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La chronique des arts et de la curiosité — 1880

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Nr. 24 (26 juin)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26611#0200
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192

LA CHRONIQUE DES ARTS

n’avait, en.etfet, ni l’énergie dans l’exécution,
ni la puissance dans la conception ; mais
l’émotion, le recueillement, une grâce parti-
culière compensaient l’absence des qualités qui
n’étaient pas en lui. C’était un cerveau fémi-
nin, prédisposé aux impressions tendres, et il
s’arrêtait volontiers à la baie derrière laquelle
un autre eût cherché les grandeurs farouches
de la forêt. Son affaire à lui était de contem-
pler les pâquerettes dans l’herbe ; leur humble
existence l’intéressait plus que les chênes, et
de cœur il sympathisait à leur lente poussée,
qu’il semblait vouloir exprimer dans ses toiles.

Huberti a vu la campagne un peu comme la
voyait Corot, en rêveur épris de mystère : il y
a du songe dans ses paysages, et, par moments,
une langueur leur donne l’attrait mélancoli-
que des choses qui vont finir. Bien plus encore
que des réalités, ce sont des adorations à demi
exprimées.

Iluberti manquera désormais à nos Salons,
où sa présence était toujours chaudement sa-
luée. Il emporte avec lui le secret de faire une
toile de sentiment. On n’entendra plus son
petit chant d’alouette dans les nuages.

C. L.

P.-S. — L’exposition des œuvres de Louis
Dubois, au Cercle artistique de Bruxelles, s’est
ouverte au milieu d’un grand concours d’amis
et d’admirateurs du regretté peintre. Il y a
une centaine de toiles environ et elles mettent
bien en lumière cette personnalité vigoureuse
dont nous aurons l’occasion do reparler défi-
nitivement.

Une autre exposition est ouverte en ce mo-
ment à Gand, très-intéressante aussi : c’est
celle des œuvres de Liévin de Winne. M. Jules
Breton, ami et parent du maître portraitiste
si rapidement enlevé, a résumé, lors de l’ou-
verture, dans une conférence tout intime et
qui a vivement ému l’auditoire, les qualités
brillantes qui distinguaient l’homme et son
œuvre.

On a pu lire, dans le dernier numéro de la
Chronique, sous la rubrique « Tribunaux, » le
différend survenu entre divers experts au sujet
de trois tableaux anciens. En réponse à la
lettre de M. Féral, M. Michiels nous prie d'insé-
rer les lignes suivantes qu’il a publiées dans
le Constitutionnel du 23 mai. Nous faisons vo-
lontiers cette publication, quoiqu’elle ne soit
pas de nature à modifier en quoi que ce soit
l’opinion de nos lecteurs sur la question en
litige.

Quant à nous, nous persistons à croire que
l’affirmation si nette de l’honorable M. Féral,
au sujet des attributions, a une importance
considérable. Nous ne saurions, du reste, nous
prononcer sur la compétence de ses contra-
dicteurs, n’ayant pas eu l’occasion de la voir
à l’épreuve.

Mon cher directeur,

Dans une lettre que vous adresse M. Féral, je
remarque une assertion bien étrange. Il prétend

que je suis très-érudit, mais incapable de distin-
guer une copie d’un original. Comment peut-il le
savoir ? Dans aucune circonstance je n’ai donné
lieu à une pareille hypothèse, puisqu’on ne m’a
jamais consulté, ni officiellement, ni d’une autre
manière, sur un tableau dont l’authenticité était
mise en doute. Voilà la première fois qu’une
semblable question m’est adressée, et le tribunal
de première instance, qui m'a demandé mon avis,
a demandé en même temps l’opinion de M. Gé-
rôme, membre de l’Institut, et de M. Charles
Neumans, peintre anversois.

M. Féral déclare que, malgré son talent, M. Gé-
rôme ne peut être considéré comme un connais-
seur en tableaux anciens. Jamais assertion n’a
été plus fausse. Il n’y a aucun expert en France
qui connaisse mieux que M. Gérôme les manières
des anciens maîtres : il les a étudiées avec un
soin extrême, et l’avoué de M. Halphen l’ayant
entendu exposer les motifs de son jugement,
pourrait en témoigner. Quant à M. Charles Neu-
mans, il est à la fois peintre et restaurateur de
tableaux, et il a prouvé aussi que le style des'
grands coloristes lui est depuis longtemps fami-
lier. Nous avons été d’accord sur tous les points
sans en excepter un seul, et cette pareille unani-
mité a paru tellement concluante, que M. Halphen
et son avoué ont déclaré, séance tenante, renon-
cer au procès. Or M. Féral avait signalé par écrit
les trois œuvres comme absolument fausses.
Quelle valeur sa manière de voir peut-elle con-
server en de pareilles circonstances ?

Et pourquoi mêle-t-il à cette affaire le nom de
M. Reiset ? M. Reiset n’a pas qualité pour inter-
venir dans un débat judiciaire, et je ne pense pas
qu’il tienne à se signaler comme champion de
M. Féral.

Agréez, je vous prie, le témoignage de mes sen-
timents affectueux.

Alfred Michiels.

23 mai 1880.

CONSEIL SUPÉRIEUR DE L’INSTRUCTION
PUBLIQUE

Enseignement du dessin

Une commission, composée de MM. Boutmy,
Dubief, Paul Dubois, Gavarret, Godard, Laussedat,
Quicherat, Sainte-Claire Deville et Delaborde,
avait été chargée de fixer les principes de l’ensei-
gnement du dessin dans nos lycées et collèges et
d’en dresser le programme.

M. Delaborde, membre de l’Institut, a lu son
rapport. Il emprunte à M. Guillaume les lignes
suivantes :

« De ce que le dessin sert de mode d’expression
aux beaux-arts, on conclut que l’art est son uni-
que objet, que c’est l’art qui doit être visé avant
tout dans l’enseignement. Son côté général, utile,
pratique, les moyens de précision qu’il tire de la
science et qui servent de rapport indispensable
même aux conceptions de l’artiste, sont dédai-
gnés. Avant de savoir tracer une ligne et en re-
connaître exactement la direction, on prétend se
préoccuper de la beauté idéale ! N’est-ce pas un
danger de faire ainsi appel à l’initiative et à l’in-
 
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