5* ANNÉE*
——«Numéro 219. WW » ' .
Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
k M. Louis Desisoyers (Derville), Rédacteur en chef, au
Bureau de la Caricature, galerie Véro-Dodat. — Tout
ce qui a rapport aux dessins doit être adressé à M.
Ch. Philipon.
15 JANVIER 1655. —
Les réclaïualious, abonnemens et envois d’argent doiven
être adressés, franco , à Al. Ch. Philipon, directeur
du journal, au bureau de la Caricature, galerie Véro-
Dodat, au-dessus du grand Magasin de Lithographie
d’Aubert.
♦MM*
M ۉl
POLITIQUE, MORALE, LITTÉRAIRE ET SCÉNIQUE.
M. DE TALLEY
-h
RAND Z
EN|PARTIE DOUBLE.
LETTRE DÉMISSIONNAIRE DUDIT, A M. LE MINISTRE DES
affaires étrangères.
CE QU’IL A DIT.
CE QU’IL PENSAIT.
Imbécile diplomate,
Monsieur le ministre,
Lorsque la confiance du roi
s’appela, il y a quatre ans, à
l’ambassade de Londres, la diffi-
culté même de la position me fit
obéir.
Je crois l’avoir utilement rem-
plie pour la France et pour le roi,
deux intérêts toujours présens à
mon esprit, étroitement confondus
dans ma pensée.
Dans ces quatre années, la paix
générale maintenue, a permis à
toutes nos relations de se simpli-
fier; notre politique, d’isolée qu’el-
le était, s’est mêlée à eelle des au-
tres nations $ elle a été acceptée,
appréciée, honorée par les honnê-
tes gens de tous les pays.
Lorsqu’il y a quatre ans , je
m’empressai de me faire expédier
en Angleterre, ce fut uniquement
dans le désir de me mettre à l’a-
bri en cas d’nne réaction contre
les renégats politiques,et en géné-
ral contre tous ceux qui jadis
avaient trafiqué delà France.
Je crois avoir parfaitementrem-
pli cette mission dans l’intérêt de
la sainte-alliance et dans le mien ;
deux intérêts toujours présens à
mon esprit, étroitement confondus
dans ma pensée, depuis que j’ai
l’âge de raison, ou plutôt depuis
que je l’ai perdu.
Dans ces quatre années, il ne
nous a fallu que 99,844)999 et
quelques protocoles, pour mainte-
nir intacte la paix qui a été trou-
blée trois ou quatre fois par la
guerre. J’ai si bien amalgamé le
tout, que de sympathique et de po-
pulaire qu’elleélait dansleprinci-
pe, il n’y a plus un coin où notre
politique puisse se faire sentir, de
même qu’elle n’est plus guère ap-
préciée à l’intérieur que par les
La coopération que nous avons
obtenue de l’Angleterre n’a rien
coûté à notre indépendance, à nos
susceptibilités nationales , et telle
a été la franchise de nos procédés
que, loin d’inspirer de la méfiance,
c’est notre garantie que l’on récla-
me aujourd’hui contre cet esprit
de propagandisme qui inquiète la
vieille Europe.
C’est assurément à la haute sa-
gesse du roi, à sa grande habileté,
qu’il faut attribuer des résultats
aussi satisfesans pour la France.
Je ne réclame pour moi d’autre
mérite que celui d’avoir deviné la
pensée profonde du roi et de l’a-
voir annoncée à ceux qui se sont
convaincus depuis de la vérité de
mes paroles.
Aujourd’hui que l’Europe re-
connaît et admire le roi, que par
cela même les principales difficul-
tés sont surmontées, aujourd’hui
que l’Angleterre a peut-être un
besoin égal au nôtre de notre al-
liance mutuelle, je crois pouvoir,
sans manquer de dévouement au
honnêtes gens qui mangentau bud-
get de la préfecture de police.
Je sais au j uste et mieux que les
contribuables, ce qu’a coûté la coo-
pération de l’Angleterre ; et quant
aux colosses du Nord, je leur ai
exposé notre manière de voir avec
tant de loyauté et de franchise,
qu’ils ont bien voulu nous accepter
en qualité de leurs gendarmes eu-
ropéens.
C’est assurément à la profonde
stupidité du Système , et à ma
vieille duplicité contre-révolution-
naire qu’il faut attribuer des résul-
tats aussi satisfesans pour la Sainte-
Alliance.
Il m’eût fallu diablement de pé-
nétration pour deviner en Sa Ma-
jesté une pensée profonde ou non ;
tous ceux qui l’ont connue depuis
ont pu se convaincre de la vérité
de mes paroles j aussi suis-je loin
de réclamer un pareil mérite de
sorcier.
Aujourd’hui que la vieille Eu-
rope a eu le temps de reprendre
courage, aujourd’hui que l’Angle-
terre est séparée de nous par son
ministère tory, et que des difficul-
tés vont surgir, je n’ai rien de
mieux à faire que de sortir de la bar-
raque avant le moment de sa chû-
——«Numéro 219. WW » ' .
Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
k M. Louis Desisoyers (Derville), Rédacteur en chef, au
Bureau de la Caricature, galerie Véro-Dodat. — Tout
ce qui a rapport aux dessins doit être adressé à M.
Ch. Philipon.
15 JANVIER 1655. —
Les réclaïualious, abonnemens et envois d’argent doiven
être adressés, franco , à Al. Ch. Philipon, directeur
du journal, au bureau de la Caricature, galerie Véro-
Dodat, au-dessus du grand Magasin de Lithographie
d’Aubert.
♦MM*
M ۉl
POLITIQUE, MORALE, LITTÉRAIRE ET SCÉNIQUE.
M. DE TALLEY
-h
RAND Z
EN|PARTIE DOUBLE.
LETTRE DÉMISSIONNAIRE DUDIT, A M. LE MINISTRE DES
affaires étrangères.
CE QU’IL A DIT.
CE QU’IL PENSAIT.
Imbécile diplomate,
Monsieur le ministre,
Lorsque la confiance du roi
s’appela, il y a quatre ans, à
l’ambassade de Londres, la diffi-
culté même de la position me fit
obéir.
Je crois l’avoir utilement rem-
plie pour la France et pour le roi,
deux intérêts toujours présens à
mon esprit, étroitement confondus
dans ma pensée.
Dans ces quatre années, la paix
générale maintenue, a permis à
toutes nos relations de se simpli-
fier; notre politique, d’isolée qu’el-
le était, s’est mêlée à eelle des au-
tres nations $ elle a été acceptée,
appréciée, honorée par les honnê-
tes gens de tous les pays.
Lorsqu’il y a quatre ans , je
m’empressai de me faire expédier
en Angleterre, ce fut uniquement
dans le désir de me mettre à l’a-
bri en cas d’nne réaction contre
les renégats politiques,et en géné-
ral contre tous ceux qui jadis
avaient trafiqué delà France.
Je crois avoir parfaitementrem-
pli cette mission dans l’intérêt de
la sainte-alliance et dans le mien ;
deux intérêts toujours présens à
mon esprit, étroitement confondus
dans ma pensée, depuis que j’ai
l’âge de raison, ou plutôt depuis
que je l’ai perdu.
Dans ces quatre années, il ne
nous a fallu que 99,844)999 et
quelques protocoles, pour mainte-
nir intacte la paix qui a été trou-
blée trois ou quatre fois par la
guerre. J’ai si bien amalgamé le
tout, que de sympathique et de po-
pulaire qu’elleélait dansleprinci-
pe, il n’y a plus un coin où notre
politique puisse se faire sentir, de
même qu’elle n’est plus guère ap-
préciée à l’intérieur que par les
La coopération que nous avons
obtenue de l’Angleterre n’a rien
coûté à notre indépendance, à nos
susceptibilités nationales , et telle
a été la franchise de nos procédés
que, loin d’inspirer de la méfiance,
c’est notre garantie que l’on récla-
me aujourd’hui contre cet esprit
de propagandisme qui inquiète la
vieille Europe.
C’est assurément à la haute sa-
gesse du roi, à sa grande habileté,
qu’il faut attribuer des résultats
aussi satisfesans pour la France.
Je ne réclame pour moi d’autre
mérite que celui d’avoir deviné la
pensée profonde du roi et de l’a-
voir annoncée à ceux qui se sont
convaincus depuis de la vérité de
mes paroles.
Aujourd’hui que l’Europe re-
connaît et admire le roi, que par
cela même les principales difficul-
tés sont surmontées, aujourd’hui
que l’Angleterre a peut-être un
besoin égal au nôtre de notre al-
liance mutuelle, je crois pouvoir,
sans manquer de dévouement au
honnêtes gens qui mangentau bud-
get de la préfecture de police.
Je sais au j uste et mieux que les
contribuables, ce qu’a coûté la coo-
pération de l’Angleterre ; et quant
aux colosses du Nord, je leur ai
exposé notre manière de voir avec
tant de loyauté et de franchise,
qu’ils ont bien voulu nous accepter
en qualité de leurs gendarmes eu-
ropéens.
C’est assurément à la profonde
stupidité du Système , et à ma
vieille duplicité contre-révolution-
naire qu’il faut attribuer des résul-
tats aussi satisfesans pour la Sainte-
Alliance.
Il m’eût fallu diablement de pé-
nétration pour deviner en Sa Ma-
jesté une pensée profonde ou non ;
tous ceux qui l’ont connue depuis
ont pu se convaincre de la vérité
de mes paroles j aussi suis-je loin
de réclamer un pareil mérite de
sorcier.
Aujourd’hui que la vieille Eu-
rope a eu le temps de reprendre
courage, aujourd’hui que l’Angle-
terre est séparée de nous par son
ministère tory, et que des difficul-
tés vont surgir, je n’ai rien de
mieux à faire que de sortir de la bar-
raque avant le moment de sa chû-