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La chronique des arts et de la curiosité — 1878

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Nr. 14 (6 Avril)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26617#0114
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LA CHRONIQUE DES ARTS

rares encore ne sont guère moins précieux, le
Verrocchio, esl représenté par neuf dessins,
esquisses à la plume d’une saveur de nature
toute particulière ; six au moins sont incon-
testablement de lui. Puis, le xve siècle est
couronné dans la collection de M. de la Salle,
— je ne cite que les pièces capitales, — par
deux Bottieelli admirables : un buste de
femme, au pinceau sur papier violet, et une com-
position triomphale, à la plume et au pinceau.
J’ajouterai encore deux' compositions, à la
plume, dans le goût de Baccio Baldini.

Le XVIe siècb italien es plus abondant en-
core. Je me contenterai de cit-r les noms de :
Piero di Cosimo, Frà Bartolommeo, Sodoma
(une très-belle étude de femme nue, au crayon
noir estompé). Titien (un charmant paysage,
à la plume), Giorgione (un paysage à lubri-
ques, à la plume, dans le goût des paysages de
Durer), Balthazar Peruzzi (une superbe com-
position empruntée à la vie d'Hercule), Baccio
Bandinelli, André del Sarte (deux belles es-
quisses)/ Corrège (quatre dessins, dont une ra-
vissante Madeleine à mi-corps, à la sanguine,
de la collection d’Arundel), Poîvdore de Cara-
vage (des frises pleines de caractère), Jules
Ro nain (une magniiique composition repré-
sentant Orphée et Eurydice), et Parmesan.
L’école de Raphaël tient une place impor-
tante dans ta collection; noiogs surtout les
remarquables dessins de NiccoJô dei’Abbate
et du Primatice. Quant à l’école bolonaise,
elle est abondamment représentée, trop abon-
damment peut-être, par des morceaux du
meilleur choix. Je me souviens encore, à la
suite, d’une délicieuse aquarelle de Pannini,
une Vue de ruines antiques, et de croquades
de Guardi.

L’école liollan laise, qui vient après, est su-
perlative. Il serait ditlicile de rencontrer une
plus rare, une plus précieuse collection d’es-
quisses des maîtres de cette école. On sait que
les beaux dessins hollandais sont fort peu
communs, mais on sait aussi qu’ils ont sou-
vent la valeur et l’intérêt de véritables ta-
bleaux. Les Rembrandt de M. Mis de la Sahe
sont inouïs. 11 y en a sept, tous importants.
Citons surtout la copie très-curieuse d’une
miniature indienne et la Vue de son atelier,
qui est peut-être Je plus beau dessin du maî-
tre, avec leniHgnifique Paysage qui est conservé
au Musée de Munich. D’autres pièces capitales
de cette école mériteraient une ample des-
cription : telles sont l’étonna te Kermesse, au
crayon, de Téniers, une exquise aquarelle de
Van Guyen, un Van Ostade qui ne vaut pas
moins que sa peinture la plus finie, une tête
de Metzu, incomparable, et une vraie rareté,
une tabagie de Biauwer, à la sépia, dessin
plein de vie, d’accent et d’humour dans son
apparente brutalité. Ajoutons à ces dessins
un remarquable Lucas de Leyde et deux
beaux dessins à la plume de Durer.

Mais voici notre école française. Elle brille
d'un éclat incomparable. Sur elle se sont por-
tées les prédilections éclairées du généreux
amateur. Que dire, pour 11e parier que des
œuvres hors ligue, de ces deux compositions
à la plume, véritables œuvres d’-rfévrerie,
d’Étienne de Laulne, et de ces vingt et un

dessins du Poussin, célèbres dans le monde
entier? M. de la Salle fut, en vérité, le plus
passionné collectionneur des dessins du maître
français; il en a possédé beaucoup d’autres,
et notamment l’admirab e suite des Sept Sa-
crements qifil a donnée antérieurement au
Louvre. La Gazette a donné en fac-similé hors
texte l’un des (dus beaux Pous in de M. de la
Salle, Acis et Galatée.

Que dire enfin de tous les autres dessins
français qui terminent chronologiquement la
collection? Tous sont de la plus excellente
qualité, du plus indiscutable intérêt? Il fau-
drait décrire, comme des tableaux, ce paysage
de Claude, ces quatre Watt'au, cet intérieur
de Chardin, ces David, ces Gros, cjs Girodet,
ces Prud'hon, puis ces quatorze Géricault si
précieux, ces six Marilhat, d’une sùreié et
d’une finesse d’exécution si remarquables, ces
trois Charlet, ces deux Bon'ington, ces trois
aquarelles de Gavarni, ces deux Decamps et
ces deux Pils. Ici, au mili-u de tous ces maî-
tres si variés, si imprévus, le ravissement est
complet, et je ne saurais, en vérité, en par-
courant du regard de tels trésors, exprimer
1 le sentiment de reconnaissance qui déborde
en moi et qui sera partagé, j’en suis sûr , par
tous ceux de mes compatriotes qui viendront
les admirer.

Louis Gonse.

CONCOURS ET EXPOSITIONS

Le délai pour l’envoi des esquisses destinées
au concours que le comité du centenaire de
Voltaire a ouvert pour l’érection d’une statue
est ajourné au 15 avril courant.

A la suite de l’Exposition organisée par la
Société des Amis des arts de Pau, le musée de
cette ville a acheté deux tableaux, le Déjeu-
ner dans la s rre, de MUe Abbema, et J’Intérieur
d'un comptoir de coton à la NouoeIle-Orléans, de
M. Degas.

La Société et divers amateurs ont acheté
47 tableaux de divers artistes exposants.


MOUVEMENT DES ARTS

Un tableau de Courbet

Une des œuvres les plus connues de Courbet, les
Demoiselles de village, vient de passer en vente pu-
blique à l’hôtel Drouot. Ce tableau, qui provenait
de la succession Morny, avait été relégué dans
une maison de campagne où il a souffert de l’hu-
midité, et il exige un rentoiiage complet. Il a été
adjugé 5.000 fr.
 
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