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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1835 (Nr. 217-251)

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Numéro 239 (4 Juin 1835) Planche 496-497
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https://doi.org/10.11588/diglit.26559#0136

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8* ANNÉE.

Numéro 2S9.«=*~-

RÉDACTION.

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco, à
Louis Desnoyers (Derville), rédacteur en chef, au bu-
reau de rédaction, rue .du Croissant, n° 16. — 11 sera rendu
compté dans la Caricature et le Charivari de tout ouvrage et
objet, d’art dont il aura,été déposé trois exemplairesau bu-
reau ci-dessus, rue du Croissant, n° 16. (Affranchir'.)

ADMINISTRATION ET DESSINS.

Tout ce qui a rapport aux dessins doit être adressé à M. Ch.
Philipon, directeur du journal, ainsi que les réclamations,
abonnte’mens et envois de fonds, au bureau de la Caricature.
galerie Véro-Dodat, maison Aubert. (Affranchir.)

CASTIOAT RiDENDO MORES.

4 «JM 1835.

conditions d'abonnement.

On souscrit à Paris, au bureau du journal, galerie Véro-Dodat,
maison Aubert; et dans les départemens, ainsi qu’à l’étran-
ger, chez tous les libraires et directeurs des postes. — Prix,
franco pour toute la France : pour un an, 52 fr.; pour six
mois, 26 fr.; pour trois mois, 13 fr. — On s’abonne pour l’Al-
magne, chez M. Alexandre, à Strasbourg.

NOTA.

Les Messageries Notre-Damc-des-Victoires et les Messageries Laf-
fitte et Gaillard reçoivent les abonnemens sans frais.

ANNONCES.

Un franc la ligne.

POLITIQUE, MORALE, LITTÉRAIRE ET SCÉNIQUE.

LETTRE ADRESSÉE A LA LÉGISLATURE PATAGONNE
PAR L’AMBASSADEUR PATAGON A PARIS,

Oïl SE TROUVE COMPARÉE L’INJUSTICE DE LA JUSTICE DES PEUPLES CIVILISÉS,
AVEC J A JUSTICE DE L’INJUSTICE DES PEUPLES BARBARES.

Très-hauts et très-gros législateurs", . .

Dans votre amour pour le progrès social et l'adoucissement des
mœurs patogonnes. désirant amender les formes expéditives de notre
code d’instruction criminelle, et tempérer les rigueurs de noire code
pénal, vous m’avez chargé de venir étudier la législation du peuple le
plus civilisé de l’Europe. Tous les livres français nous disent que c’est
ta France. Je me suis donc installé depuis un mois dans le pays de la ci-
vilisation par excellence. Voilà les fruits de mes premières observa-
tions.

Très-hauts et très -gros, vous vous rappelez que vous m’avez pres-
crit de faire porter d’abord mon examen sur le traitement qu’on fait
subir ici aux ennemis qu’on a vaincus et faits prisonniers. Le procédé
suivi chez nous est des plus simples. Un ennemi pris est notre chose :
011 le tue et on le mange. Il n’y a plus, pour le vainqueur, qu’une ques-
îl°u de sauce.

Ça ne se passe pas de la même façon chez le peuple français. Les
§cns d’ici nous traitent de barbares, et ils prétendent qu’on ne doit pas
manger ses prisonniers, mais les juger. Or, voici comment ils s’y pren-
nent. . : ; , i L

D’abord il faut vous dire que le peuple le plus civilisé est ett état
permanent de guerre civile. Il y a deux camps toujours aux prises. D’un
Cote les gouvernans , et de l’autre les gouvernés. Les gouvernans s’ar-
rogent pour être les plus forts : ils ont de bonnes troupes , de là
Poudre, du canon, des obus, de la mitraille et des pétards. Quand les
gouvernans sont bien armés, ils désarment leurs adversaires ; puis)
quand cela est fait, lès gouvernans s’ingénient de toutes manières pour
Vexer les gouvernés et les pousser à l’initiative. Si les gouvernés don-
Uent dans le piège, on les incendie, on les écrase, on en tue une bonne
Partie ; on fait le reste prisonnier, et alors, ce reste-là, on ne le mange

Pas> on le juge, parce que c’est beaucoup plus conforme à la civilisa-
tion.

Mais, avant de les juger, on les fourre treize mois dans de petites
cages, qu’on appelle cabanons. On les y laisse pourrir tout seuls, sans
que leurs père et mère, femmes, enfans ou amis puissent les y voir. On
appelle cela mettre les prisonniers au secret. Il faut que vous sachiez
qu’on famasse ces prisonniers à tous les coins du royaume, et qu’on
dit à ces braves gens qui, pour la plupart, ne se sont jamais vus les uns
lès autres : •< Vous vous entendiez tous ensemble contre nous.» On appelle
cela un grand complot ; puis on ajoute: «Nous vousjugerons tous ensem-
ble. «Gela s’appelle un procès-monstre ; puis, quand on leur a dit : «Vous
vous entendiez tous ensemble, et nous vous jugerons tous ensemble, »
on les prévient qu’ils ne pourront pas communiquer entr’eux pour se
défendre-ensemble. On appelle cela la liberté de la défense. Puis, si les
prisonniers comprennent qu’il est indispensable pour eux de se concer-
ter, font qnelques efforts pour se voir de cabanon à cabanon, et cas-
sent quelque mauvaise planche qui les sépare, on les menace de les
fusiller ; cela s’appelle de la police ou de l’ordre public.

Tes choses en étant là, on fait savoir aux habitans de ce pays civili-
sé que le grand procès va s’ouvrir, ou autrement dit, suivant l’ex-
pression de personnes très-bien élevées, que le bastringue va com-
mencer. Ici il arrive quelque chose de très-drôle. Il y a tant de prison-
niers et tant de juges qu’il ne se trouve pas de maison assez grande
pour contenir tout ce monde-là. Alors des architectes prennent la me-
sure du procès et construisent une-boîte immense faite à sa taille. Cet-
te boîte a plusieurs compartimens 5 d’un côté l’on place des individus
auxquels on donne le titre d’accusés, et de l’autre, d’autres individus
en nombre à peu-près égal auxquels on donne le titre déjugés. Figu-
rez-vous que ceux qu’on nomme juges sont les gouvernans eux-mê-
mes, ou les amis des gouvernans, c’est-à-dire les ennemis de ceux
qu on nomme les accusés.

Alors les juges, c’est-à-dire les gouvernans, disent aux accusés,
c’est-à-dire aux gouvernés, ou si vous voulez à leurs ennemis : «Vous
êtes coupables, car vous etes nos ennemis. » A quoi les accusés pour-
raient répondre : « Vous n’êtes pas moins coupables que nous, car si
nous sommes vos ennemis , vous êtes les nôtres. »

Mais les gouvernans étant actuellement les plus forts, ils disent
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