETIN DES MUSEES ROYAUX
les domaines d'une manière remarquablement
égale : architecture, sculpture, peinture, travail
des métaux, céramique... Deux genres de produc-
tions sont même spéciaux au Japon par le degré de
perfection qu'ils y ont atteint : le laque et l'es-
tampe.
Une œuvre japonaise présente trois caractéris-
tiques principales : la précision et la pureté de la
ligne, l'harmonie des couleurs et la perfection de
l'exécution matérielle poussée à ses limites ex-
trêmes. Si l'on ajoute à cela la tendance des artistes
à synthétiser et à schématiser, ainsi que leur senti-
ment profond du décor, on aura esquissé à grands
traits les caractères principaux de l'art japonais.
LA SCULPTURE. — Le développement de la
sculpture coïncide au Japon avec l'introduction du
Bouddhisme, au VF siècle. Des époques anté-
rieures, il ne subsiste que des statues d'un aspect
primitif et grossier, en pierre ou en terre cuite ;
ces dernières, d'origine funéraire, entouraient les
tombeaux des grands personnages.
La sculpture resta, pendant longtemps, exclusi-
vement religieuse, et les artistes se bornèrent à
reproduire les modèles importés de Corée et de
Chine. Ils cessèrent cependant d'imiter l'art étran-
ger et, cherchant dans le milieu ambiant des
sources d'inspiration, iis créèrent un art national.
FIG. 2. FUKURUKUJU. BOIS NATUREL PARMASANAO.
XVIII° SIÈCLE.
Sous les Ashikaga on abandonna les sujets
religieux pour traiter de préférence les sujets pro-
i. Famille issue des Minamoto, dent les membres
occupèrent le Shogunat de 1338 à 1573. C'est la période
la plus troublée de l'histoire japonaise.
fanes, ainsi que la représentation des personnages
célèbres.
A la fin du xvi" siècle et au commencement du
xviF, des châteaux et
des temples nombreux
s'élevèrent dans le pays,
parmi lesquels les célè-
bres temples de Nikko;
pendant cette période,
la sculpture appliquée
à l'architecture produi-
sit des effets décoratifs
grandioses.
Enfin, l'époque des
Tokugawa ^ fut carac-
térisée par la sculpture
des netsukés L
La matière la plus
généralement employée
pour la sculpture est le
bois. ^11 existe, au Ja-
pon, un grand nombre
d'essencesremarquables
présentant les qualités
les plus diverses et les
plus précieuses ; aussi
les sculpteurs, soucieux,
comme tous les'artistes
japonais, du choix des
matériaux, s'appli
quaient-ils à rechercher FiG. 3. i,A POÉTESSE KOMAcm
les bois dont la texture EN VIEILLE MENDIANTE Bois
et la coloration étaient POLYCHROME. xix° SIÈCLE,
le plus en rapport avec
le sujet à traiter. Les bois sculptés étaient souvent
laqués ou polychromés.
La figure 1 représente Kwan-yu, dieu chinois
de la guerre, sujet fréquemment traité par les
artistes japonais. Kwan-yu (en chinois Kouan-ti),
général vivant au iF siècle après J.-C., fut élevé au
rang des esprits célestes en 1128 et définitivement
déifié par décret impérial en 1594.
Le dieu, drapé dans de riches vêtements, assis
sur un siège rustique, tient, dans sa main droite,
une épée nue. D'allure imposante, tout l'ensemble
de sa personne est empreint à la fois d'une force
sûre d'elle-même et d'un calme majestueux. Les
2. Aux mains des Tokugawa, le Shogunat devint une
véritable royauté ; ils gouvernèrent ce pays, de 1603 à
1868, avec une toute-puissance que les empereurs n'a-
vaient peut-être jamais égalée.
3. Petit sujet sculpté destiné à retenir à la ceinture la
boite à médecine, la pipe ou d'autres objets encore.
(Prononcer « nets'ké. )>)
BULLETIN DES MUSEES ROYAUX
les domaines d'une manière remarquablement
égale : architecture, sculpture, peinture, travail
des métaux, céramique... Deux genres de produc-
tions sont même spéciaux au Japon par le degré de
perfection qu'ils y ont atteint : le laque et l'es-
tampe.
Une œuvre japonaise présente trois caractéris-
tiques principales : la précision et la pureté de la
ligne, l'harmonie des couleurs et la perfection de
l'exécution matérielle poussée à ses limites ex-
trêmes. Si l'on ajoute à cela la tendance des artistes
à synthétiser et à schématiser, ainsi que leur senti-
ment profond du décor, on aura esquissé à grands
traits les caractères principaux de l'art japonais.
LA SCULPTURE. — Le développement de la
sculpture coïncide au Japon avec l'introduction du
Bouddhisme, au VF siècle. Des époques anté-
rieures, il ne subsiste que des statues d'un aspect
primitif et grossier, en pierre ou en terre cuite ;
ces dernières, d'origine funéraire, entouraient les
tombeaux des grands personnages.
La sculpture resta, pendant longtemps, exclusi-
vement religieuse, et les artistes se bornèrent à
reproduire les modèles importés de Corée et de
Chine. Ils cessèrent cependant d'imiter l'art étran-
ger et, cherchant dans le milieu ambiant des
sources d'inspiration, iis créèrent un art national.
FIG. 2. FUKURUKUJU. BOIS NATUREL PARMASANAO.
XVIII° SIÈCLE.
Sous les Ashikaga on abandonna les sujets
religieux pour traiter de préférence les sujets pro-
i. Famille issue des Minamoto, dent les membres
occupèrent le Shogunat de 1338 à 1573. C'est la période
la plus troublée de l'histoire japonaise.
fanes, ainsi que la représentation des personnages
célèbres.
A la fin du xvi" siècle et au commencement du
xviF, des châteaux et
des temples nombreux
s'élevèrent dans le pays,
parmi lesquels les célè-
bres temples de Nikko;
pendant cette période,
la sculpture appliquée
à l'architecture produi-
sit des effets décoratifs
grandioses.
Enfin, l'époque des
Tokugawa ^ fut carac-
térisée par la sculpture
des netsukés L
La matière la plus
généralement employée
pour la sculpture est le
bois. ^11 existe, au Ja-
pon, un grand nombre
d'essencesremarquables
présentant les qualités
les plus diverses et les
plus précieuses ; aussi
les sculpteurs, soucieux,
comme tous les'artistes
japonais, du choix des
matériaux, s'appli
quaient-ils à rechercher FiG. 3. i,A POÉTESSE KOMAcm
les bois dont la texture EN VIEILLE MENDIANTE Bois
et la coloration étaient POLYCHROME. xix° SIÈCLE,
le plus en rapport avec
le sujet à traiter. Les bois sculptés étaient souvent
laqués ou polychromés.
La figure 1 représente Kwan-yu, dieu chinois
de la guerre, sujet fréquemment traité par les
artistes japonais. Kwan-yu (en chinois Kouan-ti),
général vivant au iF siècle après J.-C., fut élevé au
rang des esprits célestes en 1128 et définitivement
déifié par décret impérial en 1594.
Le dieu, drapé dans de riches vêtements, assis
sur un siège rustique, tient, dans sa main droite,
une épée nue. D'allure imposante, tout l'ensemble
de sa personne est empreint à la fois d'une force
sûre d'elle-même et d'un calme majestueux. Les
2. Aux mains des Tokugawa, le Shogunat devint une
véritable royauté ; ils gouvernèrent ce pays, de 1603 à
1868, avec une toute-puissance que les empereurs n'a-
vaient peut-être jamais égalée.
3. Petit sujet sculpté destiné à retenir à la ceinture la
boite à médecine, la pipe ou d'autres objets encore.
(Prononcer « nets'ké. )>)