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BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX
FUSIL-REVOLVER A SILEX, DU COMMENCEMENT DU XVIII" SIÈCLE.
Æl/.
France, chargées d'un lambel à trois pendants,
sommées de la couronne à cinq Heurs de Iis. La
contre-platine porte une plaque, style Louis XV,
décorée de Hnes ciselures.
Un beau fusil Louis XV, à silex, prêté par M. de
Ribaucourt, et portant un canon espagnol, est
muni d'une platine ciselée, décorée de délicats rin-
ceaux. Sa contre-platine est en cuivre doré et sa
sous-garde et les garnitures de son fût en cuivre
doré, ciselé et gravé.
M. le comte Léopold de Beauffort expose une
superbe paire de pistolets à silex, dont les canons,
ciselés en partie et rayés, sont signés : <s Joh. And.
Kuchenreuter ». La platine de ces armes, en acier
ciselé, est décorée d'animaux ; la contre-platine, la
sous-garde et les garnitures, en cuivre doré, sont
ornées de rocailleset de représentations d'animaux.
Les premières armes de chasse à silex étaient à
canon simple. On en arriva bientôt à fabriquer des
armes munies de deux canons superposés sur un
même arbrier pivotant sur un axe central et dans
lesquelles les tonnerres, munis chacun d'un bassi-
net et d'un couvre-bassinet à batterie, passaient
successivement devant l'unique chien.
C'est à partir de la seconde moitié du xvm" siè-
cle que se répandent les armes à canons doubles
assemblés et soudés horizontalement. La petite
bande recouvrant le joint des canons doubles ne
paraît pas devoir remonter au delà de 1730 envi-
ron, au plus tôt. Ces modifications donnaient déjà
aux armes à feu de chasse une physionomie nou-
velle, qu'elles ont gardées depuis. Toutefois, il est
à remarquer que les armes à un coup continuèrent,
pendant longtemps encore à être employées.
Au point de vue du Uni de l'exécution, les
armes du xvm" siècle l'emportent de beaucoup sur
celles du xvn" siècle. Celles ci sont lourdes, en
général, et sans grâce ; les autres sont mieux étu-
diées, plus commodes, d'un galbe plus parfait.
Pour ce qui est de la décoration des armes, le
xvni"siècle, sous l'inHuence des règnes de Louis XIV
et de Louis XV, nous a laissé des chefs-d'œuvre.
Une magnifique pièce de la seconde moitié du
xviii" siècle (vers 1768), envoyée par M. le comte
Léopold de Beauffort, c'est ce fusil de chasse à
silex exposé à Anvers et dont les canons doubles
portent la marque de Æ/co/iM Ag C/^c, l'un des
deux c canonniers », mais le seul breveté, du roi
Louis XV, et plus tard de Louis XVI : l'autre
était yMM-ATaMçoM Les platines de ce
fusil et sa sous-garde sont ornées de bouquets de
roses délicatement ciselés sur fond doré ; la crosse
est garnie de légers rinceaux d'argent incrusté,
semés de points d'or.
L'ingéniosité des inventeurs du xvm" siècle,
voire du xvn" siècle, ne se borna pas à l'invention
de ces armes à doubles canons : on fabriqua égale-
ment (et ceci déjà dès la fin du xvi" siècle) des
fusils et même des pistolets à trois, quatre, cinq
coups, qui sont des armes à répétition avec barillet
analogue à celui de nos revolvers modernes. La dif-
férence, outre le mode d'inHammation, consiste en
ce que, dans ces armes à répétition du xvn" siècle
et d'avant, les barillets ne sont pas mus automati-
quement par la pression du doigt sur la détente.
Le Musée de la Porte de Hal possède de ce type
d'armes quelques spécimens d'un grand intérêt.
L'un d'eux figure à l'Exposition d'Anvers. C'est
un fusil-revolver à silex, de la fin du xvn" siècle,
ou plutôt du commencement du xvm" siècle. Nous
le reproduisons ci-dessus et nous nous y arrêterons
un instant. Cette arme, à canon unique, est munie
d'un barillet tournant à trois tonnerres, portant
chacun un bassinet en cuivre pourvu de son cou-
vre-bassinet et de sa batterie. La percussion
s'opère au moyen d'un chien unique. Le pontet
de sous-garde, en cuivre ciselé, est scindé en deux :
le barillet tourne à la main, après qu'une pression
BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX
FUSIL-REVOLVER A SILEX, DU COMMENCEMENT DU XVIII" SIÈCLE.
Æl/.
France, chargées d'un lambel à trois pendants,
sommées de la couronne à cinq Heurs de Iis. La
contre-platine porte une plaque, style Louis XV,
décorée de Hnes ciselures.
Un beau fusil Louis XV, à silex, prêté par M. de
Ribaucourt, et portant un canon espagnol, est
muni d'une platine ciselée, décorée de délicats rin-
ceaux. Sa contre-platine est en cuivre doré et sa
sous-garde et les garnitures de son fût en cuivre
doré, ciselé et gravé.
M. le comte Léopold de Beauffort expose une
superbe paire de pistolets à silex, dont les canons,
ciselés en partie et rayés, sont signés : <s Joh. And.
Kuchenreuter ». La platine de ces armes, en acier
ciselé, est décorée d'animaux ; la contre-platine, la
sous-garde et les garnitures, en cuivre doré, sont
ornées de rocailleset de représentations d'animaux.
Les premières armes de chasse à silex étaient à
canon simple. On en arriva bientôt à fabriquer des
armes munies de deux canons superposés sur un
même arbrier pivotant sur un axe central et dans
lesquelles les tonnerres, munis chacun d'un bassi-
net et d'un couvre-bassinet à batterie, passaient
successivement devant l'unique chien.
C'est à partir de la seconde moitié du xvm" siè-
cle que se répandent les armes à canons doubles
assemblés et soudés horizontalement. La petite
bande recouvrant le joint des canons doubles ne
paraît pas devoir remonter au delà de 1730 envi-
ron, au plus tôt. Ces modifications donnaient déjà
aux armes à feu de chasse une physionomie nou-
velle, qu'elles ont gardées depuis. Toutefois, il est
à remarquer que les armes à un coup continuèrent,
pendant longtemps encore à être employées.
Au point de vue du Uni de l'exécution, les
armes du xvm" siècle l'emportent de beaucoup sur
celles du xvn" siècle. Celles ci sont lourdes, en
général, et sans grâce ; les autres sont mieux étu-
diées, plus commodes, d'un galbe plus parfait.
Pour ce qui est de la décoration des armes, le
xvni"siècle, sous l'inHuence des règnes de Louis XIV
et de Louis XV, nous a laissé des chefs-d'œuvre.
Une magnifique pièce de la seconde moitié du
xviii" siècle (vers 1768), envoyée par M. le comte
Léopold de Beauffort, c'est ce fusil de chasse à
silex exposé à Anvers et dont les canons doubles
portent la marque de Æ/co/iM Ag C/^c, l'un des
deux c canonniers », mais le seul breveté, du roi
Louis XV, et plus tard de Louis XVI : l'autre
était yMM-ATaMçoM Les platines de ce
fusil et sa sous-garde sont ornées de bouquets de
roses délicatement ciselés sur fond doré ; la crosse
est garnie de légers rinceaux d'argent incrusté,
semés de points d'or.
L'ingéniosité des inventeurs du xvm" siècle,
voire du xvn" siècle, ne se borna pas à l'invention
de ces armes à doubles canons : on fabriqua égale-
ment (et ceci déjà dès la fin du xvi" siècle) des
fusils et même des pistolets à trois, quatre, cinq
coups, qui sont des armes à répétition avec barillet
analogue à celui de nos revolvers modernes. La dif-
férence, outre le mode d'inHammation, consiste en
ce que, dans ces armes à répétition du xvn" siècle
et d'avant, les barillets ne sont pas mus automati-
quement par la pression du doigt sur la détente.
Le Musée de la Porte de Hal possède de ce type
d'armes quelques spécimens d'un grand intérêt.
L'un d'eux figure à l'Exposition d'Anvers. C'est
un fusil-revolver à silex, de la fin du xvn" siècle,
ou plutôt du commencement du xvm" siècle. Nous
le reproduisons ci-dessus et nous nous y arrêterons
un instant. Cette arme, à canon unique, est munie
d'un barillet tournant à trois tonnerres, portant
chacun un bassinet en cuivre pourvu de son cou-
vre-bassinet et de sa batterie. La percussion
s'opère au moyen d'un chien unique. Le pontet
de sous-garde, en cuivre ciselé, est scindé en deux :
le barillet tourne à la main, après qu'une pression