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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1835 (Nr. 217-251)

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Numéro 237 (21 Mai 1835) Planches 492,493
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https://doi.org/10.11588/diglit.26559#0125

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1891-LA CARICATURE .-1892

perdu leur latin , d’àutant mieux qu’ils ne l’ont jamais su. A l’heure où
nous écrivons ces lignes, cejourd’hui, mercredi, peut-être sont-ils ré-
duits à proclamer leur incompétence. Tant il est vrai que les nobles
caractères qu’ils voulaient dompter ne sont pas de ceux que peut plier
le bras caduc de semblables mazettes. Ce n’est pas en se servant de
vieux roseaux pour les frapper qu’on peut abattre de jeunes chênes.
Et allez donc !

N° 4ga-

Tous les journaux, et entr’autres notre amé frère le Charivari, ont
donné différentes vues de la baraque de jugerie du Luxembourg pri-
ses à l’intérieur et à l’extérieur. La Caricature s’est chargée de
compléter ce travail en publiant aujourd’hui une vue, dont le besoin
se faisait généralement sentir, c’est-à-dire une vue prise en sens in-
verse. Cette vue n’est pas, comme on pourrait se l’imaginer, que
charge inventée à plaisir, c’est la reproduction exacte de la partie pos-
térieure de la haute et noble cour : les deux célèbres tables dé nuit-
monstre dont l’existence a été résolue par tous les ciceroni du Luxem-
bourg. Voilà la loge mystérieuse aux rideaux verts conslammeut fermés
que la presse anarchique avait d’abord signalée comme le siège du
gouvernement et qu’eu réalité n’était qu’un siège percé à l’usage delà
pairie. Enfin voilà l’infirmerie où le pair Lobau, prince deTricanule,
distribue à ses nobles collègues les rafraîchissemens et les adoucisse-
mens que réclame leur position. En révélant ces mystères de garde-
robe, nous n’avons nullement prétendu porter atteinte à la considéra-
tion dont jouit à si juste titre la haute cour du Luxembourg; nous
avons seulement voulu démontrer que la pairie elle-même paie com-
me les simples mortels son tribut aux infirmités de l’humaine nature
Il est dommage que ce soit seulement sur leurs chaises percées que
les nobles jugeurs prouvent qu’ilsappartiennent à l’humanité.

Jeudi prochain, nous commencerons la série des portraits repré-
sentant les juges du procès d’avril.

N° 4g3.

Le sujet de cette planche est déjà un peu ancien, puisqu’il se ratta-
che à T adoption du glorieux traité des 25 millions des Américains.
Mais la Caricature a pensé avec raison qü’il n’est jamais trop tard pour
rendre hommage aux bons prr cipes et aux bonnes actions. Elle a vu
d’ailleurs qu’il était de son devoir de signaler l’occasion peut-être uni-
que où elle se soit trouvée d’accord avec jes hommes qui nous gouver-
nent. On se rappelle en effet que dans le cours de la longue discussion
soulevée par le traité américain, la philipaille s’est principalement ap-
puyée sur ce principe : Qui paie ses dettes, s'enrichit. Or, la Caricature
profondément convaincue que dans cette affaire la philipaille avait de
bonnes raisons pour parler ainsi, a vrulu consacrer avec son crayon
cette haute moralité. Le moment choisi par l’artiste est celui où le
principe qui paie ses dettes s'enrichit se vérifie, En d’autrestermes, c’est
moment du paiement. La contenance du président américain et celle
de son gros garçou de caisse, également américain, prouve combien
ils sont satisfaits d’emporter nos écus; et l’on peut voir, d’un autre coté,
à la physionomie et à l’attitude de la France quelle n’est pas moins sa-
tisfaite de les leur livrer. Il est vrai que la France était habituée jadis
à donner des piles d’une autre espèce à l’étranger, mais les hommes
de paix à tout prix qui la mènent, conjointement avec Dieu, ont sans
doute trouvé moyen de lui faire entendre raison. Quant à l’espèce
d’ustensile qu’on remarque au milieu de la scène, nous ne saurions
croire, malgré l’apparence, que ce soit un pot de vin. A. G.

OU SE TROUVE EXPLIQUÉ LE POURQUOI DU COMMENT.

« . César n’avait pas plus de facilité, plus de

présence d’esprit lorsqu’il dictait sept lettres à
la fois. » (Journal des Débals.)

Il y a déjà pas mal de temps que les esprits graves et réfléchis avaient
cru remarquer qu’il ne serait pas impossible que le système de la Pensée
immuable ne valût pas grand’chose. C’est étonnant comme certains
esprits sont doués de finesse et de pénétration !

Mais si l’on commence à être généralement d’accord sur l’effet, on
dispute encore beaucoup sur la cause. Le Constitutionnel continue de
prétendre que « ce sont les coupables conseillers du trône qui égarent
l’esprit éclairé de la royauté ;» et il supplie « la monarchie éclairée de ne
point se laisser égarer par son dangereux entourage. » Je ne crois
guère à cette version. Il est même fort probable que le Constitutionnel
n’y croit pas plus que moi. Si le patriarche continue de s’en servir,
c’est que, l’ayant fait stéréotypersous la restauration, il trouve bon de
l’employer par économie jusqu’à ce que les caractères en soient com-
plètement usés.

Les autres expliquent le cahin-caha du char de l’état par l’affaiblis-
sement physiqueetmoral de la monarchie, lequel ne lui permettrait plus
de distinguer une ornière d’une surface plane ; mats cette erreur est
encore plus grave que l’autre. Il est de fait que jamais la monarchie n’a-
vait encore été aussi grasse, aussi grosse, niaussi spirituelle. Si les choses
vont mal, c’est justement parce que la monarchie prend trop de soin pour
qu’elles aillent bien. Elles iraient infiniment mieux si elles n’allaient
pas du tout. Voici la chose.

L’une des habitudes les plus industrielles de la Pensée immuable,
habitude que, dans une simple particulière , responsable de ses
actes, j’appellerais fout bonnement une manie, un tic, un travers ;
hé bien! c’est de vouloir faire trente six choses à la fois. C’a été le
défaut de toutes les pensées de grands hommes : de César, deFrédé-
ric, de Napoléon, de Nabuchodonosor , qui toutes se sont multipliées
pour faire dire à la postérité: « Ohî oh! »

Il n’y a rien de flatteur comme de faire dire à la postérité : « Oh ! oh ! »

C’est ainsi que César dictait concuremment quatorze lettres, enche-
vêtrant les phrasés sans jamais les brouiller. Je n’ai pas lu ces lettres-
là, mais ce doit être quelque chose de bien cocasse!

C’est ainsi que, de son côté, Frédéric faisait quatre vers à la fois,
l’un français, l’autre latin, celui-ci grec, celui-là prussien.

C’est ainsi que Napoléon menait de front sept guerres et remportait
sept victoires sur sept champs de bataille le même jour.

Enfin, c’est ainsi que, s’il faut en croire M. de Ségur, Nabuchodo-
noser mangeait vingt-trois côtelettes d’une seule bouchée, le rustre
qu’il était ! C’est même, sil faut en croire M. de Ségur, l’une des prin-
cipales raisons qui le firent changer en bête. Je parle de Nabuchodo-
nosor. ; ii-Am r.ï p\~> '.or j col oyp Jnsmonpitooq Jio

Il n’est donc pas étonnant que la Pensée immuable de Louis-Phi-
lippe, qui est un grand homme, ait voulu se comporter, sous ce rap-
port, comme les co-grands hommes de ce co-grand homme. Or, la
pensée immuable ne fait pas manger à Louis-Philippe vingt-trois cô-
telettes d’uu seul coup, ce qui serait ruineux ; elle ne lui fait pas com-
mettre quatre vers à la fois, ce qui serait ennuyeux : c’est bien assez
de sa prose ! Elle ne lu; fait pas gagner sept batailles en un jour, ce qui
serait ennuyeux; mais elle a pris César pour modèle, ce qui est bien
plus facétieux. Ah ! si le roi le savait !

C’est donc à savoir qu’aux heures où la pensée immuable a coutume
de s’occuper de notre bonheur et du pot-au-feu des Tuileries, tous
les ministres, y compris M. de Montalivet, s’assemblent dans la salle
du conseil pour discuter avec elle, c’est-à-dire pour écrire sous sa
dictée le menu du jour, soit en ordonnances, soit en comestibles ; car,
pour économiser, même le temps, la Pensee immuable mène de front
son gouvernement et son fricot. C’est bien inutile de dire que cela se
passe toujours pendant l’une des absences du roi.

Tous les ministres s’assoient alors autour d’une grande table ronde,
et la pensée immuable se promène tout autour de ce tapis vert où
s’élaborent ses élucubrations, comme on voit un noble coursier borgne
circuler autour de la lourde meule qui fait jaillir de tous côtés l’hu lié
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