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MÉLANGES D'ARGHÉÜLOGIE.
son arche apres qu'ils auront passé, et leurs chevaux nageront
dans le tleuve infernal.
Quand j'étais couché sur mon trésor parmi les enfants des
hommes, je portais le casque d'Aegir; je me croyais le plus
fort de tous ; car sur mon chemin il se rencontrait peu
d'hommes.
SIGURD.
Le casque d'Acgir ne préserve personne en face des héros
qui combattent courroucés. On reconnaît alors qu'on n'est
pas le plus fort de tous.
FAFNIR.
Quand je reposais sur l'héritage de mon père, je vomissais
le poison contre ceux qui m'attaquaient.
SIGURD.
Eblouissant dragon, tu inspirais une crainte horrible; ton
cœur était dur comme le rocher, et c'est ce qui cnümnmait
de fureur les enfants des hommes.
FAFNIR.
Maintenant, Sigurd, je te donne un bon conseil, sache en
profiter. Remonte sur ton coursier, retourne dans ta de-
meure ; car l'or qui raisonne, l'or rouge comme le feu, les
bagues d'or causeront ta perte.
SIGURD.
Assez de ton conseil ! Je veux remonter sur mon coursier
potu* me diriger vers la bruyère où tu as caché ton or. Quant
à toi, Fafnir, reste couché dans les angoisses de l'agonie, en
attendant que tu deviennes la proie de Hel.
FAFNIR.
Reginn m'a trahi : il te trahira de même, et causera notre
mort à tous les deux : mais je sais que Fafnir doit abandon-
ner la vie : je sens que ta force a prévalu.
Le dragon expire. C'est le moment que choisit, pour entrer en scène, un troisième inter-
locuteur plus distingué par son habileté et sa prudence que par sa générosité et sa bravoure.
Tant qu'à vécu Fafnir, Reginn s'est tenu à une respectueuse distance : le dragon mort, il s'a-
vance avide de recueillir le fruit du dévouement d'un autre.
REGINN.
Honneur à toi, Sigurd! tu as remporté la victoire, tu as
immolé Fafnir. De tous les hommes vivants, je le déclare, le
plus intrépide c'est toi !
SIGURD.
Quand nous autres, fils de la victoire, nous serons un jour
rassemblés, on saura lequel naquit le plus valeureux; mais il
est ici des hommes qui prennent le le nom de braves et
qui n'ont jamais enfoncé le fer dans le flanc d'un ennemi.
REGINN,
Te voilà joyeux, Sigurd, joyeux de la prouesse de ton
bras, tandis que tu essuies dans l'herbe ton épée Grani. La
mort de mon frère est bien ton œuvre ; pourtant j'y suis aussi
pour quelque chose.
SIGURD.
Tu m'as conseillé de galoper jusqu'ici, par dessus la cime
des hautes montagnes. Le brillant dragon serait encore vi-
vant, le trésor serait encore à lui si tu ne m'avais pas
excité à tenter l'aventure.
Reginn alors s'approcha de Fafnir, et ini ouvrit ie sein avec son épée RidiH,
Voilà, si je ne me trompe, la scène retracée sur la face G. Si maladroit que fut le vieil
artiste de Frisingue, il a su établir entre ce nouveau personnage et celui des deux scènes
MÉLANGES D'ARGHÉÜLOGIE.
son arche apres qu'ils auront passé, et leurs chevaux nageront
dans le tleuve infernal.
Quand j'étais couché sur mon trésor parmi les enfants des
hommes, je portais le casque d'Aegir; je me croyais le plus
fort de tous ; car sur mon chemin il se rencontrait peu
d'hommes.
SIGURD.
Le casque d'Acgir ne préserve personne en face des héros
qui combattent courroucés. On reconnaît alors qu'on n'est
pas le plus fort de tous.
FAFNIR.
Quand je reposais sur l'héritage de mon père, je vomissais
le poison contre ceux qui m'attaquaient.
SIGURD.
Eblouissant dragon, tu inspirais une crainte horrible; ton
cœur était dur comme le rocher, et c'est ce qui cnümnmait
de fureur les enfants des hommes.
FAFNIR.
Maintenant, Sigurd, je te donne un bon conseil, sache en
profiter. Remonte sur ton coursier, retourne dans ta de-
meure ; car l'or qui raisonne, l'or rouge comme le feu, les
bagues d'or causeront ta perte.
SIGURD.
Assez de ton conseil ! Je veux remonter sur mon coursier
potu* me diriger vers la bruyère où tu as caché ton or. Quant
à toi, Fafnir, reste couché dans les angoisses de l'agonie, en
attendant que tu deviennes la proie de Hel.
FAFNIR.
Reginn m'a trahi : il te trahira de même, et causera notre
mort à tous les deux : mais je sais que Fafnir doit abandon-
ner la vie : je sens que ta force a prévalu.
Le dragon expire. C'est le moment que choisit, pour entrer en scène, un troisième inter-
locuteur plus distingué par son habileté et sa prudence que par sa générosité et sa bravoure.
Tant qu'à vécu Fafnir, Reginn s'est tenu à une respectueuse distance : le dragon mort, il s'a-
vance avide de recueillir le fruit du dévouement d'un autre.
REGINN.
Honneur à toi, Sigurd! tu as remporté la victoire, tu as
immolé Fafnir. De tous les hommes vivants, je le déclare, le
plus intrépide c'est toi !
SIGURD.
Quand nous autres, fils de la victoire, nous serons un jour
rassemblés, on saura lequel naquit le plus valeureux; mais il
est ici des hommes qui prennent le le nom de braves et
qui n'ont jamais enfoncé le fer dans le flanc d'un ennemi.
REGINN,
Te voilà joyeux, Sigurd, joyeux de la prouesse de ton
bras, tandis que tu essuies dans l'herbe ton épée Grani. La
mort de mon frère est bien ton œuvre ; pourtant j'y suis aussi
pour quelque chose.
SIGURD.
Tu m'as conseillé de galoper jusqu'ici, par dessus la cime
des hautes montagnes. Le brillant dragon serait encore vi-
vant, le trésor serait encore à lui si tu ne m'avais pas
excité à tenter l'aventure.
Reginn alors s'approcha de Fafnir, et ini ouvrit ie sein avec son épée RidiH,
Voilà, si je ne me trompe, la scène retracée sur la face G. Si maladroit que fut le vieil
artiste de Frisingue, il a su établir entre ce nouveau personnage et celui des deux scènes