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La chronique des arts et de la curiosité — 1885

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Nr. 6 (7 Février)
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https://doi.org/10.11588/diglit.18474#0055
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ET DE LA

CURIOSITÉ

Jules Labarte, qui lui sert de guide ainsi qu'à moi,
le dit expressément. « On voit par ces bas-re-
liefs (ceux du piédestal de l'obélisque érigé par
Théodose) que la tribune des jeux est divisée en
deux étages. Au centre de l'ét,jge supérieur se
trouve la plate-forme sur laquelle est placé l'em-
pereur sur son trône : à droite et à gauche une
loge où sont placés les dignitaires revêtus de la
toge... Un escalier indique, autant qu'une sculp-
ture en bas-relief pouvait le faire, qu'on descen-
dait du Çathisma dans le Stama, et que cette par-
tie inférieure de !a tribune des jeux faisait saillie
en avant. » (P. 48.)

Or, dans le décor du Çathisma, il n'y a rien de
tout cela, et nous n'avons pas voulu dire autre
chose.

M. Henry Houssaye, dans une récente étude sur
YImpératrice Théodora, fait allusion à cette dis-
position de la loge impériale {Revue des Deux-
Mondes, du 1er février, p. 585).

Il est un important détail du décor de la loge
impériale dont nous n'avions point parlé, parce
que, si nous n'en avions point trouvé trace dans
le livre de M. Jules Labarte, il était possible que
M. V. Sardou eût été autorisé à l'introduire par
quelques documents qui nous aurait été inconnus.
C'est la porte de bronze à coulisses qui ferme la
loge du côté de l'hippodrome. Or la récente étude
de M. Henry Houssaye sur Y Impératrice Théodora
[Bévue des Deux-Mondes, du 1er février 1885) et
l'ancienne étude de M. Alfred Rambaud sur
l'Hippodrome à Constantinople [Revue des Deux-
Mondes^ du 15 août 1871) démontrent que cette
clôture mobile n'existait pas. Lorsque les injures
que les spectateurs lançaient à Pempereur deve-
naient trop violentes, celui-ci quittait sa loge pour
se retirer dans le palais du Çathisma, fermé par
des portes de bronze et non de cèdre incrusté, afin
de pouvoir résister à l'émeute au cas où celle-ci
aurait pu envahir la loge, complètement isolée de
J'hippodrome et placée à une grande élévation au-
dessus de son aire. D'après M. Alfred Rambaud,
les chevaux aujourd'hui à Venise étant placés
au-dessus de la tribune impériale (p. 785) ne peu-
vent être vus par l'ouverture en question.

Rappelons que l'impératrice, assistant aux spec-
tacles du cirque du haut des catéchumemès de
l'église Saint-Etienne, bâtie par Constantin, très
voisine, par conséquent, du cirque et le dominant,
n'entrait point dans la loge impériale et surtout
ne s'y montrait point au peuple.

Il est vrai qu'à suivre rigoureusement cette
étiquette, on eût perdu le magnifique tableau final
de l'acte du Çathisma, et c'eût été dommage.

M. V. Sardou me demande pourquoi j'ai appelé
une crypte ce que je reconnais n'être pas une
crypte. Par la raison bien simple que c'est ainsi
que tous les programmes et les journaux ont
intitulé le décor du septième tableau. J'ai cru que
c'était officiel à la Porte-Saint-Martin.

Mais là n'est pas « le comble », comme le dit
M, V. Sardou. C'est d'avoir prétendu que le déco-
rateur avait montré, en place de la Sainte-Sophie
de Constantin, celle qui existe aujourd'hui.

« La première église de Sainte-Sophie, celle
qui fut brûlée dans la sédition, n'était pas une
simple basilique, Justinien l'ayant ornée déjà avec
magnificence », dit M. V. Sardou.

Je n'ai pas prétendu que la Sainte-Sophie con-
stantinienne fût une basilique simple. Cet empe-

reur a pu l'orner, comme sont ornées les basili-
ques romaines de Sainte-Marie-Majeure, de Saint-
Paul, etc., sans qu'elle cessât pour cela d'être une
basilique, c'est-à-dire un long édifice couvert en
charpente. Et la preuve, c'est qu'elle a brûlé. Or
je défie bien qu'on mette jamais le feu à Sainte-
Sophie ni à aucune des églises byzantines bâties
à son imitation, par la raison bien simple qu'il
n'y entre aucune pièce de bois ailleurs que dans
les chaînages.

Cette opinion est celle de M. Choisy, dans Y Art
de bâtir chez les Byzantins. (Page 163, texte et
note 2.)

« La mosquée qui existe aujourd'hui n'est pas
la Sainte-Sophie que Justinien construisit après la
révolte, car cette Sainte-Sophie-là fut détruite en
partie par un tremblement de terre », ajoute
M. V. Sardou. Ceci est une erreur. C'est le dôme
seul qui, étant trop aplati pour ses supports,
s'effondra pendant un tremblement de terre. On
le reconstruisit avec une flèche plus grande, afin
qu'il exerçât moins de poussée sur ses appuis,
que l'on renforça ; et c'est celui dont la vaste ca-
lotte domine encore les constructions de Sainte-
Sophie.

« Les prétendus minarets, signalés par M. Dar-
cel, n'existent que dans son imagination. M. Ro-
becchi n'a flanqué le dôme de Sainte-Sophie que
des clochetons qui ont existé de tout temps », dit
encore M. V. Sardou, afin de justifier l'artiste qui
a exécuté ses dessins.

Le malheur, c'est qu'il n'a jamais existé de clo-
chetons autour de la Sainte-Sophie chrétienne, non
plus qu'autour d'aucun dôme d'aucune église de
construction byzantine. Le système n'en comporte
pas, parce qu'il n'y a rien pour les motiver et les
recevoir. Tout le travail de butement et de contre-
butement des coupoles, des arcs et des voûtes s'y
fait à l'intérieur; de sorte que ce voûtage repose
sur des murs lisses, tandis qu'il n'en est pas de
même dans l'architecture gothique,où ce travail se
fait à l'extérieur. De là, tout est appareil de con-
treforts et de clochetons pour les amortir en leur
donnant de la stabilité.

Il résulte de tout cela que « si M. Robecchi,
ayant à peindre cette Sainte-Sophie primitive, l'a
figurée à peu près telle que nous la voyons au-
jourd'hui », ce n'est pas « qu'il n'avait pas mieux
à faire, faute de documents précis », ainsi que le
prétend M. V. Sardou, mais parce que celui-ci
n'avait pas assez étudié la question avant de
lui fournir ses indications ou ses croquis. Il s'est
trompé, c'est pour cela qu'il m'a injurié.

J'ai à tort, enfin, établi une solidarité qui n'existe
pas entre le décor du deuxième tableau et celui
du huitième. L'auteur doit connaître son texte
mieux que moi, et il m'est échappé que la mère
Tamyris ne cachait pas Andréas chez elle, mais chez
le voisin d'en face; car tout le monde dans Théodora
demeure sous l'hippodrome. Il résulte cependant
de l'étude de M. Henry Houssaye que c'était dans
leur cirque particulier que les acteurs de chacune
des factions de bleus, de verts, de rouges ou de
blancs avaient leur logement, et non dans l'Hippo-
drome impérial. Devant un texte que je n'ai pas
sous les yeux et que l'auteur n'a pas cité dans sa
lettre, mes observations tombent naturellement.

M. V. Sardou, qui, en excellent capitaine, défend
tous les soldats qui combattent sous ses ordres,
 
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