Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La chronique des arts et de la curiosité — 1891

DOI issue:
Nr. 19 (9 Mai)
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19739#0161
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
ET DE LA CURIOSITE

151

son cœur, aux voix iutimes de sa conscience qui
lui montrait toujours un idéal élevé.

Repose en paix, cher ami. Ta vie d'artiste, trop
courte, hélas! a été noblement remplie. Qu'elle
soit un exemple pour nous tous !

Tu as été bon pour les tiens que tu as tant ai-
més, tu as été l'ami le plus dévoué, et par tes
œuvres tu as contribué à l'éclat et à la grandeur
de ta patrie.

Nous sommes fiers de toi !

Adieu, cher ami !

Oa annonce lamort deM. Joseph-Antoine Gar-
det, jeune sculpteur, élève de Millet et Cavelier,
qui avait remporté le prix de Rome en 1885, et
obtenu une 2e médaille au Salon de 1888 avec un
bas relief Le Drapeau. Son Tireur d'arc et son
Idylle attiraient l'attention au Salon de 1890 ; son
groupe en marbre du Salon actuel, Sommeil de
l'Enfant-Jésus, n'est pas moins digne d'atten-
tion.

M. Le'on Le Goaesbe de Bellée, peintre
paysagiste est mort à Paris, le h mai, âgé de
ko ans. Il a souvent reproduit dans ses ta-
bleaux les sites de la Bretagne, son pays natal.
Il avait reçu une mention honorable au Salon
de 1879 pour ses tableaux : Une Coupe en
forêt et Le Givre en forêt; il obtint une
autre mention honorable à l'Exposition uni-
verselle de 1889, pour son tableau : Effet de
givre dans la forêt de l'Aiguë, du Salon
de 1886.

Mme Peyrol-Bonheur, peintre de talent et
sœur de Rosa Bonheur, vient de mourir. Elle ex-
posait encore au Salon de cette année.

BIBLIOGRAPHIE

Rome pendant la Semaine Sainte. Dessins de Paul
Renouard. Paris, Boussod., Valadon et Ce,
1891, gr. in-4°.

En ouvrant ce beau livre l'idée passe de suite
que les images y tiennent le premier rang — y
doivent tenir, vaudrait mieux — même le soin
d'abandonner à l'artiste seul la place d'ordinaire
réservée en part commune au dessinateur et à
l'écrivain en est la preuve. 11 est certain pour
qui sait lu livre moderne que telle devait en êlre
l'orientation originaire. 11 y a eu cependant cette
curieuse interversion des rôles, peut-être bien
involonlaire de la part de l'écrivain masqué, que
tout en se condamnant à la paraphrase des bons-
hommes falots rapportés de Rome par M. Re-
nouard, il a détourné bribe par bribe à son pro-
fit l'intérêt tout entier de la publication, a grandi
l'œuvre primitivement destinée à un public, et l'a
faite digne des lecteurs les plus sérieux. 11 s'en-
suit que les figures très quelconques de Renouard,
parfaitement modestes, incontestablement infé-
rieures à ses antérieures productions, intéressent
à peine, quand cette Rome moderne, étudiée par
un maître écrivain, étalée dans ses misérables
changements se montre aux curieux ce qu'elle
est devenue, je ne sais quelle préfecture provin-

ciale, installée sur sept collines, peuplée de
mercantis laïques ou autres, de ruffians et d'An-
glais. Eu un mot il y a là toute une. page d'his-
toire philosophique et hautaine, un singulier
sujet de comparaisons entre l'autrefois et le pré-
sent, avec par dessous toutes ces choses bien
écrites un dédain très franc pour la légende ba-
nale, un prurit de sincérité dont les courageux
et les forts sont seuls capables.

Des indiscrétions ont nommé l'auteur, M. Fré-
déric Masson, dout il a été tant parlé en ces
derniers temps. Le nom rassure. M. Masson a
lentement pénétré cette existence moderne de la
moderne Italie en prenant les routes patientes de
l'érudition. 11 a par des travaux antérieurs ana-
lysé les causes de la décadence, il sait le fort et
le faible de la cuirasse dorée. 11 ne dénigre point
de parti pris, mais il n'omet rien de ridicule.
Sans exagérer les causes de la chute, il déter-
mine assez rudement les oppositions entre le
passé et le présent. Il u'a pas besoin de dire que
Léon X est mort, mais il ne flatte nullement les
derniers ayant cause. Quant à !a substitution du
régime laïque, au règne pontifical, il en explique
les infinies maladresses, les méprises et les fautes.
Tant de considérations inattendues, de puissantes
logiques dépensées comme en se jouant, au ha-
sard de ces dessins dont elles sont le comrnea-
taire, commentaire qui tue l'illustration comme
les légendes de Gavarni écrasaient ses litho—
graphie*.

En tout autre lieu, les compositions de M. Re-
nouard eussent davantage intéressé. Elles ont
bien la note brutale et sincère habituelle à l'ar-
tiste, avec un peu de cette malice dont on lui sait
gré. Certaines même, comme Jeune et vieille
Italie, par exemple, montrant un Bersagliere
donnant le bras à sa mère sont des morceaux de
premier ordre. Mais tant d'autres ne concordent
pas et déparent l'ensemble ! Il y a ce Léon XIII
descendant de l'autel appuyé aux bras de deux
singuliers raonsignori, dont la tendance carica-
turale est indéniable. C'est peut-être vrai, pro-
bablement très exact, mais le mieux eût été de
choisir autre chose. Toutes ces œuvres souffrent
d'ailleurs de la trop grande franchise du procédé
de reproduction. Les Italiens disent traduttore
Iraditore; ici il n'y a de traditore que le soleil
et la photogravure qui redit trop bien ce qu'on
lui donne à redire.

Il s'ensuitque Rome pendant la Semaine Sainte,
destinée à plaire aux yeux, à former un joli al-
bum, devra surtout son éclat au sauveur masqué
dont le texte d'abord relégué au second plan, a
pris tout à coup l'importance d'une révélation,
d'une chronique de premier ordre et d'une œu-
vre littéraire à compter parmi les meilleures de
ces dix dernières années.

H. Bouchot.

Le Tour du Monde (1583° livraison). — Voyage
d'Alger au M'Zab, par M. Zeys, chargé d'une
mission par M. le ministre de l'Instruction publi-

que- _(1887). — Texte et dessins inédits. — Dix

gravures et une carte, d'après Boclier, Boudier,
llarius Perret, Ruffe, Rousseau.

Bureaux à la librairie Hachette et Cie, boule-
vard Saint-Germain, 79, à Paris.
 
Annotationen