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B,{f: CHARIVARI.

si le pâtissier en donna-t-il une poignée au^jeune
homme en lui disant : « Vous n'aurez pas ma fille. »

Le lendemain Adolphe était parti pour Paris, et
l'année suivante,la pâtissière était mariée au succes-
seur de son père.

« Mais que me fait ce récit ? .C'est une page de ro-
man que vous me contez là.

— Pas du tout : devinez-vous quel était cet Adol-
phe?

— Non.

— C'est M. Thiers, »

Ainsi, si par hasard le pâtissier n'avait pas trouvé
Adolphe Thiers un parti troP PR" avantageux pour
sa fille, Adolphe Thiers serait aujourd'hui pâtissier
à Tarascon, au lieu d'avoir été le président du |ler
mars et d'être le chef du centre gauche... Il n'a fait
que changer de brioches.

PRENEZ MON OURS.

Vous est-il jamais arrivé de
causer avec un honorable du
Palais-Bourbon au sujet des dé-
sagrémens de toutes sortes,inhé
rens au Système? J'offre de
parier que le dialogue se sera
►établi à peu près de la façon
suivante :

« Il faut convenir que la si-
tuation est particulièrement
'_\l\\*m\f triste, humiliante et même mo-
notone, etque nous pataugeons
dans le plus triste des pétrins
politiques. — Parbleu ! la cause
de tout cela n'est pas difficile à
trouver, c'est que la France ne lit pas en entier les
discours de ses députés.

— Notré patrie, qu'on appelait jadis belle par ex-
cellence, n'est plus maintenant qu'une grosse don-
don d'épicière, s'occupant d'intérêts mélasse.—Pre-
nez nos discours.

— La prospérité toujours croissante n'a qu'un dé-
barcadère, l'hôpital; les faillites tournent, de plus en
plus aux sermens-Pasquier, c'est-à-dire qu'elles dé-
tiennent innombrables..— Prenez nos discours.

— Le peuple français, obligé de payer des brio-
ches à Pritchard manque souvent de pain. — Prenez
nos discours.

— Il fait terriblement froid, et nous voudrions
bien sortir enfin de ce sempiternel hiver. — Prenez
nos discours. »

Vous vous plaindriez d'inconvéniens avec votre
épouse, de rhumes de cerveau, de cors au pied, que
■votre interlocuteur honorable vous répondrait enco-
re : « Prenez nos discours. »

C'est une monomanie : suivant les Diafoirus du
Palais-Bourbon, le discours parlementaire est une
emplâtre infaillible, universelle. Emplâtre, je ne dis
pas.

Voyez : toutes les fois qu'il est question, à la
ehamhre, d'une mesure relative à la presse, on n'a
pas d'autre préoccupation là-bas que de légisférer de
telle sorte que les journaux soient condamnés aux
discours forces à perpétuité.

C'est ce qui est arrivé encore ces jours-ci au sujet
de la proposition Chapuys-Montlaville, si singulière-
ment tripotée par la commission]; le but avoué de
tous ces amendemens, de toutes les combinaisons
était d'introduire par contrainte les compte-rendus
intégraux. (C'est leur mot.)

L'analyse plus ou moins écourtée est, à leur avis,
la véritable plaie de l'époque. Tout le mal vient de ce
qu'on ne nous donne pas assez de Liadières, de Ful-
chirons, de Gobichards, de Trousselavache ou de tout
autre Cicéron de l'endroit. '

Pour eux le journal est un corbillon. Qu'y met-
on? Leur éloquence? — Merci 1

Les uns voulaient forcer les journaux à s'agran-
dir démesurément, dans l'espoir que, ne sachant
que mettre dans leur vaste estomac périodique, ils
avaleraient les tartines parlementaires jusqu'à la lie,
je veux dire jusqu'à la péroraison. Excusez, ne se-
rait-ce pas bien restaurant ?

Les autres, plus justes, il faut le reconnaître, pro-
posaient d'affranchir de tout droit fiscal la reproduc-
tion des discours honorables, de telle sorte qu'on les
aurait eus pour rien. A la bonne heure, c'est le prix.

D'autre part, l'exemption du timbre était d'au-
tant plus équitable, en pareille matière, que la plu-
part des harangues dont il s'agit sont déjà suffisam-
ment timbrées.

Vraiment, Cet acharnement à vouloir imposer ses
excogitations au public, ce sans-gêne égoïste de lé-
gislateurs qui, chargés de faire les affaires du pays,
ne songent uniquement qu'à faire leurs affaires ora-
toires; cette naïveté d'amour-propre trouvant que
rien n'est plus mirifique, plus salutaire, plus agréa-
ble que son éloquence, et le proclamant soi-même à
tout propos,; tout cela, dis-je, devient à la fin par
trop burlesque.

On dit que c'est de l'esprit de corps ; possible.
Mais cet esprit est fort bête.

Les Démosthènes ratés du Palais-Bourbon de-
vraient se dire une fois pour toutes que les jour-
naux, dans quelque état de législation et de format
que ce soit, ne se résigneraient jamais à absorber
les produits intégraux de leur faconde. Ce serait se
condamner, eux et leurs lecteurs, au pire des sui-
cides, au suicide par indigestion.

Les discours Fulchironiens ne sauraient pas mô-
me prétendre à remplacer les serpens de mer, les
veaux à huit pattes, les porcs mélomanes, etc.,
etc., car le malheureux abonné s'écrierait certaine-
ment : « Qu'on me ramène aux canards. »

Le retrait de la proposition Montlaville nous a-t-il
enfin délivrés de la menace du compte-rendu inté-
gral ? Il est impossible que la presse et le public
vivent tranquilles avec cette éloquence de Darho-
clès incessamment suspendue sur leur tête.

11 résulte du débat, à la chambre des députés
sur la proposition Chapuis-Montlaville, que la pressé
paie au fisc trois ou quatre millions. En retour, on
ne lui donne pas de la liberté pour deux sous.

*\ Les amendemens à la proposition-Montlaville
avaient pour but avoué de contraindre les journaux
à insérer en entier le compte-rendu des harangues
parlementaires. Embrassons-nous, lecteurs, nous
l'avons échappé laide.

Théâtre de l'Odéon.

Walstein, tragédie en cinq actes, par M. Th. Vil-
lenave.

Nous disons cinq actes quoiqu'il y en ait six, car
l'auteur, qui a imité plutôt qne traduit le drame de
Schiller, nous a donné pour surcroît, le Camp de
Wahtein, prologue d'un sel allemand qui n'est pas
précisément du sel attique. Ce n'est pas la faute de
M. Villenave, qui a fait œuvre louable en voulant
nous transmettre un tableau de mœurs, hétérogènes
et d'une autre époque.

Walstein est, on le sait, un des chefs-d'œuvre du
poète tragique de l'Allemagne. L'ambition du con-
quérant conspirateur, étouffée par une conspiration,
est la donnée principale 4e ce grand dran^
émotions abondent. Des longueurs dam,
premiers actes, rachetées par des inspirations heu-
reuses et par de très beaux vers, ont valu à cet ou-
vrage un honorable succès, qui a justifié les prédic-
tions d'une partie de la presse,

Le Chevalier de Pomponne, comédie en trois ac«s,
en vers, par M. Mary Lafon.

Voici enfin une bonne et franche comédie, ai ton
vif et quelque peu égrillard, ce qui ne gâte 'ien,
saupoudrée d'esprit de bon aloi, et pleine de 'ette
distinction qui est une qualité de jour en jour )]us
rare. Les personnages y sont fort peu musqués,<ien
que poudres, et le sentiment, qui ne descend pes à
la sensiblerie, n'y fait nullement tort à la bonne gfité
qui broche sur le tout.

Le chevalier de Pomponne, de M. Mary La'on,
est un charmant mauvais sujet, aussi pauvre de été
que riche de cœur, qui laisse traîner sa vie à la r
morque d'une coquette jusqu'au jour où il s'aperçt
qu'on lui préfère non la personne, mais la bour
d'un épais financier. Mais, dès que ses yeux sont de
sillés, adieu les duels et les folles escapades! Le dan
né bretteur qui naguère répondait à ceux qui lui d,
mandaient compte de sa dernière affaire : « Ce n'e
rien, c'est un Anglais de moins », rentre son ép
dans le fourreau et jure de ne plus la tirer que coi
tre les ennemis de la France. Puis, pour s'amend
complètement, il épouse la compagne de sonenfam
qui, pour le suivre et veiller sur lui, n'a pas reçu
devant la honte de la domesticité.

L'allure de cette charmante comédie est, d'un boi
à l'autre, pleine de netteté, de causticité et de ror
deur. Le rôle principal, celui du chevalier de Pon
ponne, est tracé avec beaucoup d'habileté et de f
nesse. Jourdain, qui en a saisi et rendu parfaitemei
la partie sentimentale, ne nous a point paru au?
heureux dans les scènes comiques. Cependant il
été constamment goûté par des juges moins sévoi
que nous.

{(ai suite à la ¥ page.)
 
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