ET DE LA CURIOSITÉ
191
La restauration du château de. Saint-
Germain-en-Laye est arrivée, dit VTJnion libé-
rale, à des résultats considérables et au point
le plus important.
Depuis plus de dix ans, on ne l’ignore pas,
la commission des monuments historiques
poursuit à Saint-Germain une œuvre de resti-
tution comparable à celle de Pierrefonds.
Morceau par morceau, on détruit l’ancien
édifice pour le remplacer avec des matériaux
nouveaux de nature et de structure iden-
tiques.
Tout, jusqu’aux hérésies de l’architecte pri-
mitif, tout est respecté dans cette reconstitu-
tion scrupuleuse.
M. Millet, qui avait commencé la restaura-
tion de Saint-Germain-en-Laye, est mort il
y a deux ans, mais il a laissé des élèves cons-
ciencieux et érudits qui continuent son œuvre
et vont la mener à bonne fin.
Aujourd’hui, on en est à la chapelle. Deux
travées, sur cinq qui la composent, sont déjà
restituées. Après l’achèvement de la chapelle,
qui pourra être accompli cette année, il ne
restera plus qu’une seule façade sur cinq, dont
les bâtiments soient à reconstruire dans le
style primitif.
Cette façade, qui mesure environ 80 mètres
de développement, est celle qui donne sur la
place du Château.
Les journaux de l’Yonne nous appren-
nent que l’inauguration de la statue de Jean
Cousin, due au ciseau du sculpteur Chapu,
aura lieu probablement au mois de septem-
bre, à Sens.
La municipalité de cette ville a l’intention
de placer cette statue, cours Chambonas, sur
l’emplacement de l’ancien fossé récemment
comblé.
* La Flandre libérale a publié le texte
d’une causerie sur Liévin de Winne faite, il y
a quelques jours, à Gand, à l’inauguration de
l’exposition de l’œuvre de cet artiste, par son
ami, M. Jules Breton.
Le recueil allemand Unsere Zeit (Notre
Temps) contient, dans son dernier numéro, un
travail de M. le docteur Schliemann, l’archéo-
logue, dont les fouilles sur l’emplacement de
l’ancienne Troie sont bien connues. M. Schlie-
mann est revenu sur ce théâtre de ses pre-
mières explorations archéologiques; aussi
son mémoire est-il intitulé : Nouvelles fouilles
dans la plaine de Troie. Ce n’est du reste
qu’un extrait d’un ouvrage beaucoup plus
considérable qui va bientôt paraître sous le
titre à’Ilios.
Dans ce nouveau livre, M. Schliemann
apporte, paraît-il, de nouvelles preuves im-
portantes à l’appui de son hypothèse que le
Scamandre, ce fameux ruisseau de la Troade,
coulait dans un autre lit que celui qu’il occupe
actuellement. Un archéologue écrit à la Ga-
zette d’Augsbourg à ce sujet que c’est un fait
dont il s’est convaincu sur-le-champ quand il
a visité la contrée.
Sur d’autres points, M. Schliemann est, fort
heureusement pour lui, plus réservé qu’il ne
l’était dans sa première rédaction.
L’ouvrage contiendra, annonce-t-on, une
description des dix trésors découverts par le
voyageur,, ainsi que du butin qu’il a fait dans
les tumuli gigantesques de la plaine de Troie,
avec une masse d’autres renseignements, ou-
tre une foule de plans et de cartes et 2.000 gra-
vures.
ï^Cv3«,-
GORRESPONDANGE DE BELGIQUE
Ed. Huberti
Je ne veux pas laisser passer la quinzaine
sans vous faire part du deuil nouveau qui frappe
l’art belge, si éprouvé déjà par la mort de
Louis Dubois et de Liévin de Winne.
Ce charmant artiste, dont le nom s’est sou-
vent rencontré dans mes articles, parce qu’il
se rencontrait régulièrement aux Salons de
peinture, Huberti, n’est plus : il s’est éteint, il
j a dix jours, miné par une lente consomption
qui, depuis quelque temps, du reste, ne lais-
sait plus d’espoir à ses amis.
Ses amis! on peut dire sans crainte de celui-
là qu’il les comptait par le nombre de toutes
les personnes qui l’approchaient. C’était une
âme timide et tendre, d’une sensibilité exces-
sive, et dont la jeunesse, sous un corps voûté,
avant le temps, semblait s’être arrêtée à l’avril
de la vie. Il avait toutes les qualités qui font
aimer un homme : la bonté, la modestie, une
inaltérable bienveillance, et le fond de son ca-
ractère était un charme tranquille et doux au-
quel personne ne pouvait s’arracher.
Tard venu dans la carrière, il s’était rangé,
malgré son âge, parmi les débutants de la der-
nière génération, avec ce doute de lui-même
dont il ne sut jamais s’affranchir, et, je le ré-
pète, il avait gardé sous ses cheveux grison-
nants la fraîcheur des sensations d’un cœur de
vingt ans.
Il s’était d’abord voué à la musique, et l’un
de ses fils, brillant compositeur, a hérité de
cette première tendresse paternelle ; mais une
attraction invincible le détourna, dans la ma-
turité de l’âge, de cet art qui ne suffisait pas à
sa passion pour la nature, et il se mit à peindre.
C’est au Salon de Bruxelles, en 1857, qu’il
apparaît pour la première fois, et déjà il pos-
sède cette note fine qui, de loin, faisait recon-
naître entre mille les ouvrages de son pinceau.
Depuis, il ne cessa d’exposer; il était de ces
vaillants pour qui la journée semble perdue
si un épi ne s’ajoute à la moisson antérieure ;
et chaque Salon voyait éclore des toiles nou-
velles, rapportées de ses excursions autour de
Bruxelles, pour lesquelles il partait chaque
matin, un peu courbé sous sa boite, son pliant
à la main.
Huberti était une intelligence ouverte aux
poésies de la nature. Il en comprenait surtout
les significations idylliques, et il excellait à les
rendre d’une touche légère. On a pureprocher
à sa peinture de manquer de consistance ; il
191
La restauration du château de. Saint-
Germain-en-Laye est arrivée, dit VTJnion libé-
rale, à des résultats considérables et au point
le plus important.
Depuis plus de dix ans, on ne l’ignore pas,
la commission des monuments historiques
poursuit à Saint-Germain une œuvre de resti-
tution comparable à celle de Pierrefonds.
Morceau par morceau, on détruit l’ancien
édifice pour le remplacer avec des matériaux
nouveaux de nature et de structure iden-
tiques.
Tout, jusqu’aux hérésies de l’architecte pri-
mitif, tout est respecté dans cette reconstitu-
tion scrupuleuse.
M. Millet, qui avait commencé la restaura-
tion de Saint-Germain-en-Laye, est mort il
y a deux ans, mais il a laissé des élèves cons-
ciencieux et érudits qui continuent son œuvre
et vont la mener à bonne fin.
Aujourd’hui, on en est à la chapelle. Deux
travées, sur cinq qui la composent, sont déjà
restituées. Après l’achèvement de la chapelle,
qui pourra être accompli cette année, il ne
restera plus qu’une seule façade sur cinq, dont
les bâtiments soient à reconstruire dans le
style primitif.
Cette façade, qui mesure environ 80 mètres
de développement, est celle qui donne sur la
place du Château.
Les journaux de l’Yonne nous appren-
nent que l’inauguration de la statue de Jean
Cousin, due au ciseau du sculpteur Chapu,
aura lieu probablement au mois de septem-
bre, à Sens.
La municipalité de cette ville a l’intention
de placer cette statue, cours Chambonas, sur
l’emplacement de l’ancien fossé récemment
comblé.
* La Flandre libérale a publié le texte
d’une causerie sur Liévin de Winne faite, il y
a quelques jours, à Gand, à l’inauguration de
l’exposition de l’œuvre de cet artiste, par son
ami, M. Jules Breton.
Le recueil allemand Unsere Zeit (Notre
Temps) contient, dans son dernier numéro, un
travail de M. le docteur Schliemann, l’archéo-
logue, dont les fouilles sur l’emplacement de
l’ancienne Troie sont bien connues. M. Schlie-
mann est revenu sur ce théâtre de ses pre-
mières explorations archéologiques; aussi
son mémoire est-il intitulé : Nouvelles fouilles
dans la plaine de Troie. Ce n’est du reste
qu’un extrait d’un ouvrage beaucoup plus
considérable qui va bientôt paraître sous le
titre à’Ilios.
Dans ce nouveau livre, M. Schliemann
apporte, paraît-il, de nouvelles preuves im-
portantes à l’appui de son hypothèse que le
Scamandre, ce fameux ruisseau de la Troade,
coulait dans un autre lit que celui qu’il occupe
actuellement. Un archéologue écrit à la Ga-
zette d’Augsbourg à ce sujet que c’est un fait
dont il s’est convaincu sur-le-champ quand il
a visité la contrée.
Sur d’autres points, M. Schliemann est, fort
heureusement pour lui, plus réservé qu’il ne
l’était dans sa première rédaction.
L’ouvrage contiendra, annonce-t-on, une
description des dix trésors découverts par le
voyageur,, ainsi que du butin qu’il a fait dans
les tumuli gigantesques de la plaine de Troie,
avec une masse d’autres renseignements, ou-
tre une foule de plans et de cartes et 2.000 gra-
vures.
ï^Cv3«,-
GORRESPONDANGE DE BELGIQUE
Ed. Huberti
Je ne veux pas laisser passer la quinzaine
sans vous faire part du deuil nouveau qui frappe
l’art belge, si éprouvé déjà par la mort de
Louis Dubois et de Liévin de Winne.
Ce charmant artiste, dont le nom s’est sou-
vent rencontré dans mes articles, parce qu’il
se rencontrait régulièrement aux Salons de
peinture, Huberti, n’est plus : il s’est éteint, il
j a dix jours, miné par une lente consomption
qui, depuis quelque temps, du reste, ne lais-
sait plus d’espoir à ses amis.
Ses amis! on peut dire sans crainte de celui-
là qu’il les comptait par le nombre de toutes
les personnes qui l’approchaient. C’était une
âme timide et tendre, d’une sensibilité exces-
sive, et dont la jeunesse, sous un corps voûté,
avant le temps, semblait s’être arrêtée à l’avril
de la vie. Il avait toutes les qualités qui font
aimer un homme : la bonté, la modestie, une
inaltérable bienveillance, et le fond de son ca-
ractère était un charme tranquille et doux au-
quel personne ne pouvait s’arracher.
Tard venu dans la carrière, il s’était rangé,
malgré son âge, parmi les débutants de la der-
nière génération, avec ce doute de lui-même
dont il ne sut jamais s’affranchir, et, je le ré-
pète, il avait gardé sous ses cheveux grison-
nants la fraîcheur des sensations d’un cœur de
vingt ans.
Il s’était d’abord voué à la musique, et l’un
de ses fils, brillant compositeur, a hérité de
cette première tendresse paternelle ; mais une
attraction invincible le détourna, dans la ma-
turité de l’âge, de cet art qui ne suffisait pas à
sa passion pour la nature, et il se mit à peindre.
C’est au Salon de Bruxelles, en 1857, qu’il
apparaît pour la première fois, et déjà il pos-
sède cette note fine qui, de loin, faisait recon-
naître entre mille les ouvrages de son pinceau.
Depuis, il ne cessa d’exposer; il était de ces
vaillants pour qui la journée semble perdue
si un épi ne s’ajoute à la moisson antérieure ;
et chaque Salon voyait éclore des toiles nou-
velles, rapportées de ses excursions autour de
Bruxelles, pour lesquelles il partait chaque
matin, un peu courbé sous sa boite, son pliant
à la main.
Huberti était une intelligence ouverte aux
poésies de la nature. Il en comprenait surtout
les significations idylliques, et il excellait à les
rendre d’une touche légère. On a pureprocher
à sa peinture de manquer de consistance ; il