Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1835 (Nr. 217-251)

DOI Heft:
Numéro 246 (23 Juillet 1835) Planches 511,512
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.26559#0176

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
■LA CARICATURE.

■1964

■1965

nus politiques généralement quelconques. Le vulnéraire calme le sang,
et la clémence le purifie.

LeScha. — Ah! docteur , je ne_

Le docteur. —■ Paix donc ! Vous prendrez ensuite une dose d’éméti-
que, et vous adopterez un système vraiment national. L’émétique vous
fera évacuer vos mauvaises pensées, et le système vous délivrera de
vos mauvaises humeurs.

Le Scha. — Ah! docteur , je ne....

Le Docteur. —Paix donc! vous vous ferez ensuite une application
de sangsues, et vous chasserez vos paltoquets de ministres. Par ce
moyen , les paltoquets ne se gorgeront plus de la substance du peu-
ple, et les sangsues vous débarrasseront de l’excédant de la vôtre.

Le Scha. — Ah! docteur, je ne_

Le Docteur. — Paix donc ! Vous observerez un régime extrêmement
sévère pour vous, et extrêmement libéral pour les autres. Il résultera
de là que vous mangerez peut-être un peu moins, mais les autres man-
geront un peu plus: cela fera compensation.

Le Scha. — Ah! docteur, je ne...

Le Docteur. •—• Paix donc ! Vous vous abstiendrez ensuite de rien
faire, et vous ferez de grandes et belles choses. Ce repos vous rendra
des forces, et ce travail réparera votre popularité.

Le Scha. — Ah ! docteur, je ne...

Le Docteur. — Paix donc ! Vous vous couvrirez ensuite de cata-
plasmes des pieds jusqu’à la tête, inclusivement, et vous couvrirez le
royaume des effets de votre munificence. Le cataplasme est le bienfait
du corps particulier, et le bienfait est le cataplasme du corps social.

Le Scha. — Ah ! docteur, docteur, que diable me prescrivez-vous
là !... Vous ne parlez pas même de l’essentiel !... d’une garde! Il m’en
faut une cependant, pour me préserver d’une rechute.

Le Docteur. — Une garde?... c’est parbleu vrai!... J’oubliais que
c’est depuis long-temps votre rêve favori !... Allons, soit ! je vous ac-
corde une garde... une garde-malade.

Le Scha. — Mais, docteur...

Le Docteur. — Paix donc ! paix donc ! Vous m’avez demandé une
ordonnance, en voilà une en partie double. N’en faites jamais de plus
mauvaises, et vous ne serez pas si maladroit. Du reste, suivez-la de
point en point, et je réponds de votre santé, jusqu’à première maladie.

Le Scha. — Non, non, c’est impossible, docteur. Tout ce que je
puis faire, c’est d’en observer la moitié.

Le Docteur. — En ce cas, je ne puis vous garantir non plus qu’une
moitié de guérison. Adieu. Der.

jplciiidjm

Nos 5n et 5i2.

Emma, mon lutin noir, et vous, Liza, bel ange aux yeux bleus,
venez, enfans chéris, venez voir les images

Voici une petite Reinette d’Espagne, dont la couronne n’est encore
qu’un bourrelet, et le sceptre un sucre d’orge. Elle n’était pas sage,
elle pleurait, elle criait, elle avait peur de 1a. moindre chose. Croque-
rrdtaine est accouru. Il dit, le menteur, qu’il vient pour lui faire plai-
sir, mais n’en croyez rien: il vient pour son propre compte ; il serait
bien fâche que la petite Reinette se conduisît comme une grande fille,
qu’elle fut raisonnable et courageuse ; car, voyez-vous, il veut s’ins-
taller dans le pays de la Reinette, un pays magique, enchanteur, où
le soleil est toujours resplendissant et chaud comme le nôtre aujour-
d’hui ; où la terre tapissée de grandes plantes bien vertes, est encore
embellie par des rosaces de fleurs embaumées, ombragée d’arbres
magnifiques aux branches desquels pendent les raisins sucrés, les
oranges d’or et les grenades rouges et brillantes comme des rubis.
Vraiment si la petite Reinette ne renvoie pas tout de suite cet affreux
(,roquemitaine, elle s’en repentira, bien sûr !

A présent, voulez-vous que je vous dise un conte de fée ? Ecou-
lez, mes amours. Mais, diablotin d’Emma, ne sautillez donc pas sur
mes pieds ; tâchez de ne pas barbouiller de confitures votre joli nez
et vos grosses joues; et vous, petit ange triste, ne faites plus cette moue
qui plisse votre large front: le chagrin, pauvreenfant, t’a-t-il déjà touchée
de son doigt empoisonné ? Allons, soyez gentille, regardez votre vieil
ami et souriez. Je suis triste aussi, moi, et je ne puis conter quand
vous ne riez pas.

Il y avait une fois un ogre et une fée. L’ogre était gros, gras et très-
vilain; il était de plus très-méchant et très vorace, tellement vorace et

glouton, que des milliers de familles auraient vécu pendant des années
avec ce qu’il dévorait à lui seul dans un jour. Il affamait la contrée
par les droits qu’il prélevait surle vin, la viande, les fruits, et même le
sel du pauvre peuple.

La fée, au contraire, était belle, excellente, et chacun l’adorait. Elle
se nommait Liberté.

Le vilain ogre était noble (ou du moins il prétendait l’être) et se fai-
sait appeler : Système de Gouvernement. Gouvernement est le nom
de famille de ces espèces d’ogres qui l’ont rendu tellement déplaisant,
que, du mot gouvernement, l’on a fait garnement pour indiquer les en-
fans qui font sottises sur sottises et méritent toujours d’être punis; et
gourmand, pour ceux qui lèchent les confituresde leur tartine, comme
fait en ce moment mademoiselle Emma, le lutin.

Or, l’ogre, dont nous parlons, avait de grandes dents jaunes et de
grandes griffes noires... Je crois qu’il n’avait pas de cornes, mais, en
tout cas, il aurait bien mérité d’en avoir. Enfin, il était horrible à voir,
assommant à entendre, et personne ne pouvait le sentir, à l’exception
des gueuzards qu’il pitançait et du puissant monarque dont il abusait
l’âme candide et pure. Ah ! si le roi l’avaitsu!

La fée liberté, vous le pensez bien, mes belles petites, ne l’aimait
pas du tout, du tout, lui ne l’aimait pas davantage. Mais elle était la
reinedupays, et l’ogre, qui avait ses raisons pour la tromper, feignit de
l’aimer avec passion, il se fit raser, peigner, pommader ; il cacha ses
hideuses griffes dans une vieille paire de gants ; il fit le bon apôtre ,
embrassale premier venu, pleura comme un bœuf en bas âge et chanta
des romances à la liberté, en la saluant et en lui envoyant des baisers.
Quoiqu’il eût une grosse vilaine voix de crocheteur, la bonne fée l’é-
coutait, elle croyait que sa voix seule était fausse. Pauvre fée ! A force
de brailler, à force de gesticuler, il la magnétisa, c’est-à-dire qu’il l’en-
dormit. Alors, il la tua!!... Probablement qu’ensuite il la mangea, car
depuis lors on n’a pas su ce qu’elle était devenue.

L’ogre système se mit à régner à sa place, et Dieu sait comme il ré-
gna ! Mais ce qu’il y a de plus affreux, c’est que les courtisans de la
bonne fée, ceux qu’elle avait tirés de la poussière et du néant pour les
combler d’honneurs, ceux qui auraient dû défendre jusqu’à la mort les
droits de ses enfans; ceux-là furent les premiers à se faire les esclaves
de l’ogre et furent plus acharnés que lui après les fils de la malheureuse
fée. Ils aidèrent le Système à les poursuivre, à les traquer, à les es-
pionner,aies ruiner, à incendier leurs maisons, à les fusiller, à les canoq-
ner, à les faire pourrir dans les prisons, ou bien à faire semblant de
les juger pour les envoyer mourir au bagne en compagnie des faussai-
res et des assassins.

Vous comprenez, mes petits anges, que plus les enfans de la bonne
fée étaient persécutés, plus ils étaient furieux contre l’ogre système ,
et que plus ils étaient furieux, plus l’ogre devenait méchant. Tout le
monde prenait parti pour ces braves orphelins poursuivis avec tant
d’acharnement. Aussi l’ogre système arrêtait tout le monde, remplis-
sait ses prisons , et quand elles furent entièrement pleines, il en bâtit
de nouvelles , puis d’autres, et puis encore, encore, encore, tant et si
bien, qu’à la fin il manqua de geôliers pour garder, et de juges pour
condamner tous ces prétendus coupables. Savez-vous ce qu’il imagina?
Il dit à Ses soldats : « Quand vous rencontrerez mes ennemis, soyez leurs
juges vous-mêmes, et soyez leurs bourreaux. » Quelques-un obéirent à
ces ordres impitoyables ; ils égorgèrent des femmes, des vieillards et
des enfans; ils tuèrent les ennemis du Système, et ils les jeterent dans
l’eau. Le Système dit ensuite à ses dévoués: « Vous aussi, vous serez
des juges extraordinaires, vous jugerez les accusés sans les voir et sans
les entendre. » C’étaient bien, en effet, des juges fort extraordinaires !
Malgré cela, et quoiqu’il fût très-poltron (les méchans le sont toujours),
l’ogre aurait été obligé d’aller prendre les royaumes voisins pour
emprisonner celui du puissant roi lui-meme de qui la tolérance invo-
lontaire lui laissait commettre tous ces méfaits. Mais il survint alors mj
événement miraculeux.

Ecoutez, beaux anges!

Un jour, les fils de la Liberté, qui étaient naturellement en prison,
creusèrent un grand trou dans un souterrain et se sauvèrent, en faisant
la nique au vilain ogre de système.

Qui est-ce qui futbien attrapé? Ce fut la méchante bête de système.
Elle entra dans une fureur épouvantable, battit ses limiers, fit des pro-
cès à ses guichetiers et les mit à leur tour au cachot. Car, voyez-vous,
aux ogres il faut toujours de la chair fraîche dans leur garde-manger.
Les captifs s’évadent? hé bien ! le système enferme ses geôliers ! Ces nou-
veauxprisonniers, les mangea-t-il ? Je n’en sais rien, mais quant à ceux-
là, ça nous est bien égal, n’est-ce pas?

Les fils de la liberté se réfugièrent chez un bon peuple qui les reçut
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen